Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Faut-il croire les sondages ?

La question ne se pose pas qu’en politique. On observe en effet aujourd’hui une contradiction entre les indicateurs économiques résultant de données réelles (hard data) avec ceux calculés en sondant le sentiment des agents économiques (soft data). Le contraste est particulièrement net aux US, où le PIB s’annonce juste aux alentours de 1% au T1 et où les ventes d’automobiles et les nouveaux prêts sont en baisse, tandis que les indicateurs avancés indiquent une activité très soutenue. Les premiers chiffres suggèrent donc une rechute vers la stagnation tandis que, pour les seconds, la vitesse de libération est quasiment atteinte, rendant superflu le soutien public. Quelle approche faut-il privilégier ?

  • Les indicateurs avancés peuvent être soumis à des biais cognitifs. Ici, on peut soupçonner que l’élection de D. Trump a suscité une euphorie chez les consommateurs et les petites entreprises, qui se serait communiquée aux enquêtes plus larges.
  • Mais, puisque l’activité économique est le fait d’agents humains, un sentiment positif, même fondé sur des éléments erronés se matérialise par un supplément de croissance (effet auto-réalisateur).
  • De plus, l’analyse économétrique montre que ce sont les données d’enquêtes qui causent (au sens statistique du terme) les données réelles et tout modèle qui s’en priverait serait moins efficace.
  • En outre, les données réelles doivent être désaisonnalisées, ce qui est moins le cas pour les sondages sur le sentiment des agents. Cette opération créée souvent des biais (voir le T1 aux US).
  • L’extension globale de l’embellie sur les indicateurs de sentiments est également de nature à écarter l’idée d’un aveuglement centré sur les US.

Cette brève énumération semble faire pencher la balance plutôt du coté des enquêtes et nous conduit à maintenir une vision constructive à la fois sur le cycle économique et sur les actifs risqués.

 

Soulagement après le sommet sino-américain

Si aucun accord spécifique n’est ressorti du sommet entre Trump et Xi, la tonalité générale du communiqué est d’un grand soulagement après l’agressivité des propos du candidat d’hier, la négociation ayant en effet fait place aux promesses de confrontation. Une période de 100 jours a été ouverte pour aboutir à des accords en matière d’échanges commerciaux et d’investissement. Compte tenu du volume d’échange et des écarts de développement des deux pays, des compromis mutuellement bénéfiques existent. On notera également que les nombreux sujets de tensions géopolitiques ne semblent pas avoir pollué la relation à ce stade.

 

Avancée positive pour la Grèce

L’accord intervenu la semaine dernière avec les créditeurs sur les mesures fiscales et de réformes des retraites pourrait faire finalement revenir le FMI à la table des négociations, un retour que les Allemands attendent avec impatience. Mais l’institution internationale reste ferme sur sa demande de restructuration de dette et exige un engagement ferme des Européens. La pression est donc aujourd’hui sur l’Allemagne à l’approche des échéances de juillet, pour qu’elle adoucisse sa position sur les aménagements de dette, possibles sans réduction du notionnel.