Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Round d’observation

Comme depuis de nombreuses années désormais, les banquiers centraux jouent un rôle prépondérant sur la dynamique des marchés financiers. Avec un exercice délicat de normalisation des politiques monétaires – selon les zones, en cours ou à l’approche – chaque prise de parole, chaque communiqué, chaque comité revêt un enjeu majeur. Ceci d’autant plus que les marchés gardent en tête le traumatisme de l’épisode du «taper tantrum», caractérisé par un rebond de plus de 100bps du rendement de la dette US 10Y en moins de deux mois.

De toute évidence, les banquiers centraux semblent avoir tiré les leçons de cet exercice et scrutent avec attention la réaction des marchés à chacune de leurs interventions. Suite au vent de panique sur les taux européens provoqué par des propos de M. Draghi considérés comme un peu trop optimistes concernant l’inflation, de nombreux membres du conseil des gouverneurs y sont allés de leur petite phrase pour préciser le positionnement de la BCE. Plus récemment, la BoJ a brandi l’arme d’une troisième opération d’achat de titres d’Etat en illimité. De quoi ramener les rendements de ces titres à un niveau plus proche de l’objectif de 0% fixé en septembre dernier.

Aux US, après la publication de chiffres de créations d’emploi particulièrement robustes, J. Yellen a profité de son audition semestrielle devant le Congrès pour arrondir les angles: la présidente de la Fed a notamment rappelé que la réduction du bilan de la banque centrale devrait commencer cette année, mais que cette opération se ferait de manière passive et très graduelle. Elle a également précisé que les taux directeurs se trouvent actuellement à un niveau relativement proche du taux de croissance potentielle de l’économie, ce qui sous-entend que l’ampleur de la hausse des taux à venir devrait être relativement modeste. De plus, la Fed considère que la dynamique de la croissance américaine est solide grâce à une consommation des ménages régulière et à une accélération récente de l’investissement productif des entreprises, ce qui justifierait la normalisation graduelle des conditions monétaires. Enfin, J. Yellen maintient son opinion selon laquelle la récente faiblesse de l’inflation n’est expliquée que par des facteurs temporaires.

Ces deux derniers points nous semblent primordiaux pour notre allocation d’actifs. Le raccourci entre normalisation des politiques monétaires et correction des actifs risqués nous parait particulièrement réducteur. Il faut en effet tenir compte dans notre réflexion du rythme de l’inflexion ainsi que de l’impulsion donnée à l’économie réelle par les mesures accommodantes des banquiers centraux. A cet égard, la reprise synchronisée de la croissance à travers le monde apparait comme un élément rassurant. La dynamique de l’inflation, tout particulièrement aux US, est un des éléments à monitorer dans les prochains mois. Les marchés de taux américains ne semblent pas adhérer à la vision de la Fed et tablent plutôt sur un scénario d’inflation durablement modérée. Une soudaine accélération de l’évolution des salaires pourrait alors inciter la Fed à accélérer son resserrement monétaire, ce qui devrait peser sur le marché des taux d’intérêt et entrainer un nouveau regain de nervosité.

 

Source : Ellipsis AM, Bloomberg