Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Toujours l’incertitude politique

La situation se complique pour Theresa May, qui disposait il y a encore quelques semaines d’une confortable avance dans les sondages, avance qui l’avait d’ailleurs décidée à tenir des élections anticipées. Les anglais, semble-t-il toujours enclins à contrarier les anticipations, pourraient en fait réduire la majorité actuelle des tories à l’assemblée, voire même – cas improbable toutefois – porter le Labour au pouvoir.

L’enjeu sur le Brexit n’est pas négligeable, car une large majorité aurait laissé beaucoup plus de liberté à Mme May pour négocier un accès commercial le plus large possible. Avec une courte majorité, en revanche, les députés conservateurs les plus radicaux pourront imposer leur point de vue. En outre, le revirement récent de Mme May sur des questions de financement des dépenses de santé a entamé sa crédibilité en tant que négociatrice. Ces éléments pèsent donc sur les perspectives économiques au UK, où les taux 10 ans sont repassés brièvement sous les 1%, niveau atteint l’été dernier à la suite du référendum mais éclipsé ensuite avec la forte remontée des indicateurs avancés.

 

Les feux sont au vert pour le Portugal

Le Portugal engrange une série croissante de performances économiques, dont la dernière a été une croissance trimestrielle de 1% au T1, bien audelà de la moyenne de la zone euro et même audessus de son voisin ibérique. Après avoir été sévèrement touché par la crise en 2011 et 2012, la reprise était restée fragile jusqu’à la mi 2016.

L’accélération actuelle pourrait amener la croissance pour 2017 au-delà de 2%, le niveau le plus élevé depuis 2000. Il est à noter que les importations jouent un rôle moteur, la demande intérieure souffrant encore des mesures d’ajustement. Le gouvernement, bien qu’affichant une opposition à l’austérité, a réussi à réduire le déficit au niveau le plus bas depuis 40 ans. Les marchés obligataires ont accueilli cette amélioration de la situation avec euphorie, le taux à 10 ans ayant baissé de 4,2% à 2,9% ces deux dernières semaines pour n’être plus qu’à 70bp du taux italien. Ils semblent anticiper que le pays retrouvera bientôt une notation Investment Grade, comme le demande le gouvernement avec insistance. Pour sa part, l’UE a déjà indiqué que les finances publiques du pays étaient désormais en conformité avec les règles de la zone euro. Les derniers mauvais élèves sont la Grèce, l’Espagne et … la France.

 

Les banques américaines plongent avec Trump

Agissant comme un indicateur de la crédibilité du président américain, l’indice représentatif des banques dans le S&P a sous-performé de 13% l’indice large depuis un plus haut atteint au T1. Le secteur avait auparavant bénéficié d’un contexte exceptionnel, avec des anticipations de hausse des taux puis les promesses de baisses des impôts et de dérégulation du Président américain. Or celui-ci a accumulé des déconvenues et doit batailler contre un procureur indépendant, de sorte que la probabilité de le voir aboutir cette année sur la réforme fiscale parait bien mince. Les précédents montrent qu’un soutien bipartisan et un fort leadership présidentiel sont indispensables sur un sujet aussi complexe. Sur la dérégulation, la fenêtre offerte par la voie d’abrogation rapide des lois Obama (CRA) est désormais fermée.

 

Source : Ellipsis AM, Bloomberg