L’économie mondiale poursuit son évolution positive, les dernières données de croissance en date sont satisfaisantes et les indicateurs avancés pointent toujours vers la croissance. Mais quelle est la situation quand on y regarde de plus près ? Guido Barthels vous répond dans ce Commentaire de marché.

Guido Barthels, Portfolio Manager, ETHENEA Independent Investors SA

Toute la vie de Tony Manero tournait autour de la danse. Le film Saturday Night Fever (1977) avec John Travolta en tête d’affiche sur la musique des Bee Gees a marqué la génération disco à paillettes pendant des années! Qui ne connaît pas la célèbre affiche représentant John Travolta, doigt pointé vers le ciel, bassin tendu, tout vêtu de blanc en pantalon pattes d’éléphant? Les tentatives malheureuses de ses divers imitateurs auront certainement frappé les esprits d’une manière ou d’une autre.

De même, Charles Prince, alors patron de Citigroup, a marqué toute une génération de banquiers d’affaires en 2007 lorsqu’il déclara : Nous devons danser tant que la musique joue. Et nous sommes encore en train de danser. Moins de 4 mois plus tard, Citi était au bord de la faillite et «Chuck» avait perdu son emploi. C’était le début de la crise financière mondiale.

Aujourd’hui, dix ans plus tard, nous nous sentons tous plus malins. N’est-ce pas?

Si l’on en croit les perspectives 2018 dont nous sommes inondés ces derniers temps, on pourrait dire avec un brin de provocation que peu de choses ont changé. Tout le monde danse, mais peut-être plus au rythme des Bee Gees. Mais on danse. Tout le monde, ou presque, s’accorde sur le fait que 2018 ne sera que le prolongement de 2017. Les actions et autres actifs risqués continuent de monter, de même que les rendements. Mais ce faisant, les scénarios de risques éventuels sont parfois complètement oblitérés. À cela s’ajoute le fait que les critiques se font rares.

Reconnaissons-le, les perspectives de l’économie mondiale sont plus que favorables. Les derniers chiffres conjoncturels sont bons et les indicateurs avancés ont rarement été aussi unanimes sur la poursuite de la croissance. Chercher la fameuse petite bête demande donc à y regarder de plus près. Notre Head of Research, Yves Longchamp, s’y attelle dans sa dernière publication Investor Insights.

En somme, nous continuons bien évidemment de penser que les tendances établies sur les marchés des actions et des obligations d’entreprise se poursuivront en 2018. Toutefois, les risques susceptibles de troubler significativement cette belle image d’Épinal ne nous semblent pas négligeables. D’une part, le cycle conjoncturel actuel des États-Unis dure depuis très longtemps et la probabilité de ralentissement augmente pour cette seule raison. D’autre part, les premiers signes d’accélération de la hausse des prix apparaissent. Certes, cette tendance n’en est encore qu’à ses tout débuts, mais dans la mesure où les politiques monétaires mondiales se meuvent en territoire inconnu, il est extrêmement difficile d’évaluer comment évoluera la situation. Les risques géopolitiques et l’instabilité éventuelle du secteur financier chinois complètent le tableau. Comme mentionné plus haut, Yves Longchamp analyse et interprète ces risques de manière beaucoup plus détaillée dans sa publication.

Mais je souhaiterais quand même souligner un point. Ces 30 dernières années, la courbe des taux aux États-Unis a souvent été un bon indicateur avancé des récessions. Une courbe plate, voire inversée, a systématiquement été suivie d’une récession dans les 6 à 12 mois suivants. Le graphique 1 montre que la différence actuelle entre les échéances à 2 et 10 ans s’établit à seulement 60 points de base. Cet écart étroit n’a rien de menaçant pour l’instant. Toutefois, la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale, le 13 décembre, pourrait semer un certain trouble selon la manière dont le segment des échéances à 10 ans réagira.

Graphique 1: Différence entre le segment de maturité de 2 et 10 ans

Nous maintenons notre opinion positive des marchés et dansons, aussi et surtout dans l’intérêt de nos investisseurs. Toutefois, nous évoluons à la marge de la piste de danse pour pouvoir être en mesure de chanter, à juste titre, Staying alive en cas de chute, au lieu de donner le rythme d’un massage cardiaque¹.


¹ Avec son rythme de 103 battements par minute, la chanson Stayin’ Alive correspond à la cadence recommandée des massages cardiaques et, compte tenu de sa notoriété et de la pertinence de son titre (rester en vie), est utilisée comme moyen mnémotechnique. En 2011, l’American Heart Association a mis en scène dans une vidéo d’aide le médecin Ken Jeong dans le costume de John Travolta.


Perspectives macroéconomiques : Outlook 2018

Par Yves Longchamp, CFA – Head of Research, ETHENEA Independent Investors (Schweiz)

L’économie mondiale a connu une très forte croissance en 2017, et a même accéléré au second semestre. De leur côté, les indicateurs avancés pointent vers la poursuite de la reprise. Dans sa vidéo, notre chef économiste aborde les grandes évolutions de l’année 2017 et livre ses perspectives sur les facteurs qui influenceront l’année 2018.


Retrouvez également le positionnement des fonds sur le site de ETHENEA Independent Investors