C’est normal, c’est la saison ! Le printemps revient et les licornes refont parler d’elles. Il y a presque quelque chose de bucolique dans tout cela.

L’Audio du 1er avril 2019

Dans le monde merveilleux de la finance, il y a beaucoup de contes de fées – comme le « coup sûr de l’année ». Beaucoup de personnages imaginaires – come le copain d’un copain qui connaît le cousin de Tim Cook et qui sait qu’Apple va racheter Nestlé. Il y a aussi des Dieux, comme Gordon Gekko – puisqu’il n’existe pas. Mais il y a aussi beaucoup de rêve – comme celui d’avoir investit tout son fonds de pension dans une start-up qui vaudra 1000 milliards et qui transformera votre vie en conte de fées… justement.

Tu peux me donner un « Lyft »

Le conte de fée de la semaine, c’est le retour en bourse d’une start-up que l’on qualifie de LICORNE.

Alors je vous rassure de suite, je ne suis pas sous LSD et je ne vois pas des éléphants roses et des licornes à tous les coins de rue. J’ai bien une fille de 9 ans qui est parfois convaincue qu’elles existent à force de regarder les dessins animés avec des poneys multicolores et des chevaux qui volent en chantant. Mais ça s’arrête-là.

Un milliard et des poussières de trillion

Mais en l’occurrence, une licorne est aussi une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars. Et cette start-up, elle se nomme Lyft. Pour ne pas perdre de temps en ce lundi matin, on va dire que Lyft c’est le concurrent numéro un de UBER. C’est le taxi bon marché. Sauf qu’eux, à la place de pinailler pour choisir le bon moment pour « venir en bourse », ils ont mis le pied sur la pédale de l’accélérateur et ils ont piqué la vedette à Uber.

Vendredi dernier, Lyft c’était l’événement de la journée, de la semaine et peut-être même du mois. La société de taxi disruptive a donc été valorisée à 24 milliards, soit 72 dollars par action et à la fin de la séance, elle valait 8% de plus.

Bon signe

Cela nous fera sûrement une belle jambe si on n’avait pas souscrit à l’animal imaginaire, mais toujours est-il que c’est un « bon signe boursier » selon les experts. Oui, il paraît que si ce genre d’IPO marche bien, c’est que l’investisseur a de « l’appétit pour le risque ». Ce qui veut dire qu’il est encore relativement enclin à acheter des actions aussi près du plus haut de tous les temps alors qu’en plus on nous parle d’inversion de la courbe des taux toutes les 12 secondes sur CNBC et même sur Radio Bleue.

En tous les cas, l’IPO de Lyft aura fait les choux gras de Wall Street ce vendredi. Entre ça et le fait que les indices américains ont clôturé leur meilleur trimestre en terme de performance depuis 10 ans, avait de quoi boucler la semaine sur une note euphorique.

Golden Cross

N’oublions pas non plus que d’un point de vue technique, le S&P500 nous gratifie d’une magnifique Golden Cross – La Golden Cross qui correspond au croisement de la moyenne mobile des 50 jours et des 200 jours, est un signal de tendance positive pour les marchés. Pas forcément aussi efficace que l’inversion de la courbe des taux ne l’est pour la récession, mais c’est quand même assez positif pour être signalé.

L’autre licorne du jour est un serpent de mer

L’autre sujet qui aura marqué les marchés qui leur aura permis de terminer ce premier trimestre 2019 dans le vert, c’est encore de l’information fondamentale pure et dure. Uniquement des certitudes vérifiées et solides que l’on ne peut pas mettre en doute. Puisque selon des rapports de certaines personnes qui sont proches des négociations, mais qui préfèrent garder l’anonymat, on s’autorise à penser que les négociations sur le Trade Deal se passent « bien ».

Alors je ne veux pas faire le type qui râle tout le temps et qui a le mot « sceptique » tatoué sur le front, mais disons que comme on n’a pas eu une communication officielle depuis des semaines (d’ailleurs je ne sais même pas si on en a jamais eu une) et que mis à part quelques pauvres tweets, on n’a rien de plus. Je suis assez dubitatif sur le fait qu’il faille s’exciter comme un labrador devant une gamelle de pâtée sur le sujet.

Mais peu importe, cela semble fonctionner.

Le viagra du marché

Quoi qu’il en soit, depuis que les négociations sino-américaines sont en route, le moindre signe encourageant déclenche le retour de nos vieux instincts bullishs et le marché part à la hausse comme si de rien n’était. Pas besoin de concret, pas besoin de fondamental, un bon tweet bien écrit remplace avantageusement une boîte de viagra pour le marché.

Envole-moi

Entre le pétrole et l’or, c’est le pétrole qui se démarque. Il entame la semaine à 60.5$ et on sent que le baril frémit et semble prêt à aller tout casser à la hausse. Les 65$ sont à portée de pompe à essence et je parie les bijoux de ma grand-mère que si l’on franchit les 70$ d’ici la fin du mois, les ultra-bullishs qui prédisaient le baril à 300$ vont revenir de leur exil dans une lamaserie au Tibet, pour refaire cocorico sur CNBC.

L’or, lui il est à 1298$ et, visiblement son jour de gloire n’est pas encore arrivé. Même s’il suffit qu’il reprenne 15 dollars pour que les chantres de l’or à 2000$ reviennent également sur le devant de la scène.

Surprise, surprise ! Le fantôme de Marcel Béliveau est apparu en Chine

Ce matin ÉNORME SUPRISE !!! Les Chinois ont publié un chiffre qui a battu les attentes des économistes. Chose qui n’était plus arrivée depuis que Donald Trump a vaincu l’Himalaya sans oxygène et en tongs.

À l’heure vous étiez encore plongés dans la fiction du dimanche soir sur TF1 et que vous entamiez votre second paquet de cookies, la Chine a publié son PMI qui montrait que le secteur manufacturier avait fortement rebondit en mars à 50.5, contre 49.2 en février. Et dans la foulée, la version « privée » du PMI a annoncé un chiffre à 50.8 contre 49.9 en février.

Ignition !

Ce sont les premiers chiffres encourageant en Chine depuis un bon moment. Les indices asiatiques sont donc au bord de l’orgasme haussier, puisqu’il ne faudra pas longtemps pour que les analystes parviennent à déterminer que la Chine montre des signes de vie et que, peut-être, je dis bien ÉVENTUELLEMENT PEUT-ÊTRE QUE LA CHINE est en train de tourner le coin.

Dans le doute, ce matin les marchés explosent en Asie. 2.3% en Chine, 1.5% au Japon et à Hong-Kong, c’est peut-être tournant que l’on attendait.

Manquerait plus que les négociations se passent bien.

Nouvelles neuves

Si on vous pose la question suivante : « quelle est la société la plus PROFITABLE de la planète ? » – Quelle serait votre réponse ?

Faux.

Je ne sais pas à qui vous avez pensé, mais je doute que votre réponse ait été : Saudi Aramco… La société pétrolière saoudienne a rapporté 224 milliards l’an passé. Par contre on ne donne que peu de détails sur son statut ESG et la manière dont les employés sont traités. Mais après tout ce n’est pas ce qu’on leur demande.

Le reste

Autrement on retient que le boss de la Deutsche Bank défend un éventuel merger avec la Commerz, estimant que les clients ne fuiront pas. Erdogan est en train de se prendre une claque aux élections turques. Il semble qu’il ait perdu Ankara et qu’Istanbul, c’est pas gagné. Par contre une fois qu’il aura mis les vainqueurs en prison, ça devrait aller beaucoup mieux.

Ailleurs, une des femmes parmi les plus riches de Russie s’est tuée dans le crash de son avion privé ce week-end et un rappeur nommé aux Grammy s’est fait descendre à Los Angeles. Il s’appelait Nipsey Hussle. Personnellement je n’avais aucune idée qu’il existait. Pas sûr que Mozart se retourne dans sa tombe.

Chiffres et futures

Actuellement les futures sont en hausse de 0.7%, merci la Chine. Côté chiffres économiques nous aurons le Manufacturing PMI en Allemagne, pas certain qu’il fasse concurrence à la Chine. Même chose en Angleterre, mais là ce n’est pas certain qu’il fasse concurrence au BREXIT qui reste le feuilleton de l’année. Et aux USA, nous aurons les Retail Sales. Chose à bien observer pour voir si l’économie ralentit ou pas. Les New Homes Sales la semaine dernière avaient montré deux-trois signes d’amélioration.

Pour terminer, INVESTIR.CH publie un article exclusif sur les risques réels d’une inversion de courbe. Ne manquez pas de les découvrir en scrollant un peu plus bas… et prenez les mesures qui s’imposent.

En attendant, il me reste à vous dire : À DEMAIN !

Thomas Veillet
Investir.ch

« You can fool all the people some of the time and some of the people all the time, but you cannot fool all the people all the time. »