Une fois l’épisode « inversion de la courbe » et croissance qui ralentit intégré, les acteurs de la finance mondiale se sont retournés sur le fait que « ça avance avec la Chine ».

L’Audio du 27 mars 2019

Il faut dire qu’actuellement le marché n’a que deux positions :

La première c’est « au secours y a tout qui ralentit et la seconde c’est « ça va bien se passer avec les Chinois ».

Le positionnement est un peu tout noir ou tout blanc, mais c’est comme ça et on ne peut pas y faire grand-chose. En tous les cas, pas grand-chose tant que nous n’avons pas la nouvelle saison des chiffres trimestriels pour nous distraire et nous faire parler d’autre chose.

Prendre le temps d’analyser

Le marché semblait un peu décousu hier et c’était un peu une journée de transition. Les intervenants digéraient la théorie de l’inversion de la courbe et prenaient conscience que c’est effectivement un signal qui fonctionne parfaitement bien pour prédire une récession, mais ils prenaient aussi le temps de se rendre compte que ce signal n’est pas un signal immédiat.

Que oui, récession il y aura. Que oui, ça n’est pas un bon signe « économique », mais que statistiquement, cela n’a JAMAIS signifié que le marché allait s’effondrer dans la minute. Au contraire c’est même plutôt une bonne période pour les marchés en attendant que la récession nous frappe de plein fouet et que nous en soyons réduit à chasser ET à manger du rat.

L’Europe se reprend

Du coup, hier l’Europe remettait du vert dans ses performances. On se souvenait que nous étions au printemps et malgré un vent à décorner un bull, on se disait qu’il y avait encore de l’espoir. Les indices européens se recentraient donc sur le fait qu’il y avait encore de l’espoir sur le Trade Deal. Le Trade Deal qui, ne l’oublions pas, était quand même le médicament placebo qui nous avait permis de remonter du fond des gorges de l’enfer depuis décembre.

Ça plus le fait que Powell ne monterait PLUS JAMAIS les taux et que voir même un jour il allait les baisser. Basés là-dessus, l’Europe retrouvait des couleurs et on se disait que tout n’était peut-être pas fini. Pas tout de suite en tous les cas.

Aux USA, pareil

Le sentiment semblait être le même de l’autre côté de l’Atlantique. Là bas aussi on se raccrochait au fait que Mnuchin était en Chine pour faire avancer les choses et les avis « bullishs après une inversion de la courbe » étaient à peu près les seules opinions qui étaient autorisées dans les médias ou sur les plateaux télé, un peu comme si le négativisme était interdit en attendant que les choses se calme.

Hier tout le monde se concentrait sur le secteur de l’énergie qui redevenait soudainement très populaire. Pourtant le reste des nouvelles économiques continuaient à signaler que l’économie n’était plus vraiment dans une trajectoire haussière et que, peu importe comment on veut bien le prendre : ça ralentit.

L’immobilier debout sur les freins

Durant la journée de mardi, on a pu clairement voir que l’immobilier n’allait plus aussi bien qu’il fût un temps. Les chiffres montrent des ventent en ralentissement. Et ce n’est pas le premier mois que ça se produit. L’ignorer serait probablement une erreur.

Mais peu importe, hier après plusieurs jours de doutes liés à la courbe des taux, le rendement du 10 ans américain reprenait des couleurs et nous parvenions à retrouver un semblant de positivisme pour permettre aux indices mondiaux de reprendre un peu du terrain perdu. Ne nous emballons pas non plus, ce n’est pas l’euphorie, nous sommes méfiants et perclus de doutes.

Back to 60

Le pétrole est à peu près le seul indicateur ou la seule référence économique qui continue à montrer une forme physique hors du commun. Il n’a pas baissé lors de l’inversion de vendredi et à la première occasion il repart à l’assaut des 60$, comme ce matin.

En cette période où nous avons BESOIN d’être rassurés, nous sommes enclins à nous accrocher à tout ce qui ne va « pas si mal ». Le pétrole est une de ces bouées de sauvetage. On va dire que tant que vous payez votre plein d’essence trop cher, c’est qu’il y a de l’espoir.

L’or est à 1320$ et n’est momentanément plus une valeur refuge.

Source : Hedgeye.com

L’Asie hésite

Ce matin l’Asie est partagée. Le Nikkei est légèrement en baisse et le reste est légèrement en hausse. C’est comme ça que l’on décrit un marché qui hésite. On ne va pas se mentir, la région Pacifique est plus sage que nous et quand ils mettent toutes les informations étalées sur la table devant eux, ils hésitent. On ne peut pas leur en vouloir.

Finalement le seul problème que l’on a aujourd’hui, dans notre enquête pour savoir de quoi demain sera fait, c’est de savoir QUAND il faudra agir.

Timing quand tu nous tiens

Non, parce que jusqu’à vendredi c’était facile. On vu l’inversion, on est venu au travail et on a vendu. On a vendu basé sur le fait que lorsque la courbe s’inverse, la récession arrive. C’est assez simple.

Sauf que pendant le week-end on s’est rendu compte que si l’on va jusqu’au bout de la réflexion, lorsque qu’inversion il y a, hausse du marché peut se produire avant la descente finale et les horribles souffrances qui vont avec.

C’est là que le bât blesse (ou le haut d’ailleurs)

Nous voici donc dans une situation horriblement indécise : ON SAIT QU’ON VA SE VAUTRER UN JOUR OU L’AUTRE, MAIS ON NE SAIT PAS QUAND. ET QUAND ON SAIT QUE L’INCERTITUDE EST NOTRE ENNEMIE JURÉE… ça ne va pas nous faciliter le travail.

Nous ce que l’on aimerait c’est un signal qui dit qu’il faut vendre maintenant et qu’ensuite y a plus qu’à attendre pour avoir le prochain signal qui nous dit qu’il faut acheter. Sauf que là, on a le signal mais on ne nous dit pas quand il faut vendre !!! Et le pire c’est que si tu vends là tout de suite, tu risques de rater la hausse avant la baisse. Et rater la hausse, y a rien de pire.

Statistiques à la con

Reste à mettre tout ça sur la table et réfléchir :

– l’inversion de la courbe annonce une récession
– une récession annonce une baisse des bourses mondiales
– mais avant la récession les marchés surperforment en moyenne de 20% AVANT de se péter la gueule
– la récession arrive en général entre 140 jours et 460 jours APRÈS le signal
– ça fait quand même une année de battement pour trouver le bon moment, plus 250 jours de trading pour faire des erreurs et vendre trop tôt et rater la hausse
– conclusion – on a bien meilleur temps de faire de l’algo et du high-frequency trading, ça évite de réfléchir à long terme.

Et puis y a le BREXIT

Côté news du jour, on parle BREXIT, mais pour être franc j’ai arrêté de lire sur le sujet. Apparemment Theresa May est toujours Premier Ministre mais elle a autant de pouvoir que les Gilets Jaunes en France et il se pourrait qu’éventuellement peut-être le parlement revote à peu près la même chose mais sans elle pour arriver à peu près au même résultat.

Personnellement, je ne tiens pas particulièrement à être immortel, mais j’aimerais bien vivre 300 ans pour lire ce que l’on pensera du BREXIT d’ici là. Ok, d’ici là l’Europe n’existera plus non plus, mais quand même.

Rachat

Ailleurs on parle du rachat du groupe Fiat-Chrysler par Renault. On se réjouit d’avoir des Alfa Quadrifoglio avec les moteurs RS de Renault, ou pire, les diesels. Sans compter que lorsque la Jeep Wrangler arborera le drapeau français à l’arrière, ça va être HYPER-FUN… Dans la même thématique, les syndicats allemands ont mis en garde la Deutsche Bank et la Commerzbank en disant « qu’ils n’étaient pas d’accord ». Je ne savais même pas que les banquiers avaient des syndicats. Des syndicalistes en Audi RS4 et en Mercedes C63AMG, ça doit être drôle à voir.

En vrac

Pour le reste, on parle des IPO’s à venir avec Lyft, UBER et AirBnb qui devraient arriver cette année. Apple a perdu un combat juridique contre Qualcomm hier, mais ça ne semble pas encore terminé. Et puis un 737 Max a du se poser en catastrophe à Orlando, mais c’était un avion qui était vide de passagers et qui devait juste rentrer au garage. Le problème n’était d’ailleurs pas lié à ce qui s’est passé récemment. Boeing a d’ailleurs envoyé le correctif de software pour ses avions au travers de la planète. On peut donc s’attendre à les voir revoler prochainement. AVEC des passagers.

Chiffres

Côté chiffres économiques nous aurons le nombre de chômeurs en France – ça devrait bien se passer, puisque depuis que Manu le magicien est à bord, tout va bien. Tout va mieux. Il y aura aussi le Trade Balance aux USA et les inventaires pétroliers. On notera aussi qu’un indicateur de santé des entreprises chinoises semble redonner des signes de vie… Affaire à suivre.

Draghi va également parler et pour le moment les futures sont en hausse de 0.25%. Que votre journée soit également en hausse et on se retrouve demain pour constater qu’il ne reste plus que 139 jours avant une éventuelle récession. À moins que ce soit 343. Ou 214. On verra bien.

Thomas Veillet
Investir.ch

“The farther backward you can look, the farther forward you are likely to see.”

Winston Churchill