Le traité de l’ONU visant à lutter contre la pollution plastique constitue un grand pas en avant afin de réduire les millions de tonnes de plastique qui polluent l’environnement. Alors que les gouvernements élaborent les détails, nous enjoignons les entreprises consommatrices à trouver de vraies solutions pour surmonter l’un des plus grands défis de notre planète.

Par Alexander Laing, Analyst & Portfolio manager, Matthew Jennings, Investment director, Harriet Wildgoose, Sustainable investing Analyst, Patrick Graham, Senior writer, Charlotte Apps, Sustainable investing associate

 

Alexander Laing

Qu’il s’agisse de tubes de dentifrices rechargeables ou de bouteilles en plastique recyclé, les grandes entreprises mondiales telles que Colgate, Nestlé et Unilever commencent à développer des produits et des solutions dont le monde a besoin pour un avenir sans déchets plastiques. Le problème est juste que cela ne va pas assez vite.

Le goût des consommateurs ayant connu une croissance exponentielle depuis les années 1980, la simple quantité des déchets que nous produisons est devenue l’un de nos principaux problèmes. Chaque année, l’économie mondiale absorbe près de 400 millions de tonnes de nouveau plastique(1) et en recrache au moins la moitié pour ne plus jamais la réutiliser. Le plastique est bon marché, léger et a souvent une moindre intensité de carbone que le verre et offre donc d’énormes avantages pour les fabricants, mais moins de 9% du matériau sont finalement recyclés. Les conséquences pour l’environnement qui en résultent sont considérables. On estime qu’environ un camion poubelle est déversé chaque minute dans les océans, ce qui a des conséquences catastrophiques pour la faune marine.

Matthew Jennings

Dans le cadre de nos efforts à grande échelle pour préserver la biodiversité et mettre en place une économie circulaire, Fidelity a discuté avec neuf grands fabricants de biens de consommation qui utilisent quotidiennement eux-mêmes des milliers de tonnes de plastique de ses plans visant à réduire la pollution plastique. Ces entretiens permettent à nos analystes de se forger une opinion sur les entreprises, mais ils sont également utilisés pour accélérer les changements dont nous pensons qu’ils auront un effet positif sur l’évaluation des entreprises et le monde. Les objectifs pour l’engagement sont sélectionnés sur la base de la quantité d’emballages en plastique qui sont dispersés dans l’environnement.

2022.06.22.Neuf grands fabricants de biens de consommation
Source: Break Free from Plastic audit, Fidelity International, 2022

Harriet Wildgoose

Eu égard à l’ampleur de la tâche et aux investissements requis pour un véritable changement, les entretiens montrent que les entreprises sont nombreuses à avoir des difficultés pour atteindre ne serait-ce que quelques-uns des objectifs qu’elles se sont elles-mêmes fixés. Mais ils montrent aussi que les entreprises de Nestlé à Coca-Cola en passant par Unilever font des progrès. L’encouragement de l’acceptation d’objectifs et le respect desdits objectifs par les entreprises seront une préoccupation majeure pour Fidelity, afin d’atteindre des résultats durables dans les prochaines années et la diminution de la consommation de plastique sera également une contribution importante à l’atteinte des objectifs de neutralité de ces entreprises. Nestlé indique par exemple que tous les emballages représentent 12% de son empreinte carbone.

Tous à bord de l’EMF

Patrick Graham

La plupart des entreprises avec lesquelles nous avons parlé sont signataires du Global Commitment on Plastics de la détentrice du record du tour du monde à la voile Ellen MacArthur, dont nous recommandons les objectifs et la méthodologie visant à mesurer les progrès sur le chemin d’une économie circulaire.

La fondation d’Ellen MacArthur, l’EMF, a été créé il y a plus d’une décennie, lorsque les entreprises ont commencé à chercher des solutions plus durables. Elle a réussi là où d’autres groupes d’intérêts ont échoué en persuadant de grandes entreprises de se fixer des objectifs et d’annoncer les vrais chiffres de la consommation de plastique: son rapport de progression pour 2021 montre que la consommation de nouveau plastique a effectivement baissé pour la deuxième année de suite. D’énormes progrès sont cependant encore nécessaires.

Nous suggérons cinq exemples importants de meilleures pratiques dans l’ensemble de la branche.

Premièrement, les entreprises doivent synchroniser leurs définitions du recyclage, la définition de l’EMF «en pratique et à grande échelle» étant la plus répandue. Les entreprises rendent souvent compte d’emballages qui sont recyclables en théorie mais non dans la pratique.

Deuxièmement, les objectifs de réduction des plastiques sont certes importants et la diminution quelle qu’elle soit devrait figurer en tête de la hiérarchie des déchets, mais la meilleure pratique consiste à fixer des objectifs pour la réduction globale et non pour les nouveaux plastiques.

Troisièmement, les entreprises devraient suivre des stratégies de réutilisation crédibles, même si elles n’agissent que peu actuellement au niveau de la branche.

Quatrièmement, nous encourageons les entreprises à suivre une approche scientifique pour atténuer les conséquences indésirables.

Et pour finir, nous encourageons une collaboration sectorielle et l’échange des pratiques éprouvées, puisque la pollution plastique est un problème mondial.

Tout embouteillé

Charlotte Apps

Cela fait déjà longtemps que Coca-Cola, de loin la plus grande entreprise de rafraichissements au monde et le plus grand consommateur de plastique, a externalisé l’embouteillage à un réseau de prestataires régionaux. Leurs performances en termes de durabilité divergent, mais Coca s’est engagée à rendre toutes les bouteilles en plastique recyclables, compostables ou réutilisables d’ici 2025 et la plupart de ses embouteilleurs ont déjà pratiquement atteint ces objectifs.

Même si les emballages en plastique utilisés par Coca sont recyclables, seule une fraction d’entre eux est effectivement recyclée. L’entreprise a donc besoin de nouvelles approches pour réduire à long terme les effets du plastique qu’elle utilise.

Coca est optimiste quant à l’augmentation des emballages rechargeables et réutilisables qui résultent de la pandémie et a engagé un vrai changement de politique concernant les systèmes de consigne officiels (DRS) pour les bouteilles en plastique qui créent des incitations en faveur du recyclage et visent à le financer. Cela reflète la préoccupation générale dans la branche quant au rythme de l’évolution de l’infrastructure et des prescriptions légales requis pour soutenir le recyclage en masse. Actuellement, les États-Unis comptent par exemple un système DRS dans seulement dix États et l’introduction d’un tel système au niveau national accélérerait vraiment le changement.

Des objectifs agressifs sont nécessaires

Toutes les entreprises avec lesquelles nous avons discuté visent une certaine réduction de la consommation de nouveau plastique, mais Unilever est la seule grande entreprise de produits de grande consommation (FMCG) à s’être fixé un objectif global pour la diminution de la consommation de plastique, c.-à-d. aussi bien pour le plastique nouvellement fabriqué que recyclé.

Cela devrait servir de meilleure pratique dans la branche. Le développement du recyclage mécanique où le plastique est réduit en granulés et transformé en nouvelles bouteilles représente un pas positif dans la bonne direction. Il en va de même des systèmes qui permettent un recyclage chimique complexe, pour autant qu’ils soient éprouvés. À long terme, seule la quantité globale du plastique utilisé doit baisser.

2022.06.22.Chart 1 Per cent of packaging that is recyclable
Source: Ellen Macarthur Foundation, company reports

L’objectif d’Unilever pour 2025 consiste à réduire de 100 000 tonnes la consommation de 700 000 tonnes en 2020, y compris une réduction de 50% des nouveaux plastiques. Les chiffres ne sont certes pas directement comparables, mais d’autres entreprises avec lesquelles nous collaborons visent seulement une diminution de 5 à 33%.

Enjeux en termes d’approvisionnement

Même ces objectifs de réduction soulèvent cependant des questions quant à la chaîne logistique du plastique recyclé utilisé en remplacement.

L’approvisionnement en rPET de grande qualité, la version recyclée du plastique, qui est par exemple utilisé dans les bouteilles de soda, est qualifié de défi par de nombreux acteurs. L’industrie de la mode achète du PCR (plastique Post-Consumer-Recycling) de qualité alimentaire alors qu’elle n’a nullement besoin d’un matériau à usage alimentaire, ce qui augmente le prix de ce plastique. Après utilisation, les articles de mode ne sont généralement pas recyclés, de sorte que du plastique potentiellement recyclable est retiré de l’économie circulaire. Notre équipe d’analyses évoque cette question dans ses entretiens avec les sociétés de mode.

Dans tous les cas, les entreprises auront besoin de partenaires de recyclage nettement plus importants pour être en mesure de tenir leurs promesses. En définissant leurs objectifs, les entreprises avec lesquelles nous avons parlé stimulent le marché afin de créer les capacités correspondantes. CCH, l’un des principaux embouteilleurs de Coca, transfère déjà une partie importante du processus de recyclage dans sa propre entreprise et on relève sur le marché global des signes d’une rapide extension de l’offre. Les gouvernements jouent un rôle important à cet égard lorsqu’il s’agit de prescrire la consigne et le recyclage. Leurs progrès n’ont cependant pas été rapides, ce qui s’explique en partie par les problèmes liés à la pandémie de ces deux dernières années.

Plus de technique requise

Les progrès réalisés par différentes solutions techniques et chimiques sont également d’une importance capitale. Ce n’est que l’année dernière que Colgate a commercialisé le premier tube de dentifrice recyclable, supprimant ainsi la feuille d’aluminium qui compliquait jusqu’à présent le retraitement des tubes. Il est important que l’entreprise ait partagé cette innovation avec ses concurrents, une mesure que nous saluons et que d’autres devraient suivre.

Mondelez, le fabricant des gâteaux Oreo, accuse en revanche un retard sur la concurrence, car il utilise des emballages souples et fins qui ne sont pas encore recyclables, contrairement aux bouteilles de coca ou aux coupes de glace. C’est un long chemin: à l’heure actuelle, seuls 5 des 17 types de plastiques utilisés dans les emballages peuvent être recyclés à grande échelle. Les progrès dépendent des innovations technologiques et éventuellement aussi de changements importants concernant le lieu ou la manière dont les produits sont vendus et utilisés.

2022.06.22.Chart 2 Still unrecyclable
Source: EMF, Wood MacKenzie, Fidelity International, May 2022

Bien qu’il n’ait pas signé les engagements de la Fondation Ellen MacArthur, Procter&Gamble, le plus grand groupe mondial de biens de grande consommation, affiche une approche étudiée lors de la fixation et de la mise en œuvre d’objectifs concernant l’aptitude des emballages à intégrer l’économie circulaire.

L’entreprise développe quelques-unes des solutions technologiques les plus prometteuses, p. ex. le recyclage chimique et le filigrane numérique sur les emballages et travaille conjointement avec le fabricant de matériaux Eastman sur son recyclage «moléculaire». La plupart des technologies de recyclage chimiques n’ont certes pas encore été expérimentées, mais elles ont le potentiel pour recycler des produits qui ne peuvent pas encore être recyclés aujourd’hui et de créer des cycles fermés sans fin, ce qui est impossible avec le recyclage mécanique.

Des mois de lobbying

Une analyse récente de carottes de glace a révélé pour la première fois des traces de minuscules nanoplastiques dans les deux régions polaires(2). Leur parent légèrement plus grand, le microplastique, est désormais omniprésent dans nos aliments et dans l’eau et les dommages qu’il occasionnera à terme à la santé humaine sont encore incertains. Les océans sont pollués par jusqu’à 200 millions de tonnes de plastique et les décharges par plusieurs autres milliards de tonnes. Au rythme actuel, l’humanité consommera plus de plastique au cours des dix prochaines années qu’au cours de la totalité du XXe siècle.

En mars, près de 200 pays se sont mis d’accord pour négocier un traité mondial des Nations Unies couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques et visant la création d’une économie circulaire. Ce fut le résultat de mois de lobbying d’une alliance mondiale d’entreprises, parmi lesquelles Fidelity International, contre la résistance acharnée des producteurs de pétrole et de produits chimiques. Les détails du traité qui seront négociés au cours des deux prochaines années doivent soutenir les progrès tant au niveau politique qu’au niveau des entreprises.

Afin de stopper les énormes dommages que les plastiques occasionnent à la diversité des espèces et à la nature, il faut cependant investir dans des solutions évolutives capables d’accomplir pour la crise climatique ce que le modèle T a autrefois réalisé pour la construction automobile. De grandes entreprises telles que Procter&Gamble ou Coca-Cola doivent fournir une grande partie des technologies, investissements et changements nécessaires, mais les gouvernements, les investisseurs et les consommateurs doivent sans cesse les inciter à apporter leur contribution pour que le recyclage fonctionne.

(1) Statistiques du plastique du programme des Nations Unies pour l’environnement, du Forum économique mondial, de l’OCDE et de la Fondation Ellen MacArthur

(2) Étude de l’université d’Utrecht, 2022

 


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