Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Europe: les actions boudent la macro

Au regard des facteurs positifs dont bénéficie la zone euro, on pouvait espérer une meilleure performance pour les actions depuis le début de l’année. En effet, on assiste à la combinaison:

  • d’un renforcement de la croissance confirmé, au fil des statistiques,
  • d’une politique monétaire pour le moment expansionniste, et ce jusqu’à l’année prochaine;
  • d’une diminution importante des risques politiques, avec notamment les élection françaises, autrichiennes et hollandaises;
  • d’une valorisation qui reste nettement plus raisonnable en zone euro qu’aux US.

Les évolutions de l’euro expliquent en partie ce phénomène. D’une part, en comparaison internationale, et donc en dollar, la performance des actions européennes apparaît plus flatteuse (elle surperforme largement celle des actions américaines). D’autre part, cette hausse pèse sur les perspectives des entreprises exportatrices. Mais on observe que la correction subie par cette thématique est probablement excessive. La confirmation de la solidité de la reprise – avec encore cette semaine la publication d’indicateurs avancés en hausse (PMI, INSEE) – ainsi que le retour récent à des révisions positives des profits devraient favoriser une revalorisation des marchés actions en zone euro.

Autre élément de fond en faveur des actions européennes, elles devraient bénéficier encore d’un mouvement de rotation, les prix des dettes souveraines et dans une moindre mesure des dettes corporate étant manifestement surévalués et leur perspectives à moyen terme étant limitées.

 

Le marché va-t-il encore contredire la Fed ?

Les probabilités issues des marchés de futures n’accordent que 30% de chance à une hausse des taux de la Fed en décembre, probablement en raison des dernières publications décevantes de l’inflation. Au regard du niveau des conditions financières, il nous semble que la Fed pourrait parfaitement ignorer les niveaux récents de l’inflation, comme elle l’a d’ailleurs laissé entendre dans les dernières minutes publiées. En effet, la croissance se maintient au-delà du potentiel et le risque d’une remontée tardive des taux augmente donc. Avec des conditions financières encore favorables, la Fed pourrait réduire ces risques en évitant de peser trop brutalement sur la croissance.

 

Les émergents en situation favorable

Alors que les banques centrales américaine et européenne sont dans une phase d’inversion de leur accommodation monétaire (clairement engagée aux US, en perspective en Europe), celles des grands pays émergents peuvent se permettre plus de souplesse, à l’image de celle d‘Indonésie, qui a baissé ses taux cette semaine. Plusieurs facteurs sont favorables:

  • une modération de la croissance et de l’inflation,
  • la faiblesse du dollar et des taux US (qui survient à l’inverse de ce que l’on pourrait attendre dans une période de resserrement de la Fed),
  • la réduction des déficits courants des pays fragiles.

Le gros de la baisse que l’on peut espérer viendrait d’ailleurs de ces derniers, dont les taux sont encore élevés : Inde, Indonésie, Brésil, Russie, Turquie et Afrique du Sud. Cette configuration soutient les marchés actions des émergents, qui ont connu une année de forte expansion (près de +20% en devise locale) mais également les marchés de dette souveraine en devise locale, qui surperforment nettement cette année leurs homologues en dollar.