Avant, sur nos smartphones, on avait des applications pour contrôler nôtre poids, le nombre de verres d’eau que l’on consommait ou un truc pour savoir quel temps il ferait dans 8 semaines d’ici. Maintenant on a un compteur « LIVE » du nombre de décès dus au virus des chauve-souris. Et puis comme on frise les 170 morts et les 7700 personnes contaminées, on est en train de vivre un RETOUR DE LA PANIQUE. Un peu la même panique que l’on avait lundi et que l’on oublié mardi. 170 morts c’est à peu près le nombre de morts causés par la faim dans le monde toutes les 10 minutes, mais comme la faim, ça n’est pas contagieux, on s’en fout complètement, sans compter que l’on ne peut pas vendre des masques de protection à ceux qui meurent de faim. On se contente donc de paniquer tous les deux jours sur les places de bourses mondiales et ça nous donne l’impression d’être « vraiment » concernés par le problème.  

L’Audio du 30 janvier 2020

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La journée pour rien de la semaine

Depuis quelques mois, et sans aller en profondeur dans les détails « statistiques », on sait qu’il y a au moins un jour par semaine où il ne se passe strictement rien sur les indices boursiers. En général c’est le mardi ou le mercredi. Cette semaine c’était le mercredi. Globalement si l’on regarde simplement les indices mondiaux, on peut se dire que si l’on était resté couché, ça aurait été exactement la même chose.

Bon, si on creuse un peu le vernis, on se rend quand même compte qu’Apple a pris 2% après ses bons chiffres de mardi soir. Que Boeing a annoncé sa première perte depuis les années nonante, mais qu’ils ont tellement annoncé de mauvaises nouvelles depuis des mois, que les vendeurs sont, soit fatigués de vendre, soit n’ont plus rien à vendre, ce qui fait que le titre a terminé en hausse de près de 2%. Et puis il y a aussi General Electric qui a annoncé des chiffres tellement bons par rapport à ce que les analystes attendaient, que le titre a pris plus de 10%. Il y a aussi eu l’or et le pétrole qui continuent leur jeu de « à toi à moi », puisque le baril était sous pression à cause qu’on allait tous mourir de la grippe et que l’or remontait parce que mourir d’accord, mais autant faire comme les momies égyptiennes et partir avec plein d’or dans son cercueil. Le métal jaune terminait la journée à 1580$ alors que le pétrole finissait à 52.80$.

Un nom pour le virus

Pendant que l’on se prend la tête avec les conséquences financières éventuelle de la grippe des mangeurs de chauve-souris, l’OMS est en pleine souffrance, parce que selon « leurs standards administratifs », il faut rapidement trouver un nom au virus, sinon ça va être compliqué pour que les gens sachent bien de quoi on parle. Alors je suis super-content que l’OMS s’inquiète du prénom de baptême du virus qui va tous nous tuer et transformer la planète en un grand parking, mais je me demande pourquoi l’OMS ne s’inquiète pas plutôt de trouver un VACCIN au virus plutôt que de lui trouver un nom.

Parce que logiquement, si le virus crève et que nous pas, on ne va pas non plus lui faire une statue à son souvenir et qu’ipso-facto, ça sera important de savoir ce que l’on va graver sur la plaque commémorative. Alors si on veut gagner du temps, on pourrait l’appeler Batman, il semble qu’ils ont de liens familiaux en commun.

Pendant la bourse et après la bourse

Vous l’aurez compris, la journée d’hier était globalement de niveau 7 sur l’échelle de l’emmerdement boursier maximum qui comporte 9 niveaux. On était tout proche des records d’emmerdement – records qui sont généralement atteints quand on négocie avec la Chine ou quand la géopolitique mondiale devient notre centre de préoccupation principal. Par contre, ce qu’il y a de bien en ce moment, c’est que le spectacle se joue en général APRÈS la séance normale. Lors de la publication des boîtes qui sont sur la côte Est des États-Unis.

Hier soir il y avait du monde. Du monde important. Et il y avait surtout besoin de voir si ce « monde important » allait publier des chiffres qui « plaisaient » aux demi-dieux de la finance que sont les analystes financiers. Non, parce qu’il faut dire que nos jours – jours bénis qui nous amené tant de connaissances techniques, boursières et informatiques qui nous permettent d’avoir raison à peu près une fois sur deux dans nos prévisions boursières, financières et économiques. Par opposition à il y a 20 ans en arrière ou nous n’étions juste SEULEMENT 50% du temps. Le progrès est immense et il mérite d’être salué ici.

FTM

Hier soir après la clôture c’était assez simple. « L’After » se résumait en trois lettre : FTM – non, ça n’est pas un groupe de Rap qui vous encourage à avoir des relations intimes et contre nature avec votre mère, mais l’acronyme de Facebook-Tesla-Microsoft. Oui. Non. Parce qu’hier soir il y aussi eu les chiffres de Lam Research, Las Vegas Sands et Service Now, mais je crois que tout le monde s’en foutait comme de sa première brochette de rat ou de son premier « bat-bol de soupe ».

Non, ce qui nous a vraiment intéressé, c’était le résumé du trimestre des trois stars du monde boursier. À tout seigneur tout honneur, on commencera par le premier de la classe, puisque Microsoft a publié des chiffres qui font penser au gamin que l’on détestait à l’école, le gamin qui portait des lunettes, qui était nul en sport et qui s’asseyait tout près de la maitresse et qui surtout : répondait toujours tout juste. La société fondée par Bill Gates a fait tout juste aussi. Partout, dans tous les secteurs. En fait Microsoft c’est un peu le Federer de la finance, on ne trouve rien de mal à dire dessus – sauf Greta qui trouvera toujours un truc de mal à dire.

Le mal-aimé

Les chiffres de Microsoft étaient donc parfaits et il n’y avait rien à dire. Presque du 9 sur l’échelle de l’emmerdement boursier maximum. Le titre prenait 4% après la clôture et tapait les 175$, plus haut de tous les temps. Ensuite il y avait Facebook. En ce qui concerne le réseau social et Wall Street ça a toujours été très compliqué. Déjà Zuckerberg il porte des fringues de jeune et refuse de porter une cravate et ça, ça énerve les banquiers biens pensant qui croient encore que si tu ne portes pas de cravate ; t’es personne.

Donc les chiffres de Facebook ne se jouaient pas tant sur leur qualité, mais plutôt sur le fait de réussir à satisfaire les analystes financiers. Et satisfaire un analyste financier c’est un peu comme réussir à trouver un politicien honnête ou un agent municipal qui a un QI supérieur à 12 sans se déplacer à plusieurs ; ce n’est pas simple. Pour résumer, Facebook a battu les attentes des analystes dans tous les domaines, Zuckerberg s’est montré encourageant sur la gestion de leurs problèmes en cours et pour l’avenir – pour faire simple, pendant un instant on a cru qu’il lisait le communiqué de presse de Microsoft.

Et puis soudainement il a mentionné que dans « certains secteurs matures », la croissance des revenus était devenue une croissance « molle ». À ce moment très précis, on a eu l’impression qu’un car de touristes chinois était entré dans la salle de conférences et tout le monde s’est tiré en courant pour « ALLER VENDRE LA MAUVAISE NOUVELLE de la croissance molle ». Facebook perdait 7% after close pour avoir déçu la communauté des chevaliers blancs de la finance.

Musk sur une jambe

S’il y a un type qui a vécu une soirée de rêve hier, je pense que c’est Elon Musk. Grosso modo, les chiffres de Tesla n’était pas « hyper-impressionnants », quand on regarde la capitalisation boursière du truc et les revenus du trimestre, on se dit que l’arabe du coin qui vend des clopes et des pizzas congelées jusqu’à une heure du matin doit faire à peu près le même de bénéfice. Disons qu’il y a probablement une croissance de 100% par année sur les 25 prochaines années qui est discountée.

Mais pour être honnête, on s’en tape parce que chez Tesla, c’est surtout les mots qui comptent. Et hier, le champion du monde des voitures électriques a annoncé que le modèle Y allait probablement être livré bientôt et ça, c’est TROP COOL comme info. Et il a aussi annoncé que vu qu’ils ont atteint la guidance promise pour les ventes de voitures en 2019 – la guidance était entre 360’000 et 400’000 véhicules livrés et ils ont annoncé 367’500 – donc vu qu’ils sont dans les chiffres, en 2020, ils vont livrer « CONFORTABLEMENT » 500’000 voitures.

ET C’EST ça qui a éclaté tout le monde !!! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ??? ça représente une hausse de 36% des livraisons de voitures, c’est de la FOLIIIIIIEEEEEEE !!!!!!! Le titre a pris 11% after close, la capitalisation boursière est de plus de 110 milliards et Tesla vaut plus qu’aucune marque de voiture n’a jamais valu dans l’histoire américaine et même mondiale. Ford a vendu 17 millions de voitures en 2019.

Et puis alors, Tesla a annoncé qu’ils pourraient éventuellement peut-être voir un impact sur leurs résultats à cause de certains ralentissements dû au Coronavirus en Chine MAIS ça, TOUT LE MONDE s’en fout !!! Vous vous rendez compte ??? L’an prochain ils vont livrer 500’000 voitures et encore, facilement il a dit le Monsieur.

Dans les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, tout d’abord on n’a pas parlé de la FED qui n’a rien fait hier soir et qui n’a rien dit de particulier non plus. C’est d’ailleurs pour ça qu’on n’en n’a pas parlé. Il y a bien deux ou trois obsédés qui se sont inquiété du fait que récemment il y a eu des inversions de courbes entre le 2 ans et le 3 mois et que « ça pourrait éventuellement peut-être, c’est même pas sûr », signaler l’arrivée d’une récession et donc que la FED pourrait éventuellement peut-être, c’est même pas sûr, baisser les taux. Mais pour être franc ; qui se préoccupe d’une récession alors que l’on est au bord de se faire attaquer par plein de Chinois avec des masques de protection.

Pour le reste, on salue les chiffres dont on a parlé ci-dessus, on parle un peu du procès en destitution de Trump et de Trump qui est en train de s’en prendre verbalement à ce connard de Bolton. À ce propos, on peut détester Trump, mais rapport à Bolton, il devient soudainement éminemment sympathique. Et puis on cause évidemment de l’ÉPIDÉMIE… CNBC est devenu un site spécialisé en virologie et ne parle que de ça et de la maintenance de son compteur de morts et d’infectés. On y apprend entre autre que les USA ne baisseront pas les tarifs douaniers même si l’épidémie devait ralentir la croissance chinoise – il n’y a pas de petits profits – mais aussi qu’il y a déjà eu 170 morts – oui, je l’ai déjà dit, mais c’est important de garder la pression sur les investisseurs et de continuer à faire PEUR…

Ce matin la Chine est toujours en train de fêter le nouvel an dans la joie et la bonne humeur, Hong Kong et le Japon sont en baisse de 1.5% parce qu’il y a eu 30 morts en 24 heures et que le nombre d’infectés est plus important qu’à l’époque du SRAS – comme quoi même dans la dèche on arrive à battre des records. Autrement Swiss Air a stoppé ses vols en direction et en provenance de la Chine, mais on reste calme, on ne panique pas. Ou alors juste un peu. Ah oui, si jamais les Anglais sont bientôt dehors de l’Europe, mais niveau timing, tout le monde s’en fout comme de sa première panse de brebis farcie.

Publications en gros

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.65% et on angoisse en attendant la mise à jour de l’application live de CNBC pour le nombre de morts. Il y aura aussi le chômage en Allemagne, en Europe et les Jobless Claims aux USA. Mais franchement, comment on peut encore s’intéresser au chômage, à l’idée d’avoir un job alors que la fin est proche ??? Et puis, pendant que vous serez dans la salle d’attente pour vous faire tester chez le médecin, vous pourrez lire le communiqué de presse de la Bank of England qui devrait probablement annoncer qu’ils ne feront rien.

Du côté des chiffres du trimestre, il y aura du monde puisqu’avant l’ouverture nous aurons Coca et Cola – qui ont récemment fusionné, UPS, Verizon, Blackstone, Biogen, Alexion, Northrop Gruman (encore des méchants qui font des armes et même pas VEGAN), Altria, Valero. Puis, ce soir après la clôture, il y aura Amazon, Visa, Levi’s, Western Digital, EA Sports et Amgen.

Conclusion

Pour conclure cette chronique je voudrais encore préciser que l’on ne peut pas attraper le Coronavirus en mangeant dans un resto chinois – pour autant que vous évitiez la soupe de chauve-souris, la fondue de chauve-souris et le sorbet de chauve-souris en déssert, vous ne pouvez pas non plus attraper le Coronavirus en commandant des trucs chez Alibaba. Et ça ne sert à rien non plus de changer de trottoir chaque fois que vous voyez un chinois. Ils ne sont pas TOUS contagieux. Là tout de suite, ils sont 8’000 à l’être. Sur 1.5 milliard, ça va aller, sans compter qu’ils ne vivent pas tous dans le coin et ne prennent pas tous le Leman Express.

Et puis, finalement, vous constaterez que notre site – Investir.ch – est très lent depuis quelques jours – ça n’a STRICTEMENT rien à voir avec le Coronavirus ou même un virus quelconque. Il se trouver simplement que depuis quelques temps Google est devenu notre ami et notre trafic est en train d’exploser ce qui cause des problèmes de connexion et des ralentissements massifs. Nos techniciens travaillent à trouver une solution et nous vous prions de bien vouloir excuser les désagréments qui en découlent. Nos techniciens ne sont pas basés en Chine pour ceux qui se posent la question.

Je crois que ça suffit pour aujourd’hui. Je vais aller éternuer à l’abri des regards et je vous retrouve demain, je me sens tout fiévreux là tout de suite.

Thomas Veillet

Investir.ch

“The supreme quality for leadership is unquestionably integrity. Without it, no real success is possible, no matter whether it is on a section gang, a football field, in an army, or in an office”

Dwight D. Eisenhower