Les trois moteurs des marchés

Les trois moteurs des marchés

L’épidémie ralentit. L’expansion budgétaire et monétaire est massive et simultanée sur tous les continents. Les marchés ont fortement rebondi, mais la campagne électorale américaine se durcit et rien n’est acquis.

Zoom de Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Depuis les plus bas du 18 mars dernier, les marchés actions ont repris plus de 35%. Le Nasdaq a battu son record historique durant la séance du 5 juin à 9838 points. Dans le même temps, le FMI prévoit une récession mondiale historique en 2020 avec une contraction de 3% du PIB–chiffre qui pourrait être encore revu à la hausse courant juin – et la BCE anticipe même désormais dans son scénario central une chute de 8,7% de l’activité du Vieux Continent cette année, sans que la reprise prévue en 2021 ne soit suffisante pour compenser ce recul historique.

Alors faut-il, tel Alan Greenspan en 1996, parler d’exubérance irrationnelle? Ce serait céder à la facilité. Les investisseurs répondent en réalité à trois moteurs puissants et simultanés en faveur des actions.

Le premier est le ralentissement rapide de l’épidémie en dehors de l’Amérique du Sud. En Chine, le virus a quasiment disparu; en Europe, le nombre de malades hospitalisés est en chute rapide et le déconfinement semble maitrisé à ce stade; la situation est plus diverse aux États-Unis en raison des approches très hétérogènes des gouverneurs mais, là aussi, le recul est net depuis quelques semaines. Pour ces trois zones économiques majeures, le pic parait bel et bien derrière nous.

L’expansion budgétaire est le deuxième moteur qui stimule les marchés. La Chine a fait sauter la limite de 2,8% de déficit public en engageant des mesures de soutien à hauteur de 3,5% du PIB du pays. Outre-Atlantique, Donald Trump a fondé une bonne partie de son action économique depuis son investiture sur les baisses d’impôts. La crise du Covid-19 a accéléré encore cette tendance puisqu’avec un nouveau possible plan de soutien en préparation au Sénat, on pourrait atteindre 24% de déficit budgétaire en 2020, au plus haut depuis 1943.

La grande nouveauté est que ce stimulus budgétaire est désormais pratiqué à haute dose en Europe, et au premier chef par l’Allemagne dont l’ensemble des mesures de soutien–subventions, prêts directs et garanties–s’élèvent à plus de 1200 milliards d’euros soit près d’un tiers du PIB! Au total, une telle expansion fiscale mondiale est sans équivalent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Les effets de ces mesures budgétaires sont renforcés par le troisième moteur de l’optimisme des marchés, les injections massives de liquidités par les banques centrales. Là aussi, pour la première fois de l’histoire, l’expansion monétaire est simultanée sur tous les continents et se matérialise par un quasi doublement du bilan des grandes banques centrales en trois mois. En Europe seule, le programme «pandémie» de la BCE, le PEPP, se monte à 1350 milliards d’euros, soit 18% de plus que les 1140 milliards d’euros du premier programme «non conventionnel» annoncé en janvier 2015 par Mario Draghi. A cette époque, les injections de la Fed étaient terminées depuis octobre 2014. Rien à voir donc avec les grandes manœuvres mondiales d’aujourd’hui.

La hausse des marchés ne s’est donc pas faite «dans le vide». Elle correspond aux efforts considérables réalisés par les autorités pour répondre au défi de la pandémie. Même les tweets rageurs de Trump aux prises avec une campagne électorale plus difficile qu’anticipé, n’ont pas réussi pour l’instant à assombrir l’atmosphère.

Mais le climat se tend aux Etats-Unis à mesure que les sondages confirment l’avance de Joe Biden. La tactique du bouc-émissaire–«ennemi intérieur» ou adversaire stratégique chinois aujourd’hui, rival commercial européen demain -est de plus en plus tentante pour un Président américain qui avait tout misé sur la force de l’économie avant l’irruption du Covid.

Même si l’escalade n’est de l’intérêt de personne, les marchés gardent un œil sur l’imprévisible Donald.

 


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