De nombreuses personnes dans le monde placent de grands espoirs dans le bitcoin mais pas forcément pour les mêmes raisons.

Ces dernières semaines ont vu fleurir des articles sur le bitcoin un peu partout. Parce que le cours de la monnaie virtuelle a dépassé celui de l’or, parce que le split en deux monnaies distinctes amenait un certain risque, parce que le cours continuait de monter, parce que certaines banques allaient offrir à leurs clients la possibilité d’utiliser ce nouvel instrument, etc.

Des articles positifs, d’autres négatifs, certains compréhensibles, d’autres totalement hermétiques pour les non initiés. Bref, le buzz habituel, amplifié par les réseaux sociaux et leur cortèges de commentaires plus ou moins éclairés et éclairants.

 

 

Parmi ces différentes publications, certaines ont fait référence à une étude mettant en évidence la corrélation entre les forts mouvements de prix et l’augmentation des recherches Google associées au terme «bitcoin». Déjà qu’aujourd’hui pas mal de personnes cherchent des informations sur internet, il semble encore plus évident que des personnes intéressées par une monnaie virtuelle ne se traitant que via internet aient le réflexe de chercher des informations sur ce sujet via… internet.

Allons donc regarder de plus près Google Trends. Il s’agit d’un site internet dépendant de Google qui fournit une série de statistiques sur n’importe quel terme recherché via le moteur. Par exemple pour «bitcoin» on trouve la fréquence de recherche du terme sur les 5 dernières années (graphique ci-dessous).

 

source: Google Trends

Sur le même écran, on trouve également la fréquence de recherches par région c’est-à-dire soit par pays, soit par ville. Et là se trouve une information réellement interpellante. Au cours des 12 derniers mois, les 2 premières positions sont occupées par deux villes du Nigéria, Lagos et Abuja. Ces statistiques indiquent qu’à Lagos, le terme «bitcoin» atteint la plus haute fréquence relativement aux autres termes recherchés sur Google. On peut donc en déduire que les habitants de Lagos et d’Abuja sont plus avides d’informations sur le bitcoin que ceux de n’importe quelle autre ville du monde.

RangVilleNiveau d'intérêt
1Lagos (Nigéria)100
2Abuja (Nigéria)87
3Le Cap (Afrique du Sud)48
4San Francisco (USA)44
5Vancouver (Canada)42
6New Delhi (Inde)39
7Bogota (Colombie)38
8Vienne (Autriche)36
9Amsterdam (Pays-Bas)35
10Toronto (Canada)35

source: Google Trends, données sur les 12 derniers mois

Pourquoi le Nigéria ? Le pays est effectivement connu pour ses pirates informatiques et ses arnaques par internet. Les spécialistes de l’escroquerie digitale seraient donc – fort logiquement – intéressés par la monnaie virtuelle. En fait pas du tout, et la raison de cet intérêt soutenu de la part des Nigérians pour le bitcoin est en réalité bien différente. Et il ne s’agit pas non plus d’effectuer des achats sur le (dark)web et encore moins de spéculation.

Le fait est que les Nigérians (1er par pays), tout comme les Boliviens (2e) ou les Colombiens (7e) voient dans la monnaie virtuelle le moyen le plus sûr de mettre leur épargne à l’abri d’un Etat défaillant. Toutes ces personnes ont donc choisi le bitcoin pour la sécurité qu’il leur procure, comme réserve de valeur en lieu et place d’une devise locale dans laquelle ils ont de moins en moins confiance. Le bitcoin peut donc être utilisé par les habitants de ces pays comme moyen de paiement anonyme et peu cher. Plus pratique et plus sûr qu’une liasse de dollars ou des lingots d’or.

Quant aux Indiens (21e rang par pays mais New Delhi occupe le 6e rang par ville), la démonétisation de l’économie décidée par leur gouvernement ne leur inspire probablement pas plus confiance.

A titre de comparaison, sur les 12 derniers mois, la Suisse arrive au 28e rang (22%, ce qui signifie que le terme bitcoin est presque 5 fois moins recherché sur Google qu’au Nigéria), les USA au 31e (20%) et la France au 71e (8%).