Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Le changement dans la continuité

Le remplacement de Janet Yellen est sur les rails, avec l’annonce par la maison blanche du favori : Jerome Powell. Après avoir milité pendant sa campagne contre la politique complaisante de Janet Yellen, Donald Trump devrait donc finalement choisir la continuité, Mr Powell ne s’étant jamais positionné, lors des années qu’il a passées à la Fed, en opposition avec Mme Yellen. Il a soutenu, à l’instar de celle-ci, que la faiblesse de la croissance potentielle limitait de facto le niveau optimal des taux monétaires et justifiait le gradualisme. Sous réserve de la confirmation du Sénat, cette nomination serait, parmi les différentes options évoquées dans le marché, la plus appréciée des milieux d’affaires. Car, en plus de son pragmatisme sur le plan monétaire, il a défendu la baisse de la pression règlementaire pesant sur les banques. Sans surprise, cette annonce a eu un impact initial dovish sur les marchés (taux longs, dollar et actifs risqués), impact qui s’est rapidement estompé car elle n’apporte finalement aucun changement tangible au contexte. Celui-ci reste encore, avec des indicateurs avancés de l’économie qui caracolent au plus haut et des conditions monétaires très accommodantes, largement favorable aux actifs risqués.

Par ailleurs, le FOMC qui a eu lieu cette semaine n’a pas été l’occasion d’annonces significatives (c’est souvent le cas pour les réunions sans conférences de presse). La comparaison du compte-rendu avec celui de septembre montre une progression de la confiance de la Fed dans l’économie, ce qui conforte la hausse de décembre, et une attention portée à la dynamique des prix, qui reste faible, même au-delà des effets des ouragans.

 

Les perspectives du UK s’assombrissent

Alors qu’une large majorité des économies mondiales est en accélération, la croissance au Royaume-Uni ralentit depuis 2015 et le consensus anticipe une poursuite de ce mouvement l’année prochaine. La consommation des ménages a éte pénalisée par le choc sur les revenus entrainé par la baisse de la livre. Même si la baisse du taux d’épargne a quelque peu amorti le mouvement, il est peu probable que celui-ci puisse jouer encore ce rôle dans les trimestres à venir. La faible hausse des salaires, la baisse de l’immobilier et la hausse des taux monétaires – même si la BoE a promis une suite limitée et graduelle – ne jouent pas non plus en faveur de la consommation. La performance à l’export du UK a été très décevante dans le contexte de baisse de la livre, en raison de la part croissante des services et des produits importés dans le mix des exports britanniques. Le risque d’un hard Brexit pèse sur les décisions d’investissement des entreprises. A cet égard, il est possible que le ralentissement favorise une approche pragmatique dans les négociations pouvant conduire rapidement à une phase transitoire de libre échange avec l’UE.

 

Des actions trop chères ?

L’ajustement des prix des actions suscité par l’accélération de la conjoncture, pose la question de sa répartition entre croissance bénéficiaire anticipée et valorisation, car le second facteur est plus volatil. Notre mesure préférée de la valorisation montre qu’aux Etats-Unis, celle-ci se situe au plus haut des 10 dernières années, tandis qu’en zone euro, elle reste à des niveaux plus modérés, atteints assez régulièrement dans le même historique. Au regard du retard de cycle de l’Europe par rapport aux US, on pourrait s’attendre à ce que les capitaux soient attirés par les zones les plus éloignées de leur point de retournement cyclique, c’est-à-dire ici plutôt vers l’Europe. Nous maintenons donc notre préférence pour les actifs risqués, particulièrement les actions, et notre sous-exposition au risque de taux.