Hormis les actions américaines, point de salut!

On constate un réel paradoxe: les performances des classes d’actifs sont décevantes malgré une croissance mondiale proche de 4% portée par l’économie américaine. C’est la montée des risques qui explique ces faibles performances et qui assombrit les perspectives futures.

Par Nicolas Chaput, CEO & Co-CIO et Laurent Denize, Co-CIO de ODDO BHF AM

 

Quels sont ces risques?

1. La guerre commerciale

Si les droits de douane mis en oeuvre actuellement (110 milliards USD) restent presque insignifiants à l’échelle de l’économie mondiale, c’est la remise en cause des traités de libre-échange qui menace la croissance mondiale. La Chine doit ainsi stopper son programme de désendettement pour relancer son économie par le crédit, une mesure en contradiction avec ses objectifs. Quoi qu’il en soit, les effets se font déjà sentir sur les pays émergents les plus fragiles qui subissent à la fois le ralentissement conjoncturel chinois, la hausse du dollar et du prix du pétrole (pour les pays importateurs). Si l’on y ajoute les problèmes spécifiques de l’Argentine, du Venezuela ou de la Turquie, il nous semble difficile d’être positifs sur ces marchés tant que des premiers signaux de stabilisation ne se seront pas manifestés.

2. La montée du souverainisme

On peut raisonnablement douter de la rationalité économique de certaines décisions politiques dictées par des considérations électorales populistes. Celles-ci ayant un impact budgétaire important, cela rend les prévisions d’autant plus incertaines.

3. La normalisation des politiques monétaires

Le durcissement des conditions monétaires en cours devrait provoquer un retrait de liquidités sur un marché dopé aux rachats d’actifs et aux taux faibles depuis 10 ans. Le sevrage devrait être douloureux et pourra entrainer des réajustements d’allocation et notamment au profit des actifs réels.

 

Que peut-on espérer pour la fin de l’année?

Tout n’est pas noir, loin de là. Les entreprises traversent sans problème cette période complexe et augmentent de manière significative leurs capacités bénéficiaires (entre 10 et 25% suivant les zones géographiques). Il faut donc rester investi en actions américaines et européennes d’autant plus que le marché reste abordable comme l’indique la contraction des multiples de valorisation sur ces deux zones depuis un an (aux US hausse de 25% des bénéfices sur l’année 2018 alors que la hausse des actions se limite à 10% ). Côté européen, nous observons enfin un frémissement à la hausse des révisions des analystes pour l’année 2019. Un premier signe encourageant!

Sur l’obligataire, nous revenons sur les obligations convertibles et les obligations à haut rendement après la récente baisse de volatilité et la hausse des spreads sur les obligations les plus risquées. Quant aux obligations d’Etat, nous maintenons un avis négatif considérant le couple risque/rendement défavorable.

Pour autant nous ne négligeons pas la montée des risques et achetons des devises fortes à savoir le dollar, le yen et le franc suisse.

L’Italie reste sur une ligne de crête et l’atterrissage du budget le 15 octobre pourrait être sportif tant la rhétorique populiste des deux leaders reste forte. A 250 pbs de spread contre le 10 ans allemand il y a plus de place à l’écartement que l’inverse. Allégez les obligations italiennes!

Un autre risque réside dans une hausse soudaine du prix du pétrole liée à une rupture de la chaine d’approvisionnement et à un emballement du risque politique au Moyen-Orient. Achetez de la couronne norvégienne, elle est décotée et récemment décorrelée de la hausse des cours du brut alors même que la banque centrale va monter ses taux et que l’inflation accélère.

Enfin, le non coté offre toujours de belles perspectives de rendement sans subir la volatilité des valorisations à court terme.