L’année 2016 a été marquée par une volatilité considérable pour les valeurs biotechnologiques. Après plusieurs années de surperformance, le début 2016 a été marqué par une correction brutale au sein de l’indice Nasdaq Biotech Index (NBI), aggravant le dérapage provoqué par le tweet d’Hillary Clinton au sujet des « prix abusifs » pratiqués par certaines sociétés. Cette déclaration a suscité des craintes quant au risque que les Démocrates portent foncièrement préjudice au secteur biopharmaceutique via une réglementation des prix.

Dr. Marmor a rejoint Sectoral Asset Management en 2006. Depuis 2016, Dr. Marmor est responsable de la stratégie d’investissement dans les valeurs de biotechnologie.

La volatilité a persisté tout au long de 2016 en raison du Brexit et de l’accent mis sur la tarification des médicaments au cours de la campagne présidentielle des Démocrates aux États-Unis. L’élection de Donald Trump s’est traduite par un rebond des valeurs de biotechnologie, car l’impact législatif sur la tarification des médicaments sera très certainement moindre. Même si cette réaction initiale s’est dissipée, le contexte reste selon nous favorable aux biotechs. Nous devrions assister à une reprise des transactions reposant sur les fondamentaux, ces derniers demeurant solides. Compte tenu des valorisations attractives, des perspectives de croissance robustes alimentées par l’innovation et du contexte réglementaire favorable, le secteur biotech est bien placé pour générer des performances solides à l’avenir.

Depuis les niveaux optimistes contestables de la mi-2015, les cours des biotechs sont retombés à des niveaux plutôt abordables. Au 31 décembre, l’indice MSCI World Biotech se négociait au ratio cours/bénéfices prévisionnel de 14x, inférieur à ceux des indices MSCI Pharma et MSCI World (à 15x et 16x, respectivement), malgré les taux de croissance nettement supérieurs des biotechs (croissance à long terme de 15 %, contre 8 % et 11 % respectivement). Les grandes capitalisations ont continué à respecter les objectifs, et les bénéfices se sont avérés en majorité conformes aux attentes. Certes, les activités arrivées à maturité chez les géants du secteur, notamment les traitements de Gilead contre l’hépatite C et de Biogen contre la sclérose en plaques, ont pesé sur les PER et éclipsé le profil de croissance robuste de nombreuses entreprises plus petites (ex : Biomarin, Genmab et Incyte). L’opportunité plus vaste représentée par les biotechs, illustrée par un ratio prévisionnel cours/chiffre d’affaires de 5.2x, est proche du point bas de 4x-5x observé ces dernières années. Ces valorisations présentent un contraste avec la forte productivité de la R&D, où les médicaments innovants continuent de faire la différence auprès des patients et au sein du système de santé.

 

Les organismes de réglementation continuent de soutenir l’innovation

L’année 2016 a connu des avancées considérables en matière d’oncologie et de maladies orphelines. La thérapie génique atteint son plein développement, comme le montrent les avantages cliniques d’Avexis dans l’amyotrophie spinale, une maladie neuromusculaire rare et grave. Tesaro a fait état de résultats impressionnants avec son inhibiteur de PARP dans le cadre du cancer des ovaires, et les cellules CAR-T sont en passe d’obtenir une autorisation, Kite ayant communiqué des données cruciales concernant le lymphome à cellules B. Nous avons également assisté à des échecs retentissants; rappelons que la mise au point de médicaments est une activité à haut risque. En 2016, on dénombre 22 autorisations de mise sur le marché, soit un chiffre inférieur aux deux années précédentes, en partie du fait des aléas du calendrier : plusieurs médicaments pour lesquels la décision devait être rendue en 2016 ont obtenu le feu vert fin 2015, alors que d’autres ont fait l’objet d’un report en 2017. Fait important, le rythme des dépôts de dossiers reste soutenu et les organismes de réglementation continuent de soutenir l’innovation, avec de nombreux programmes en place de part et d’autre de l’Atlantique afin d’accélérer les autorisations de mise sur le marché. Les fusions et acquisitions vont demeurer un moteur important, dans la mesure où les grands laboratoires biopharmaceutiques aux capitaux abondants multiplient les projets en cours de développement avec de nouveaux médicaments innovants issus de petites et moyennes sociétés de biotechnologie.

 

Etats-Unis : Moins de régulation, impôts plus bas et une accélération des fusions-acquisitions

Nos perspectives 2017 pour les biotechs sont positives, grâce aux fondamentaux, aux valorisations attractives et aux effets favorables de la victoire des Républicains, comme indiqué précédemment. La tarification des médicaments restera au cœur des préoccupations, quoique de manière moins aiguë qu’avec un gouvernement démocrate. Indépendamment de la politique de Washington, le contexte de remboursement des soins de santé a intégré une dynamique des prix du marché, et les produits d’imitation ou ceux présentant une différenciation limitée ont fait l’objet d’une pression tarifaire importante. En revanche, les sociétés biotech qui mettent au point des médicaments extrêmement innovants qui changent la vie sont sans doute les moins sensibles à la pression tarifaire. Même si les orientations spécifiques restent à définir, il semble probable que les mécanismes de marché appliqués à la gestion des dépenses de santé vont se développer, tandis que d’autres systèmes de surveillance bureaucratiques pourraient être supprimés, comme en témoigne l’abandon récent du plan de réforme des remboursements du programme Medicare (Partie B). Parmi les autres conséquences de l’élection américaine entrant en ligne de compte, citons la baisse des taxes et l’accélération potentielle des fusions-acquisitions si les grands laboratoires biopharmaceutiques sont en mesure de rapatrier leurs réserves de liquidités situées hors des États-Unis. Globalement, les sociétés de biotechnologie les mieux placées sont celles qui entament un nouveau cycle de produits, caractérisées par des catalyseurs à valeur ajoutée et des traitements validés cliniquement qui répondent à de forts besoins médicaux non satisfaits et saisissent d’importantes opportunités commerciales.