Je vais être franc avec vous. J’ai 47 ans. L’an prochain je passe donc la frontière des 48 ans et ça fera 30 ans que je suis « motard ». Durant toute ma « carrière », j’aurais passé par à peu près tous les styles – MTX 125 pourrie, Dominator aux couleurs d’une combinaison de ski fluo en son temps, puis VMAX sur-customisée sur laquelle il y avait plus de customisation de matériel d’origine – 2 fois parce que je suis instable comme garçon. Et puis je suis passé chez Honda et je me suis vautré à 30 à l’heure sur une flaque d’huile et j’ai cassé mon cadre en deux, tout comme mon casque.

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Ce jour-là, je me suis dit : « cette fois j’arrête » et puis je suis rentré dans la concession Harley Davidson de l’époque et j’ai pas arrêté.

Au cours de mes années Harley, j’ai suivi l’évolution logique du «biker des villes ». Tout d’abord une Night Road qu’on m’a volé, puis une autre Night Road et à force que l’on me dise que « c’était pas une vraie Harley », je suis passé sur la Fat Boy pour finalement basculer, il y a trois ans, sur la dernière Street Glide.

J’étais officiellement devenu vieux.

L’âge aidant, je me suis dis qu’il était temps de rouler avec un gros « batwing » qui me protégeait du vent, un GPS pour ne pas me perdre et la musique pour écouter « highway to hell » en boucle entre Genève et l’autre bout de la Suisse.

Depuis trois ans, je pensais avoir trouvé la parfaite relation de couple avec ma moto, y avait des sacoches derrières pour trimbaler plein de trucs – des fois je découvre même encore des vêtements oubliés depuis la saison dernière et des bouteilles d’eau qui ont stagné dans le chaud et le froid depuis deux ans. Mais peu importe, pour rien au monde je n’aurais envisager m’en séparer. Je venais même de la faire inscrire dans la succession devant notaire.

Et puis Laurent, le responsable de chez Harley à Genève, m’a confié la Road King Special et je suis partie en vrille.

Si vous n’êtes pas un fin connaisseur obsessionnel de la gamme de Milwaukee comme certains que je connais, la Road King de base c’est cette moto qui fait hyper-vintage avec ses pneus à flancs blancs, son gros phare type, sa peinture bicolore et ses chromes rutilants de partout. On dirait presque la moto des Highway Patrol en Californie.

Mais fin 2017 Harley a remis le design de la Road King sur la planche à dessin et nous a sorti un concept « dark custom », moteur noir, sacoches en dur emprunté à la Street Glide et couleurs assez destroy avec un vert pailleté (celui que j’avais à l’essai) et un rouge pailleté qui ne devrait pas déplaire aux artistes du Cirque Knie. Je ne parle même pas du noir profond et du gris mat.

Si l’on veut simplifier la description de la Road King Special, on dira que c’est l’arrière d’une Street Glide que l’on a greffé à l’avant d’une Road King Classique à laquelle on a viré tout ses chromes et rajouté un guidon légèrement plus haut que la moyenne, un « Ape Hanger » comme disent les vrais. Un guidon qui vous permet de rouler les bras légèrement plus haut qu’à l’accoutumée et qui vous permet aussi de choper des coups de soleil SOUS les bras si vous roulez dans les cols en portant uniquement votre gilet en cuir du HOG sur votre torse nu puissant et musclé – on peut rêver.

Pour faire simple, la Road King a de la gueule. En ce qui me concerne elle m’a immédiatement fait de l’œil parce qu’elle à moins de chromes que les autres. Pas que je n’aime pas les chromes, mais n’étant pas un maniaque du chiffon et du polish, je me lasse assez rapidement de nettoyer mes chromes durant le tout le week-end. J’ai donc réduis mes séances nettoyage moto à….jamais.

Quand elle est trop sale, je roule sous la pluie.

Retrouvez la suite de la chronique « Début d’une histoire d’amour ou coup de foudre absolu ? sur Bitume.ch