La bonne ambiance boursière à Wall Street est en outre portée par une conjoncture qui se montre étonnamment robuste malgré les hausses des taux directeurs prévues en 2022 et 2023. Le produit intérieur brut a progressé de 3,3 pour cent en rythme annualisé au dernier trimestre 2023, dépassant ainsi nettement les estimations des économistes qui tablaient en moyenne sur 2,0 pour cent. Surtout, cette reprise est portée par une grande variété de composantes : la consommation privée, les exportations, les dépenses publiques et les investissements des entreprises. Parallèlement, l'inflation continue de baisser.

Par Prof. Dr. Jan Viebig, Chief Investment Officer

 

Dr. Jan Viebig

En janvier 2024, le taux d’inflation est tombé à 3,1%, contre 3,4% en décembre 2023. Le marché du travail se montre également robuste. Le taux de chômage aux Etats-Unis, corrigé des variations saisonnières, est resté à 3,7 pour cent en janvier 2024…

Le revers de la médaille de ce tableau conjoncturel positif est que l’euphorie des baisses de taux d’intérêt sur les marchés s’est entre-temps refroidie. Actuellement, on s’attend à ce que la banque centrale américaine (Fed) commence plus tard à baisser ses taux d’intérêt en 2024 et ne décide que trois ou quatre baisses pour cette année. En 2023, les acteurs du marché ont parfois tablé sur jusqu’à six hausses de taux à partir de mars 2024.

En tant qu’investisseurs à long terme, nous restons fidèles à notre ligne de conduite malgré le rebond des cours. Nous recherchons des entreprises « formidables » dont les actions se négocient à un prix raisonnable sur les marchés. Selon nous, les entreprises sont « formidables » lorsqu’elles proposent des produits et des services compétitifs qui s’imposent sur le marché face à la concurrence. En outre, le rendement des capitaux propres doit être supérieur au coût des capitaux propres à long terme, faute de quoi une entreprise ne crée pas de valeur pour nous, les actionnaires. Selon nous, une entreprise n’est grande que si elle utilise efficacement ses actifs, génère un chiffre d’affaires élevé et présente un endettement modéré.

Il est selon nous erroné de parler actuellement d’une bulle de valorisation générale sur les marchés boursiers américains. Mais ce qui est vrai, c’est que certains segments sont actuellement devenus chers par rapport à leur propre histoire … La hausse des cours sur les marchés boursiers américains s’est jusqu’à présent concentrée sur quelques actions, les fameux « Magnificent Seven »: Apple, Microsoft, Meta, Nvidia, Tesla, Amazon et Alphabet. Ces actions technologiques symbolisent la tendance à la numérisation et à l’intelligence artificielle, et donc une tendance que les investisseurs ne devraient pas ignorer selon nous. Le secteur de la technologie, y compris les fabricants de semi-conducteurs, devrait constituer un domaine d’investissement attrayant à long terme. Toutefois, la forte concentration sur ces titres nous préoccupe de plus en plus. Nous sommes également sélectifs dans notre approche de ces entreprises : Nous n’investissons pas dans Tesla, dont le rendement du cash-flow libre est inférieur à 1%…

Suite à la hausse des cours et à l’ambiance très positive sur les marchés, la probabilité d’une rechute à court terme sur les marchés des actions a récemment augmenté. Selon nous, les actions sont un bon investissement si les investisseurs ont un horizon d’investissement à très long terme d’au moins dix ans et s’ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles même si le marché traverse des phases de volatilité et si les bourses deviennent un peu plus rudes après les fortes hausses de cours depuis octobre 2023.