Les grands indices actions ont clôturé en baisse, plus ou moins marquée, une semaine en dents de scie. Une lecture trop rapide de l’actualité peut amener à se fourvoyer sur les causes de ces mouvements.

Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier

En Europe, la semaine a été marquée par la publication de nouvelles prévisions de croissance de la Commission européenne, qui a nettement revu à la baisse ses anticipations, en particulier pour 2019. Bruxelles table sur une croissance du PIB 2019 de 1,3% pour la zone euro et de 1,5% pour l’Union européenne, contre respectivement 1,9 et 2,0% précédemment. Les révisions les plus fortes concernent l’Italie (+0,2 contre +1,2%) entrée techniquement en récession, et l’Allemagne (+1,1 contre +1,8%) qui pourrait connaitre la même déconvenue lors de la publication de sa croissance du 4e trimestre 2018, le 14 février prochain. En comparaison, la France limite les dégâts (1,3 contre 1,6%).

Un sacré coup de rabot donc, mais qui ne fait qu’entériner un ralentissement déjà acté par les analystes, en partie intégré dans les prix par les marchés, et face auquel la Banque centrale européenne a déjà assoupli sa position. Comme à l’accoutumée, les grandes institutions politiques arrivent en queue de peloton dans la révision des prévisions économiques. Une simple confirmation donc, qui n’explique que partiellement les récents mouvements de marchés.

Au-delà du Vieux Continent, les négociations sino-américaines ont de nouveau été au centre des préoccupations, avec des messages contradictoires. En début de semaine, l’optimisme était de mise et d’aucuns espéraient que Donald Trump donne des indices à l’occasion de son discours sur l’état de l’Union mercredi dernier. Mais le Président américain n’y a guère fait allusion. Le lendemain, le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, laissait de plus entendre que les négociations ne progressaient guère, et la chaîne CNBC indiquait qu’une rencontre entre M. Trump et Xi Jinping était «hautement improbable» avant le 1er mars, fin de la trêve conclue au G20. Des éléments qui certes n’ont guère été du goût des investisseurs, mais qui, là encore, n’expliquent pas tout.

Au-delà des données macroéconomiques et des aléas géopolitiques, ce sont également les résultats d’entreprises qui n’ont pas été suffisamment bons pour constituer un catalyseur pour les marchés. Les avertissements sur résultats et, surtout, les abaissements d’objectifs ont été nombreux. Aux Etats-Unis, alors que les publications du 4e trimestre 2018 sont globalement en ligne avec les attentes, les anticipations de bénéfices par action pour les trois prochains trimestres ont été revues en baisse au cours du mois dernier. En Europe, les résultats du 4e trimestre sont jusqu’ici en demi-teinte : seules 47% des entreprises ont battu les anticipations du consensus, un ratio au plus bas depuis fin 2014.

Peu à peu, le marché affiche moins de complaisance et les déceptions sur les résultats commencent à être sanctionnées. Plus généralement, alors que le rallye de janvier, en partie technique, a servi à corriger les excès de sous-valorisation issus de la baisse de décembre, les investisseurs semblent à présent ne plus percevoir de catalyseurs susceptibles de justifier une poursuite de la hausse, le caractère accommodant des banques centrales ne venant que contrebalancer les doutes sur la croissance mondiale. Il reste néanmoins des potentiels intéressants au sein de nombreux segments. A condition d’accepter, probablement, un surcroît de volatilité.