Cette semaine davossienne centrée sur les enjeux climatiques aura été une occasion supplémentaire de voir que pro- et anti-réchauffement ne sont pas près de tomber d’accord.

Voici donc un article quelque peu impertinent afin d’identifier quelques pistes de réflexion.

 

 

Sur le ring

D’un côté, nous avons l’Américain Donald, l’homme qui tweete plus vite que son ombre, en pleine campagne d’auto-promotion en vue de sa réélection (s’il n’est pas destitué) et qui doit bien entendu rassurer son électorat sur la non-disparition de leur 4×4, de leur climatisation et de leur approvisionnement journalier en T-bone steaks, sans oublier sa croisade ubuesque contre les équipements électroménagers basse consommation. Il est reparti vers Mar-a-Lago à bord d’Air Force 1 en demandant au pilote de faire 5 fois le tour du Cervin afin d’identifier les sites potentiels pour ses futurs projets immobiliers.

Dans l’autre coin, nous avons la jeune Suédoise Greta, femme de l’année alias Climatewoman, qui a mémorisé toutes les statistiques du GIEC sur le réchauffement et les émissions de CO2 et qui appelle à abandonner immédiatement les énergies fossiles et est probablement prête à regagner la Suède à pied en chaussures à semelle de chanvre vu que l’alternative c’est du plastique, donc du pétrole, donc c’est mal.

A leurs côtés, on retrouve d’autres intervenants, soit dans leur rôle habituel à l’instar de Greenpeace, soit dans le nouveau costume qu’ils ont endossé à l’image de Larry Fink, le CEO de BlackRock qui se rêve en chevalier vert mais ceci n’est pas le sujet du jour.

Et au milieu, il y a vous et moi, des personnes simplement normales qui se demandent s’il faut acheter un vélo et revendre sa voiture, s’il est permis de manger encore parfois de la viande ou si partir en vacances à plus de 50km de chez soi sera bientôt considéré un péché mortel. En plus de ces interrogations, il faut encore se confronter régulièrement à des amis devenus véganes pour sauver la planète, mais également à ceux qui déclarent que le grondement sourd d’un moteur de plus de 400 chevaux reste la plus douce des musiques, surtout dans les embouteillages. Sans parler des ados climato-schizos qui ont bien saisi l’opportunité de ne plus aller en classe le vendredi mais qui veulent toujours leur nouveau smartphone fabriqué en Chine et leurs vacances au soleil pour noël.

Bref, entre celui qui veut consommer toujours plus et celui qui veut plus ou moins retourner vivre dans une grotte, il y a tout le spectre des positionnements vis-à-vis de l’évolution de la planète. Et même si une majorité de personnes seraient prêtes à faire des efforts pour tenter d’améliorer la situation, que faudrait-il faire en priorité ?

C’est là qu’intervient le simulateur de réduction de CO2 développé par la MIT Sloane School of Management.

L’idée de ce simulateur interactif en ligne est d’aider à comprendre les impacts environnementaux mais également démographiques et économiques de scénarios visant à réduire les émissions de CO2 et le réchauffement climatique. En effet, les chercheurs du MIT ont bien compris que beaucoup de personnes ne sont pas à l’aise avec l’abondante recherche disponible sur le sujet. D’où l’idée de laisser tout un chacun expérimenter et découvrir l’impact de ses choix, sur base d’un simulateur ludique mais sérieux. Bon, ok, c’est pas SimCity mais l’outil a été développé par des ingénieurs spécialisés, intègre les recherches et données les plus récentes et a été calibré par rapport à des modèles beaucoup plus complexes. C’est du sérieux !

De l’impact de nos choix

Le moment est donc venu de jouer avec les différents curseurs. Ceux-ci sont regroupés par catégorie et l’impact sur l’augmentation de température à l’horizon 2100 est immédiatement affiché. Il est intéressant d’afficher à gauche l’un ou l’autre graphe relatif à la progression du PIB ou de la population afin de comprendre l’impact de ses choix sur la croissance ou la démographie.

Le tableau de bord du simulateur

Du côté des sources d’énergie, le plus efficace est de sortir du charbon en le taxant fortement tout en subsidiant les énergies renouvelables et de nouvelles technologies (qui n’existent pas encore mais pourraient avoir un impact équivalent). Subsidier le nucléaire, sujet controversé, est également une piste intéressante à explorer. Par contre taxer plus lourdement pétrole ou gaz naturel au bénéfice des bioénergies aura un impact plutôt faible sur le réchauffement climatique.

Augmenter l’efficacité du transport d’énergie, et encore plus l’efficacité énergétique des bâtiments permettra des gains bien plus intéressants que l’électrification. Alors que réduire la déforestation et planter des arbres n’aurait qu’un impact marginal (et oui! contrairement aux idées reçues largement promues à Davos… d’ailleurs cela s’appelle du treewashing), réduire les émissions de méthane aura par contre un impact majeur. Des gains intéressants sont également à espérer du côté des nouvelles technologies de capture de carbone.

Viennent ensuite les variables économiques et démographiques qui démontrent qu’une croissance supérieure au rythme actuel aura des conséquences néfastes sur l’augmentation des températures.

Bien entendu, aucune variable prise individuellement ne permet d’atteindre l’objectif de réduction à 2°C d’augmentation. Plus les choix seront extrêmes, plus on se rapprochera de l’objectif. Le site met également à disposition une série de ressources permettant de mieux comprendre les enjeux et d’animer des débats sous forme ludique.

Un scénario parmi d’autres

Conclusion

Nul besoin de retourner à l’âge de pierre pour sauver la planète. Bien au contraire, le simulateur place de grands espoirs dans de nouvelles technologies plus efficientes. Les priorités quant aux choix les plus efficaces apparaissent clairement après quelques minutes à manipuler les différentes variables. Par contre, il devient évident que la voie suivie actuellement ne sera probablement pas soutenable sur le long terme. Entre Greta et Donald, le MIT propose donc de nombreuses voies moins extrêmes et dès lors plus à même de trouver leurs supporters… ainsi que les investisseurs prêts à financer la transition énergétique.