La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l'Allocation chez Ellipsis AM.

Le conflit commercial engagé par Donald Trump contre la Chine, qui a pesé sur les marchés cette semaine, pourrait bien se conclure par un accord de dernière minute, la date d’entrée en vigueur des sanctions américaines étant le 6 juillet. Cela ne serait pas une nouveauté : en 1994, puis en 1996, des conflits commerciaux avec la Chine sur le textile avaient donné lieu à l’annonce de sanctions (à l’époque des quotas), qui avaient été annulées le jour même de leur entrée en application, grâce à la signature in extremis d’un accord. Ce scénario nous semble constituer le meilleur objectif de Donald Trump, en lui permettant, dans la perspective des élections de mi-mandat, de mettre en valeur sa combativité, d’offrir une victoire symbolique aux opinions populistes en même temps qu’un accord réellement profitable à l’économie américaine. En revanche, les conséquences politiques d’une situation bloquée sur des positions extrêmes, dans laquelle le président ne pourrait se prévaloir que d’avoir infligé plus de dommages que les US n’en auraient subi, seraient beaucoup plus incertaines.

Il est assez clair que l’on observerait a minima un tassement des marchés et de la confiance des entreprises (et ce malgré les conditions très favorables dont elles bénéficient aujourd’hui : baisses d’impôts, dérégulation, relance budgétaire et hausse du pétrole). En outre, si 200Mds d’importations supplémentaires sont touchées, il sera impossible d’éviter tous les produits de grande consommation, et le pouvoir d’achat du consommateur américain finira par souffrir. L’opposition démocrate soulignerait alors facilement l’inanité de l’opération et l’irresponsabilité de son auteur. Si l’accord nous semble rationnellement être la seule issue recherchée par le président, la dramatisation est également un élément de sa stratégie, qui pourrait conduire à une véritable guerre commerciale.

Nous accordons une faible probabilité à cette hypothèse en raison du rôle régulateur joué par les marchés, qui, via l’effet richesse et l’effet sur la confiance qu’ils produisent, sont une force qu’aucun gouvernement ne peut aujourd’hui ignorer. La conclusion de cette affaire devrait donc selon nous entrainer encore quelques hausses sporadiques de l’aversion au risque mais elle pourrait se solder positivement cet été, et en tous cas avant les élections de mi-mandat.

La PBoC en défense

Après une baisse des actions de plus de 13% cette année, le gouverneur de la PBoC a fait savoir que de nombreux outils monétaires étaient à sa disposition pour stabiliser les marchés. De fait, elle aurait déjà injecté plus de USD60Mds dans l’économie en juin, sous forme de concours à moyen-terme au secteur bancaire. Le conflit commercial survient à un moment difficile pour les autorités chinoises, qui doivent gérer une délicate transition économique. En outre, la rapide montée de l’endettement, en partie par des canaux non régulés, est génératrice d’instabilités potentielles et sa maîtrise est l’un des objectifs prioritaires du gouvernement. Si le conflit avec les US devait se prolonger, la Chine devrait, pour restaurer la confiance, remiser temporairement cet objectif au profit du soutien direct à l’activité.

Fin du bailout grec

Le programme grec devrait enfin se terminer, après que le violent ajustement imposé par l’UE a porté ses fruits en termes d’équilibres budgétaire et extérieur. Un allègement supplémentaire de dette a été accordé, afin de permettre au pays de retrouver un financement normal de marché. Avec une baisse du PIB/hab. de 25% depuis 2007, cette saga se clôt sur le plan financier mais contribuera peu à l’image positive de l’UE auprès des populations.