Revue hebdomadaire des principaux facteurs influençant les marchés financiers.

Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM

Inflation : retard à l’allumage en zone euro

La remontée de l’inflation jusqu’à l’objectif de 2% de la BCE atteint en février a été interrompue par le retrait de l’indice flash pour mars à 1,5%. Si une baisse était bien attendue – Mario Draghi l’avait d’ailleurs évoquée dans ses commentaires sur la situation monétaire – son ampleur a été une surprise. Sont en cause des effets de base sur l’énergie et les produits alimentaires qui pèsent mécaniquement sur l’inflation, mais également des facteurs plus structurels, car l’indice core a reflué de 20bp, à 0,7%.

Les marchés avaient bien senti cette baisse de la pression inflationniste, avec une décrue continue du swap d’inflation à 5 ans dans 5 ans de 1,8% en janvier, à 1,56% aujourd’hui. La BCE, qui était exposée aux critiques sur son soutien monétaire quantitatif, se trouve donc confortée, à la fois dans ses analyses et dans ses choix d’actions monétaires. Les marchés obligataires ont réagi à la nouvelle avec une rechute des rendements longs, à contre sens des indicateurs avancés qui annonçaient la semaine dernière une hausse de la conjoncture dans la zone.

Cette rechute tient également aux déboires du président américain sur la réforme de l’obamacare, qui ont créé un doute sur ses projets de relance budgétaire. Pour nous, le contexte de taux reste contraint : sur le bas, par la réticence à faire baisser plus les taux monétaires (notamment pour ses effets dangereux sur la profitabilité bancaire), par la reprise globale de la conjoncture, par la hausse des taux de la Fed et par la faiblesse de la prime par terme, sur le haut, par les niveaux toujours élevés de rachats d’actifs de la BCE. Les perspectives de rentabilité des obligations souveraines nous semblent donc faibles et les risques plutôt à la baisse.

 

Brexit : top chrono !

Après la notification formelle adressée cette semaine par Theresa May, la suite des événements se clarifie : Donald Tusk a rédigé une ébauche de mandat de négociation et devrait organiser un sommet extraordinaire le 29 avril. Les discussions sur ce mandat ne devraient aboutir que lors du sommet du 22 juin, date à laquelle les négociations pourront formellement débuter.

Le premier sujet, qui prendra au moins six mois, sera de définir les termes du retrait, et notamment le solde des engagements en cours. Si l’on compte que la ratification, à fin de la période des deux ans, prendra environ quatre mois, on voit qu’il reste seulement une dizaine de mois pour organiser les relations commerciales futures. Ce délai, que le UK prétend suffisant, est totalement inenvisageable.

La seule possibilité sera, dans cet intervalle, de définir les termes d’un arrangement provisoire assurant la continuité, le temps qu’un accord définitif soit signé. Les points de blocage possibles sont évidemment nombreux et la nécessité d’un compromis est clairement moins forte pour l’UE que pour le UK. Les termes proposés par Donald Tusk – qui pourront être amendés par le conseil – suggèrent d’ailleurs une position assez ferme, en évoquant clairement la possibilité de ne pas aboutir à un accord.