Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Fébrilité estivale

Repli des indices boursiers, écartement des spreads de crédit, augmentation de la volatilité implicite, baisse des taux des emprunts d’état et appréciation des valeurs refuges telles que l’or et le franc suisse. En ce début du mois d’août les marchés financiers jouent à la perfection la partition du rebond d’aversion pour le risque. En cause, l’escalade des tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, le Président Trump n’hésitant pas à entrer dans la surenchère de menaces avec les officiels de Pyongyang.

Les marchés actent donc ce regain du risque géopolitique et les conséquences sur la valorisation de nombreux actifs semblent exacerbées par la baisse saisonnière de la volumétrie et de la liquidité lors de la période estivale. Si la dynamique récente est assez claire, il apparait toutefois assez difficile de considérer que le risque nord-coréen est totalement incorporé dans les valorisations. A titre d’exemple, les spreads de crédit de l’indice iTraxx Xover, souvent utilisés comme une mesure de l’aversion pour le risque, ne se sont écartés que de 20bps par rapport à leur point bas observé depuis le début de l’année. Une partie de la consolidation s’explique par ailleurs par les craintes liées à la modération des dernières publications économiques et au renchérissement de l’euro.

Depuis plusieurs décennies, la complaisance vis-àvis du risque géopolitique nord-coréen a été le meilleur positionnement à prendre de la part des investisseurs. Ainsi, les marchés semblent de plus en plus confiants avec la vision selon laquelle ce type de tensions va invariablement aboutir à des discussions diplomatiques permettant de «désamorcer la bombe». Ce type de situation apparait alors pour de nombreux investisseurs comme un point d’entrée, ce qui explique la relative résilience de la valorisation des actifs. Cet effet est par ailleurs amplifié par l’abondance de liquidité offerte par les principales banques centrales ainsi que par la faiblesse des rendements qui en résulte.

 

L’OPEP ne trouve toujours pas la bonne formule

Le cartel des pays producteurs de pétrole ne parvient toujours pas à limiter la production comme en atteste le dernier rapport de l’organisation faisant état d’un troisième mois consécutif d’augmentation de l’offre de pétrole. Ce sont principalement la Lybie et le Nigéria qui contribuent à cet accroissement de la production, ces deux pays étant exemptés pour l’instant de participer aux baisses de production en raison des problèmes géopolitiques qui troublaient leur industrie pétrolière. Plus étonnant, l’Arabie Saoudite a également augmenté sa production alors même que le dernier accord stipulait un effort plus important de la part de Riyad.

En dépit d’une conjoncture économique davantage porteuse depuis le début de l’année qui devrait permettre une révision à la hausse des prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole, les cours de l’or noir peinent à significativement progresser et sont encore plus de 10% en-dessous du point haut du début d’année. Le non respect des quotas de production est évidement un des facteurs explicatifs. A cela, il faut rajouter la reprise de la production de pétrole de schiste nord-américain qui bénéficie d’un cycle de production plus court ainsi que d’une amélioration significative de la productivité ayant permis de réduire les coûts et donc d’abaisser le seuil de rentabilité.

 

Sources : Bloomberg, Ellipsis AM