Au T4, le PIB réel américain a augmenté de 2.6% (vs 3.4% au T3).

Par Bruno Cavalier, Chef Economiste et Fabien Bossy, Economiste

US : croissance du PIB
Sources : Thomson Reuters, Bloomberg, Oddo BHF Securities

La consommation des ménages est restée solide malgré un coup de froid en fin de période, tandis que l’investissement des entreprises se renforçait. L’amorce du shutdown a pesé sur les dépenses fédérales mais son impact négatif, qui sera sans doute encore visible au T1, est transitoire. La faiblesse du secteur de la construction se révèle plus durable mais dans des proportions supportables. Les indicateurs de climat des affaires présagent une croissance un peu plus faible au début 2019, mais toujours supérieure au potentiel.

Après la publication des comptes nationaux du T4, faisons un point sur les différentes composantes de la croissance du PIB et leurs perspectives au T1:

Consommation des ménages : A +2.8% au T4, il y a un ralentissement comparé au milieu d’année mais c’est en ligne avec la moyenne annuelle (2.6%). Le taux d’épargne est remonté à 6.7% (+0.3 pts). Au T1, le risque vient d’un effet d’acquis négatif vu la chute des ventes au détail en décembre (sauf correction ultérieure). Le pouvoir d’achat reste bien orienté, ce qui réduit le risque d’une rupture de tendance.

Investissement résidentiel : Pour le 4ème trimestre de suite, les dépenses immobilières ont reculé (-3.5%) mais le coup de frein sur la croissance reste modeste. La baisse des taux longs devrait soutenir l’activité, d’autant qu’il n’y a pas d’excès manifeste d’endettement. Les indicateurs avancés (promesses de vente, confiance des promoteurs) ont commencé à se reprendre.

US : contributions à la croissance
Sources : Thomson Reuters, Bloomberg, Oddo BHF Securities

Investissement des entreprises : Malgré un recul des dépenses de construction, les dépenses des entreprises ont augmenté rapidement (+6.2%). Les indices du climat des affaires ont reculé mais modérément. Les données hebdomadaires sur les rigs montrent un secteur pétrolier plutôt résilient. Une nouvelle hausse de l’investissement productif est envisageable au T1.

Dépenses publiques : A seulement +0.4%, la hausse du T4 est la plus faible depuis plus d’un an. Le shutdown a évidemment joué. Le CBO a estimé que son impact négatif pourrait être deux fois plus important au T1.

Au total, une poursuite du ralentissement est probable au T1 venant de la consommation privée et publique. Mais après correction des effets transitoires du shutdown (ainsi que de la «saisonnalité résiduelle» du T4/T1), cela laisserait la croissance de l’économie US au-dessus de sa tendance de long terme. Le record des dix années d’expansion continue (en juin 2019) est en passe d’être battu.

A suivre cette semaine

Le rapport sur l’emploi de février (le 8) permettra de faire un point sur l’état du marché du travail post-shutdown. Après une forte accélération en janvier, les créations d’emplois pourraient nettement ralentir (185.000 attendus) ce qui donnerait néanmoins une moyenne sur trois mois encore au-dessus de la barre des 200.000. De nombreux employés gouvernementaux ayant été comptés comme chômeurs temporaires en janvier, le taux de chômage devrait retomber à 3.9%. La croissance des salaires horaires est espérée à +0.3% sur le mois (vs +0.1% en janvier).

L’ISM non-manufacturier (le 5) et le Livre Beige (le 6) donneront une nouvelle indication sur le climat des affaires au milieu du T1. Les derniers indices ne laissent pas craindre un fort recul de l’optimisme.

Les dernières données du secteur immobilier en décembre sortiront avec les dépenses de construction (le 4) et les ventes de logements neufs (le 5). L’orientation devrait rester négative, en ligne avec les données déjà publiées.