Le co-responsable des Obligations internationales Nick Maroutsos explique pourquoi – malgré l'historique accommodant de la Réserve fédérale – les taux d'intérêt devraient rester plus élevés aux États-Unis. Il suggère aux investisseurs obligataires de réagir en conséquence, et d'envisager les autres régions du monde pour trouver les opportunités de rendements ajustés au risque les plus attractives.

Quels sont les principaux thèmes susceptibles de façonner les marchés en 2019?

Nick Maroutsos

La question centrale est de savoir si la Réserve fédérale américaine (Fed) va relever ses taux d’intérêt selon le rythme anticipé. Presque tout ce qui se passera sur les marchés obligataires – et dans l’économie en général – sera influencé par les actions de la Fed. Quoique certains tablent sur une Fed encore plus agressive, nous sommes d’avis qu’au vu de son historique de prudence, elle va errer sur le versant «accommodant». La menace d’une escalade dans la guerre commerciale et, plus largement, les perspectives de ralentissement de la croissance mondiale sont deux facteurs qui pourraient justifier une pause dans le relèvement des taux d’intérêt.

Le deuxième thème pourrait être que les taux d’intérêt élevés sont appelés à durer. La volatilité des actions cet automne n’a pas poussé les rendements obligataires beaucoup plus bas (et donc les obligations vers le haut). Même s’ils sont encore en-deçà des niveaux historiques, des taux plus élevés pourraient mettre sous pression les bénéfices et la croissance. L’absence d’inflation devrait toutefois contenir les rendements des obligations à plus longue échéance, avec pour résultat un aplatissement de la courbe des taux. Cependant, une courbe aplatie, voire même inversée, ne présage par une récession, en partie du fait de la diminution des primes de terme.

 

Quelles sont, selon-vous, les opportunités les plus attractives et les principaux risques au sein de votre classe d’actifs?

Nous regardons au-delà des États-Unis pour trouver les opportunités les plus attractives, notamment dans les économies en décélération où les banques centrales vont probablement maintenir ou abaisser leurs taux directeurs. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont deux exemples. Comme la Fed a pris de l’avance sur les banques centrales des autres marchés développés, détenir des obligations américaines à très longue échéance semble risqué. D’ordinaire, les investisseurs obligataires restent dans leur zone de confort mais, dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, ils peuvent générer des rendements attractifs (en prenant en compte le coût de couverture), en s’ouvrant à l’international.

Du côté du crédit, nous pensons que les sociétés quasi-souveraines, ou les secteurs bénéficiant d’un avantage structurel – comme la banque et les infrastructures où les barrières à l’entrée (souvent réglementaires) sont importantes – présentent des sources attractives de génération de revenus. Le plus grand risque pour ces marchés serait une politique plus agressive de la Fed couplée à l’élargissement des spreads de crédit. Une accélération inattendue de l’inflation, une guerre commerciale qui entame les marges et un cycle de crédit prolongé sont autant de facteurs qui pourraient jouer en faveur d’un tel scénario.

Rechercher du rendement n’est pas payant; des taux en hausse et une volatilité en cours de normalisation forment une association létale pour les stratégies à effet de levier.

En quoi vos expériences de 2018 ont-elles infléchi votre approche, ou vos perspectives pour 2019?

Depuis plus de dix ans, nous abordons les marchés en visant la performance absolue, avec pour priorité de conserver une volatilité faible de sorte à minimiser les «drawdown» et à générer un revenu régulier. Ces dernières années, d’autres ont essayé des approches différentes, adoptant des tactiques agressives pour obtenir les rendements qu’ils en étaient venus à attendre. Souvent, cela impliquait d’utiliser l’effet de levier (par l’emprunt) ou d’accroître l’exposition aux actifs de moindre qualité. Mais 2018 nous l’a rappelé: rechercher du rendement n’est pas payant; des taux en hausse et une volatilité en cours de normalisation forment une association létale pour les stratégies à effet de levier.

Une remontée de l’inflation plus rapide que prévue et la réaction de la Fed pourraient accentuer le tassement. Étant donné les divergences de perspectives à l’échelle mondiale, tant en termes de politique monétaire que de cycle économique, l’année qui s’achève nous a également prouvé qu’en élargissant judicieusement leur palette d’opportunités, en particulier à l’international, les investisseurs obligataires peuvent rester bien positionnés pour atteindre leurs objectifs de revenus sans doubler la mise sur les outils les plus risqués de leur boîte à outils.

 

Cet article est paru dans la série
Market GPS: Perspectives d’investissement 2019 de Janus Henderson Investors

 

 


Glossaire

Volatilité : Le taux et l’ampleur selon lesquels le cours d’un portefeuille, d’un titre ou d’un indice, évolue à la hausse ou à la baisse. Si le cours fluctue fortement, à la hausse ou à la baisse, sa volatilité est alors forte. Si le titre fluctue plus lentement ou de façon moins importante alors sa volatilité est faible. La volatilité est utilisée pour mesurer le degré de risque d’un investissement.

Aplatissement de la courbe des taux : l’aplatissement de la courbe des taux peut survenir lorsque les taux d’intérêt à long terme chutent plus que les taux d’intérêt à court terme, ou lorsque les taux à court terme progressent plus vite que les taux à long terme. Cela indique souvent que les investisseurs sont inquiets des perspectives macroéconomiques.

Prime de terme : prime traditionnellement reçue par les investisseurs pour récompenser le risque supplémentaire encouru en détenant des obligations à plus longue échéance.

Couverture : protection contre le risque d’investissement, par exemple en achetant le même titre dans plusieurs devises pour éviter le risque de change.

Quasi-souverain : qualifie, par exemple, les agences financières ou industrielles possédées par l’État ou les institutions financières supranationales.

Spread de crédit : l’écart entre le rendement des obligations d’entreprise et celui des obligations d’État équivalentes.

Cycle du crédit : l’expansion et la contraction de l’accès au crédit au fil du temps. La disponibilité du crédit est souvent abondante vers la fin du cycle de crédit.

Performance absolue : la performance totale d’un portefeuille, par opposition à sa performance relative par rapport à un indice de référence. Cette performance est mesurée en tant que gain ou perte et indiquée sous forme de pourcentage de la valeur totale d’un portefeuille.

Drawdown : l’écart entre le cours le plus élevé et le cours le plus faible d’un portefeuille ou d’un titre au cours d’une période donnée.


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