Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Ça tourne au vinaigre

L’échec de Theresa May est cinglant. Alors qu’elle avait provoqué des élections anticipées pour accroitre sa majorité parlementaire, dans la perspective des négociations avec l’UE, elle perd la majorité absolue et sa crédibilité personnelle se retrouve singulièrement diminuée. La baisse de la livre qui a suivi les résultats montre que les marchés ont réévalué la possibilité d’un échec des discussions, qui conduirait à la version la plus dure du Brexit.

D’abord, même si les conservateurs restent la première force politique et que le Labour n’est pas en position de former une coalition majoritaire, il s’ouvre une période d’incertitude politique qui va ralentir le démarrage des discussions, dont le calendrier est déjà très serré.Theresa May n’est plus assurée aujourd’hui de conserver le mandat de son parti. Ensuite, le premier ministre conservateur sera soumis à l’influence des députés extrémistes, qui préfèreront un échec plutôt qu’un accord trop conciliant. L’incertitude politique va bien sûr se traduire sur le plan économique, et peser sur les choix de relocalisation de certaines entreprises très liées au marché communautaire.

 

Trump aussi en difficulté

Dans un style juridique très maitrisé, l’ex-patron du FBI a tout fait pour suggérer que le président a tenté d’entraver le cours d’une enquête visant son ancien conseiller. La nouvelle était assez attendue et n’a pas créé de turbulences particulières sur les marchés. Pour l’heure, il reste improbable que les députés républicains enclenchent une procédure de destitution, d’autant que la base électorale semble peu concernée. Ce ne serait que si le procureur spécial nommé pour poursuivre l’enquête russe faisait mention de délits commis par M. Trump que les républicains ne pourraient plus faire l’économie d’un impeachment. Il demeure toutefois qu’avec cette épée de Damoclès, la capacité du président à faire avancer ses projets fiscaux, règlementaires et d’investissement en infrastructures est affectée.

 

La BCE évolue au ralenti

La séquence de communication de la BCE montre que la normalisation de la politique monétaire n’est pas pour demain. La réduction du volume mensuel des achats avait été significative en décembre mais, depuis, les évolutions sont à la marge. Cette semaine, la BCE a éliminé l’asymétrie dans sa guidance, en considérant que le risque de déflation avait disparu. Pour autant, elle ne s’avance pas sur le délai auquel la dynamique de l’inflation aura retrouvé un état satisfaisant. Il est donc aujourd’hui difficile d’estimer la date à laquelle le tapering reprendra et quand les achats cesseront. Les effets du soutien de la BCE se feront donc encore sentir longtemps sur les marchés souverains et corporate.

 

Toujours pas de loi électorale en Italie

Alors qu’un consensus semblait être acquis pour la réforme de la loi électorale italienne (une proportionnelle avec un seuil à 5%), tout a capoté cette semaine, en raison semble-t-il de l’attitude des députés MS5. La possibilité de tenir des élections anticipées s’éloigne donc, car le président avait fixé comme condition que les règles électorales soient les mêmes dans les deux chambres, laissant perdurer la situation actuelle jusqu’en 2018. Cela est évidemment à déplorer car de nombreux chantiers sont en suspens, comme celui de la remise à flots du secteur bancaire.

 

Source : Ellipsis AM, Bloomberg