Il y a visiblement une loi qui existe dans les marchés financiers, c’est le fait que le mardi c’est la journée de l’emmerdement maximum. Heureusement, cette nuit on reprend le chemin des salles de presse, puisqu’alors qu’hier, selon les médias, les intervenants se réintéressaient aux marchés parce qu’il n’y avait pas d’escalade entre l’Iran et les USA et que l’on avait confiance sur le fait que la guerre des mots ne se transformerait pas en guerre totale, les Iraniens ont tiré des « dizaines » de missiles sur les positions US en Irak.

L’Audio du 8 janvier 2020

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Le concept de « qui a la plus grande »

À l’heure où je vous parle, il n’y a aucun bilan humain disponible, ni plus de détails d’ailleurs. Ce que l’on sait c’est que les Iraniens ont répondu à la mort de leur général adoré et que, pour l’instant, Trump à l’air de rester calme et de ne pas avoir envie plus que ça de leur péter la gueule. La seule chose que l’on sait – selon certains experts sur l’Iran – c’est que la réponse a été « mesurée », que c’est un prêté pour un rendu et que l’on pourrait bien en rester là. Trump a annoncé une conférence de presse dans la matinée et en attendant, le Nikkei se refait défoncer comme à chaque fois qu’il y a des tensions au Moyen Orient.

Normalement, à ce stade-là je devrais donc vous parler de la journée d’hier, mais déjà que c’était un de ces mardis où il ne se passe rien, autant vous dire que le fait que les Iraniens s’amusent à jouer à « qui a la plus grosse » (armée, bien sûr), l’intérêt de vous raconter la séance d’hier est à peu près aussi élevé que faire un bilan sur les chutes de neige que l’on attend en février 2024. Non, maintenant ce que l’on va faire c’est observer les marchés, les futures et les commentaires des experts pour savoir si on se refait la prise d’otage de 1979 ou si finalement tout le monde s’en fout, l’Iran n’a pas perdu la face et Trump ne donne pas suite.

Or et pétrole en folie

En tous les cas, depuis les tirs de missiles de cette nuit, mis à part le Nikkei qui part en vrille, le reste s’est concentré sur trois choses :

  • Le future S&P qui a perdu 1.6% lors de l’annonce des tirs et qui a pratiquement tout récupéré à l’heure où je vous parle
  • Le pétrole qui a explosé de 62.80$ à 65.80$, pour revenir à 63.50$ à 5 heures du matin
  • L’or qui a fait 1575$-1612$ en 30 minutes et qui est déjà de retour à 1590$.

En gros, on vient de passer une journée de mardi à s’emmerder presque autant qu’un hamster qui tourne dans une roue qui couine et qui est mal graissée et TOUTE l’action de la semaine se passe entre minuit et une heure du matin !!!

Mais on doit faire quoi alors ??? Rester debout toute la nuit pour avoir le droit de s’amuser un peu de temps en temps ??? Bon, ce qu’il faut retenir c’est que « pour l’instant » les experts en Iran – qui ont été formés à l’école club Migros durant une cession exceptionnelle qui a eu lieu ce week-end – pensent que l’escalade n’aura pas lieu, que Trump reste calme et que finalement ce que les Iraniens ont fait, c’est tirer dans tous les sens au milieu du désert pour ne pas perdre la face, face au Grand Satan Américain. Visiblement, pour le moment, ils n’ont pas fait péter un bombe sale dans une crèche de la banlieue de Washington, tout semble donc sous contrôle et au stade où nous en sommes, je crois même que vous pouvez retourner vous coucher.

Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Nous nous retrouvons donc dans une position assez particulière. Il se trouve que l’Iran a répondu aux USA, montrant clairement son intention de ne pas se laisser faire et même si cela semble un peu du « cinéma » – pour les première infos disponibles – il n’est pas exclu que la situation parte en sucette, sachant tout de même que des deux côtés, on a quand même à faire à une belle brochette de cinglés.

On ne peut donc pas totalement EXCLURE que le pire est derrière nous, même si nous avons finir de lire l’Iran pour les nuls durant le week-end, il est compliqué d’affirmer quoi que ce soit. Une chose est sûre, il est devenu relativement difficile pour le moment d’avoir une vraie réflexion d’allocation d’actifs alors que l’on ne parle que de missiles et de général iranien qui se fait tirer dessus par des drones. Dans la foulée, il y a quelques minutes un Boeing Ukrainien vient de se crasher en décollant de Téhéran, il n’y a encore aucun bilan qui a été publié, mais si le nord magnétique ne cesse de se déplacer – d’ailleurs Mike Horn n’arrive plus à le trouver – le centre du monde s’est clairement déplacé au Moyen Orient momentanément. Heureusement que dans 3 semaines il y a le Superbowl pour remettre l’église au milieu du village.

Urgent de ne rien faire

On dit souvent que le mois de janvier ne reprend généralement que le 15 et pas avant. Je dois qu’avec ce qui se passe depuis le premier de l’an, ceux qui ont eu l’idée de génie de ne pas revenir au boulot tout de suite ont eu la meilleure idée de l’année 2020. Non, parce que vu ce qu’il se passe, ça ne me paraît quand même pas simple de prendre des décisions pour les 12 prochains mois alors que toutes les 5 minutes il y a un Iranien ou un Américain qui joue à montrer ses biceps sous anabolisants. Du coup c’est quand même moins facile de s’intéresser aux fondamentaux de Nestlé ou à la note ESG de Lockheed Martin ou General Dynamics.

Tenez, prenez les nouvelles du jour ; si vous prenez n’importe quel journal, TOUT le monde fait sa une avec les missiles iraniens. Pourtant si l’on creuse un peu, on voit que le patron de la Banque Centrale Anglaise cherche de moyen pour soutenir l’économie britannique durant le BREXIT et éviter la « liquidity trap » – mais tout le monde s’en fout. Parce qu’on parle de l’Iran.

Mais encore

On apprend aussi que Trump ET Bloomberg vont se faire la guerre à coups de publicités lors du prochain Superbowl – chacun ayant acheté pour 10 millions de dollars de pub. Mais tout le monde s’en fout parce qu’on parle de l’Iran. Certains parlent de la capitalisation boursière de Tesla qui est hors de contrôle représentant à elle seule la valeur de GM ET DE FORD, mais tout le monde s’en fout parce qu’on parle de l’Iran.

Et puis il y a aussi Samsung qui fait un « profit warning » pour le prochain trimestre, Boeing qui estime que les pilotes de 737MAX devraient subir plus d’entraînements en simulateurs, que 24 personnes ont été inculpées en Australie pour avoir délibérément mis le feu à des forêts, le titre Apache Corp. a pris 26% après avoir annoncé la découverte d’un champ pétrolifère au large du Surinam et tout le monde se demande comment Carlos Ghosn a réussi à rouler les Japonais dans la farine et combien NetFlix va lui payer les droits de son aventure…

MAIS TOUT LE MONDE S’EN FOUT PARCE QU’ON NE PARLE QUE DE L’IRAN.

Chiffres du jour

Malgré que l’on ne va regarder tout cela que d’un œil pour les raisons que vous connaissez, aujourd’hui, il y aura les chiffres des Factory Orders en Allemagne, les chiffres de l’emploi ADP aux USA et les inventaires pétroliers. On peut largement penser que les inventaires pétroliers auront autant d’impact sur le baril que si vous essayez d’expliquer à un ado de quatorze ans que les Smartphone c’est le diable, mais on en est là. On doit continuer de faire semblant de s’intéresser aux fondamentaux économique alors qu’en fait l’enjeu se résume à un concours de testostérone entre les USA et l’Iran.

Pour le moment les futures américains sont en baisse de 0.3%, l’or est à 1590$. Le baril à 63.80$. Le Nikkei, le Hang Seng et la Chine sont tous en baisse, bien que l’on sente que le Japon est bien plus fragile que le reste – est-ce la faute à Monsieur Ghosn, je vous le demande, mais quoi qu’il en soit, on est en mode « prudence » un peu comme en 1941 quand on attendait de voir comment les Américains allait réagir au bombardement japonais sur Pearl Harbor. À noter qu’un Ministre Iranien a déclaré à l’instant que la réponse apportée cette nuit aux attaques américaines était « proportionnée » – personnellement je voudrais bien savoir à partir de combien de missiles on rentre dans la zone « disproportionnée ».

Nous sommes donc en mode « attente » et même si lundi on a trouvé le courage de retourner dans le marché parce que finalement la FED, elle est quand même trop balèze, je ne suis pas certain que l’on va se mouiller plus que cela tant que Trump n’aura pas été clair sur la phase trois de leurs échanges balistiques. Je conclurai en disant que c’est fou, mais on ne parle plus de destitution, plus de Trade Deal et plus d’année électorale. Passez une excellente journée et à demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“A good plan violently executed now is better than a perfect plan executed next week.”

George S. Patton