Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Le pétrole fait tache

La faiblesse des prix du pétrole, qui a retrouvé des niveaux de début 2016, s’intègre mal dans la vision aujourd’hui très consensuelle d’une économie mondiale en reflation. Le recul récent de l’inflation aux US, tant réalisée qu’implicite, a suscité les mêmes interrogations. On pouvait raisonnablement espérer que la reprise synchronisée de la croissance et les résultats politiques de l’OPEP pour limiter la production aient rééquilibré les anticipations.

Mais plusieurs éléments techniques ont pesé sur le marché: la reprise de la production de pétrole de schiste aux US (grâce à une réduction drastique des coûts de production) ainsi qu’en Lybie, au Nigéria et en Iran. Il apparait en outre que le niveau très élevé des prix dans la décennie 2005-2015 (130$/b en moyenne) a engendré un excédent de capacité de production dont la résorption sera longue et devant lequel les efforts de l’OPEP et de la Russie apparaissent insuffisants. Mais l’anticipation de la demande joue également dans l’équation. La baisse observée suggère que la reprise de la croissance mondiale ne sera peut-être pas aussi durable qu’attendu.

La corrélation observée entre les évolutions du pétrole, d’une part et les taux longs et les swaps d’inflation à départ différé, d’autre part, montre que cette hypothèse est bien considérée par le marché. Heureusement, si elle est un symptôme de ralentissement, la baisse du pétrole est aussi un remède, car elle transfère de la richesse des producteurs vers les consommateurs, ce qui soutient la demande. Sur ce tableau, d’ailleurs, la zone euro est largement bénéficiaire. Ce raisonnement ne tient toutefois que si la baisse n’a pas de conséquences négatives sur la stabilité financière et la confiance, comme cela avait été le cas début 2016. Nous en sommes très loin.

 

Macron a les mains libres

Après la large victoire aux législatives de LRM, qui dispose d’une majorité absolue sans même les voix du Modem, la voie est libre pour engager les réformes promises par le candidat. Le marché de l’emploi, qui constitue certainement un handicap majeur de l’économie française, devrait donc être rapidement réformé. Le gouvernement devra cependant faire face à des impacts initiaux défavorables, car il est probable que la hausse des licenciements prime d’abord sur celle des embauches. De même, les engagements européens du président imposeront une dose d’austérité qui pèsera sur la croissance. Heureusement, le contexte pour engager ces réformes est favorable, avec une embellie de l’activité et une hausse de la confiance.

 

Conséquences de la réduction du bilan de la Fed

Selon les prédictions optimistes de Janet Yellen, la réduction du bilan de la Fed devrait se dérouler «tranquillement en arrière plan». Mais les volumes envisagés incitent à plus de prudence. A plein régime, le montant représente 600Mds, c’est-à-dire l’équivalent d’un doublement du déficit budgétaire. Si l’opération se déroule dans un contexte d’activité soutenue, avec une relance budgétaire et des agents privés qui s’endettent à nouveau, l’opération pourrait bien provoquer une hausse importante des taux, afin d’équilibrer le marché de la dette. Il est donc rationnel pour la Fed d’aller assez vite sur ce sujet, pour profiter de la faible demande de crédit actuelle. Le risque, en agissant trop tôt, est de ralentir un peu l’activité en évitant en revanche une situation
potentiellement explosive si elle attend trop.

Source : Ellipsis AM, Bloomberg