La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Les annonces de Donald Trump sur la mise en place de droits de douane sur l’acier et l’aluminium ont pesé récemment sur le climat des marchés. Les limogeages au sommet de l’Etat américain, qui favorisent une ligne politique plus protectionniste, n’ont rien arrangé.

Si l’on comprend aisément l’objectif de limitation du déficit commercial, que la relance budgétaire devrait aggraver, ce sont les moyens employés, remettant en cause les règles internationales établies (commerce et marchés des changes), qui inquiètent. Leur efficacité est d’ailleurs douteuse, les études des instituts publics soulignant les effets négatifs du protectionnisme.

Les US créeraient ici une pression haussière sur les prix des métaux, à un moment où ils s’apprêtent à en augmenter la demande, notamment par un programme d’infrastructures. Le gain pour les producteurs – un secteur peu créateur d’emploi – serait perdu au niveau des activités en aval (automobile, équipement électrique…) et des consommateurs. Si elle n’obtient pas d’exemption, l’économie européenne pourrait subir une baisse de ses exportations aux US de l’ordre de 1% de sa production, un montant certes significatif mais adouci par un contexte général de hausse de la demande.

Même si Donald Trump est par le passé déjà revenu sur plusieurs de ses menaces (sur les changes, par exemple), le risque d’une escalade est réel et, au-delà, d’un bouleversement du cadre des échanges commerciaux. Le caractère imprévisible du président et l’inconnue sur ses intentions réelles complique l’analyse de la situation. On peut imaginer, au regard de la taille du déficit des échanges et de certaines pratiques (notamment sur la propriété intellectuelle), que c’est la Chine qui est en ligne de mire.

En cas d’escalade, l’OMC serait en risque. En effet, si cette institution, après une plainte d’un membre, devait condamner les US pour une décision motivée par la sécurité nationale (un argument évidemment absurde puisqu’il vise ici des alliés), il y a des chances de les voir s’en retirer ou simplement en bloquer le fonctionnement (ils peuvent empêcher la nomination des arbitres). Dans cette hypothèse – une ère commerciale nouvelle – l’Europe dispose déjà de traités couvrant la moitié de ses échanges extérieurs. La Chine pourrait être couverte par l’OMC réduite et les relations avec les US reviendraient à un régime pré-GATT, basé sur la réciprocité et les rapports de force.

Cette perspective n’est bien sûr pas positive mais il faut la replacer dans un contexte général déjà marqué par le recul de la globalisation depuis la Grande Crise (à l’inverse des années 2000, la croissance des échanges a été inférieure à celle de l’économie mondiale), avec des opinions publiques qui poussent à une relocalisation des activités, au détriment des échanges.

Italie : l’incertitude grandit

L’hypothèse d’un gouvernement des extrêmes, que nous pensions impossible, fait l’objet de discussions, certainement favorisées par l’intention du P Dem de rester dans l’opposition. Rappelons que de fortes divergences séparent ces partis: la base électorale de M5S provient plutôt de la gauche et des classes populaires du Sud, celle de la Liga, de l’extrême droite et des entrepreneurs du Nord. La mesure phare de M5S, le revenu universel, est une hérésie idéologique pour la Liga. Cette alliance pourrait donc avoir un coût politique pour ses deux membres. En revanche, ils pourraient s’entendre pour un gouvernement technique permettant de voter un budget et de revoir, à nouveau, la loi électorale.