Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

En arrière, toute

Malgré la faiblesse de l’inflation cette année et les perturbations économiques causées par les ouragans, la Fed, inflexible, a maintenu ses plans de resserrement. Les dot-plots pointent très majoritairement vers une hausse en décembre, puis trois en 2018 et la réduction du bilan va débuter dès le mois prochain. Ce FOMC effectue donc un petit tour de vis supplémentaire, visible par exemple sur les marchés des futures. La probabilité implicite de la hausse de décembre est ainsi passée de 25% au début du mois à plus de 60% à l’issue de la réunion. Pour 2018 la divergence reste nette mais l’aléa sur le changement de gouvernance vient s’ajouter à l’incertitude monétaire.

Lors de la conférence de presse, Janet Yellen a reconnu que les publications récentes de l’inflation étaient déconcertantes mais s’est dite persuadée que le niveau de l’emploi et de l’utilisation des capacités allaient corriger cette anomalie. Elle a également tenu à éviter toute réaction excessive en précisant qu’elle se tenait prête à stabiliser à nouveau le bilan si les conditions monétaires l’imposaient. Ce type de remarque (dont on imagine l’origine dans le taper tantrum) contribue à la très faible aversion au risque du marché, le banquier central étant perçu comme un garant de dernier ressort.

Dans le détail, le plan de réduction du bilan prévoit de cesser graduellement les réinvestissements des flux de capitaux du portefeuille. Chaque mois, seul leur excès au-delà d’un plafond sera réinvesti. Le montant du plafond est initialement fixé à 10Mds (6 pour les titres d’Etat et 4 pour les mortgages) et croitra tous les trois mois pour atteindre 50Mds un an plus tard (le rythme de croissance avait atteint 85Mds/a au plus haut du QE3).

La relative fermeté de la Fed a eu initialement un effet positif sur le dollar et sur les taux longs mais il s’en faut encore beaucoup pour que le contexte puisse être vu comme réellement restrictif. Les taux réels restent nuls à 10 ans et les conditions financières sont à des niveaux très élevés. Avec une reprise économique synchronisée, la configuration reste toujours favorable pour les actifs risqués.

 

L’euro fait de la résistance

En dépit des déclarations de Mario Draghi, de la fermeté du dernier FOMC et de l’écart record de taux réels entre la zone euro et les US, la parité eurodollar se maintient à ses plus haut récents. Le décalage de cycle en cours ressemble à la situation qui prévalait en 2005, avec un resserrement américain qui avait démarré plusieurs années plus tôt. Le resserrement européen avait alors conduit l’euro à des sommets. De quoi faire hésiter Mario Draghi avant les annonces d’octobre.

 

Bientôt un concurrent de l’Eonia

La BCE a annoncé la création courant 2018 d’un nouveau benchmark pour les taux monétaires à un jour. De très nombreux produits financiers dépendent de la référence overnight (financements à taux variable, contrats de swaps, …), et, par conséquent, elle influence également la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle. L’EONIA, qui est calculé par un organisme privé, repose sur des contributions volontaires de banques et le scandale du Libor a montré les conflits d’intérêts possibles et donc les limites d’un tel système. La BCE pourra, elle, se prévaloir de son statut de superviseur bancaire pour obtenir toute l’information nécessaire pour représenter fidèlement la réalité du marché monétaire.