Donc voilà. Je ne suis pas sûr que j’aie besoin de vous faire un rapport sur ce qui s’est passé hier, puisque visiblement tous les spécialistes et autres experts en marchés boursiers sont tous de retour sur Facebook, LinkedIn, Twitter, le 20 Minutes et le Matin pour publier des « screenshots » de ce qui s’est passé. C’est marrant c’est un peu comme les accidents de la route, dès qu’il y a du sang et des voitures toutes cassées, tout le monde s’arrête et tout le monde à une opinion sur ce qui s’est passé. Là tout de suite, on n’a pas de voitures toutes cassées, mais y a du sang partout et on sent bien que ça en régale certains qui ne savait même pas ce qu’était le S&P500 jusqu’à hier.

L’Audio du 13 mars 2020

 

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De retour en 2008, non, de retour en 1987

Avant de passer les prochains jours à entendre tous les spécialistes en bourse et en épidémiologie du marché – oui, parce qu’avant ils étaient seulement spécialistes en bourse, mais depuis trois jours ils ont décroché un diplôme en épidémiologie et autres virus à l’Université d’Oulan Bator sur internet et ils ont EN PLUS UN AVIS sur le Coronavirus – donc avant qu’ils viennent nous expliquer qu’ils l’avaient dit et qu’ils savaient et que ça faisait 38 ans qu’ils annonçait que ça allait baisser, on va se contenter de constater que :

Les indices américains et européens sont en route pour la pire semaine de leur histoire probablement, il semblerait que, peut-être, le krach de 1987 et celui de 1929 étaient pires. Ils étaient surtout pires dans le sens qu’à l’époque les fenêtres des buildings n’étaient pas verrouillées et blindées et que les gens POUVAIENT sauter – là, il faut trouver d’autres moyens. Mais peu importe, les marchés se sont fait défoncer ENCORE une fois, cette fois parce que les mesures que Trump a annoncé ont été très mal prises, sans compter que personne n’a compris si cela s’adressait uniquement aux touristes ou aussi à tout ce qui est commercial – le commercial a été exempt de sanctions, mais le mal était largement déjà fait.

La BCE est le royaume de l’inutile

Ensuite la BCE et sa nouvelle patronne ont essayé de « faire quelque chose », mais il est clair que lorsque Dame Christine vient annoncer que « les perspectives de l’économie européennes sont carrément pourries et dégueulasses », ce n’est pas le genre de motivation que l’on avait envie d’entendre alors que l’on était en train d’agoniser sous les coups de boutoir des « shorts » qui se délectaient de la fin du monde parce qu’ils l’avaient annoncée depuis le 1er janvier 2009. Ah mais ce n’est pas tout, la BCE a également annoncé qu’elle injectait 120 milliards dans l’économie pour soutenir les banques et leur faciliter le crédit à court terme – comme si les banques prêtaient encore de l’argent de nos jours. – déjà que pour obtenir une carte de crédit, il faut au moins passer par une coloscopie, autant dire que pour emprunter pour autre chose ça devient carrément « Indiana Jones et la Banque Maudite » – enfin bon, on est content de savoir que la BCE pense en priorité à aider les banques. Et avec 120 milliards. Ce qui correspond plus ou moins au même effet que si vous avez ; un cancer, la malaria et une hépatite C et une maladie orpheline et que votre médecin vous propose de prendre des granules homéopathiques pour vous soigner.

Le marché a donc moyennement apprécié le discours de Madame Lagarde, sans compter qu’elle avait l’air presque aussi heureuse que Draghi l’était en son temps. On a le sentiment que dès que tu deviens patron de la BCE, tu tombes en dépression nerveuse, tu ressembles à un cocker neurasthénique et tu donnes l’impression que tu pourrais partir en vacances pendant 20 ans. Le seul qui doit d’ailleurs se marrer aujourd’hui, c’est Draghi, vu que la seule décision qu’il doit prendre tous les matins, c’est « quels appâts il doit prendre pour aller pêcher »… Au-delà de l’intervention inutile de la BCE, la FED a fait de même, mais avec 1500 milliards pour un effet tout aussi inutile. Je crois qu’hier on aurait pu annoncer qu’Apple rachetait tout le CAC40 avec 50% de prime, que la FED baissait les taux de 12 % et que les Avengers se reformaient parce qu’Iron Man, en fait, il est pas mort, le marché aurait baissé quand même.

Le salaire de la peur

Et pour avoir baissé, il a baissé. Les pourcentages de baisse donnent carrément le tournis. On a l’impression que l’on n’avait jamais vu ça. Mais c’est faux, on l’avait déjà vu, c’est juste qu’avec Alzheimer qui guette et le fait que dans le monde merveilleux de la finance on oublie tout très vite, on refuse de s’en souvenir. Et puis il y a une chose qu’il faut tout de même noter, c’est l’indice de la volatilité, ce fameux VIX. Lui, hier, il a totalement pété les plombs, un peu comme le prompteur débile de Macron hier soir, un prompteur qui avait choppé le Coronavirus visiblement. L’indice VIX a donc terminé la journée PLUS HAUT que lorsque Lehman Brothers a fait faillite, plus haut que lorsque le système financier ET LE système capitaliste étaient au bord du gouffre. On a plus peur d’un virus ingérable que de voir tout le système financier s’effondrer. Je ne suis pas loin de penser que nous sommes entrés non seulement en zone de panique, mais également en plein hystérie collective.

Les gens sont prêts à voler et à se battre pour avoir accès à des solutions hydro-alcooliques et sont prêts à tout pour avoir des masques, sans compter ces abrutis qui stockent du papier toilette comme si c’était de l’or, autant dire que quand l’être humain en arrive là, ce n’est pas vraiment étonnant que la bourse se fasse défoncer comme si ça ne coûtait rien. Et ne venez pas me dire que la baisse des bourses n’a rien à voir avec le Coronavirus et que c’est juste les dérives d’un système qui se remet à zéro et que le Coronavirus a été créé par la CIA et que c’est en réalité le Télétubbies qui dirigent le monde. Bref, la panique est là, le krach et là, nous sommes dans un Bear Market et à entendre les « EXPERTS EN CORONAFINANCE » agrégés de l’Université d’Oulan Bator, ce n’est que le début, la fin est proche et il paraît qu’il y a des morts du Coronavirus qui se sont réveillés hier et ont tenté de mordre des êtres humains.

Et ça continue encore et encore

Pour ce qui est des chiffres d’hier, on va faire simple. D’abord c’est rouge et ensuite il n’y a rien qui a baissé de moins de 9%. L’Italie remporte la palme d’or de la journée, puisque le tarif à Milan c’est bientôt « tous les jours 15% », il est vrai que l’Italie ne vendra plus JAMAIS rien, que plus JAMAIS personne n’achètera des Ferrari’s, des Fiat’s, du Sassicaia ou n’ira jamais plus ne week-end à Rome. En gros c’était massacre à la tronçonneuse partout dans le monde et je ne sais pas quand est-ce que ça va s’arrêter, mais comme on approche tout de même d’un niveau de débilité maximale, on va bien finir par trouver un fond. Ce qu’il y a d’inouï, c’est que l’on balance tout, tous azimuts, en partant du principe que nous allons entrer en récession. D’accord, mais on va entrer en récession ; pas à l’âge de pierre.

L’avenir nous le dira, mais nous sommes gentiment en train d’atteindre des niveaux totalement débiles en essayant de « pricer » une récession mondiale avec pour tout indice : un compte Facebook et les théories du voisin consanguin qui a une cousine qui bosse avec Macron qui lui a dit qu’il allait fermer les frontières.

Nouveau jour, nouvelle vie, nouvelle claque dans la gueule

Ce matin n’est probablement pas celui de la rédemption, parce que quand on allume ses écrans et que l’on voit que Tokyo est déjà en baisse de 8%, que Hong Kong se plante de près de 6% et que la Chine n’en a rien à taper, on se dit que le monde est devenu complètement dingue et qu’il ne lui reste plus qu’une chose à faire ; c’est boire à midi. Et en grosse quantité.

L’or n’est même plus une valeur refuge, plus personne n’en veut, puisque depuis que Trump a coupé les liaisons avec l’Europe et que Macron a fermé les écoles – sans pour autant garder les enfants à l’intérieur – hélas – les intervenants sont passés en mode « acceptation » – acceptation du fait que l’on va tous mourir et qu’avoir de l’or au cimetière, même si les guignols dans les églises, les mosquées et autres synagogues essaient de nous vendre la théorie de la vie après la mort, on a quand même des doutes. Là tout de suite, l’or vaut 1576$ et plus personne ne parle du pétrole qui est trop bas et des Saoudiens et des Russes qui se balancent la vaisselle à la figure, mais entre vous et moi, le pétrole est à 32$ et c’est le seul truc qui pointe en vert pour le moment. Mais rassurez-vous dans un besoin naturel d’homogénéité, le rouge devrait reprendre le dessus tout soudain.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, évidemment on parle Coronavirus et presque uniquement Coronavirus. La femme du premier ministre canadien, Sophie Trudeau a été testé positive et a été mise en quarantaine, comme son mari. Trump a serré la main d’un brésilien infecté et on ne sait jamais, mais sur un coup de bol, ça pourrait être drôle. Biden estime que tout est de la faute de Trump dans un discours brillant et plein d’intelligence qui le place intellectuellement juste entre le bigorneau et la moule pas fraîche. On est vraiment content d’avoir le choix entre deux débiles en novembre. Autrement le marché indien dont tout le monde se fout habituellement est en baisse de 10%, on parle d’implosion des banques en Inde.

Les banques dans le monde entier sont en mode panique parce que leurs clients qui ont des lignes de crédit viennent les utiliser pour de vrai !!! LES CHIENS, non seulement on leur prête de l’argent MAIS ILS LE PRENNENT !!! Vous vous rendez compte ? Des banques obligées de prêter de l’argent. On croit rêver. On parle de aussi d’AirBnB qui avait prévu de venire en IPO cette année… bien essayé mais là tout de suite, va falloir faire autrement. Pas convaincu que le marché soit ouvert à déverser du fric un peu partout pour un truc dans le tourisme, surtout dans un monde où aller à la boulangerie sans solution hydro-alcoolique se rapproche plus d’une partie de Jumanji que d’acheter simplement une baguette.

Et puis, pas de F1 en Australie, plus de NBA, pas de play-offs en hockey en Suisse, pas de Baseball aux States, rien sur le championnat du monde de ping-pong, mais on craint le pire. Plus de théâtre, plus de réunions de plus de 50 personnes – hier la Police Municipale vérifiait dans les bars de Genève s’il y avait bien moins de 50 personnes à l’intérieur. Il est assez choquant de voir que les Agents de la Police Municipale Genevoise savent compter jusqu’à 50. Sans compter que comme d’habitude ils sont plutôt dans les bars pour boire l’apéro, ça a dû leur faire bizarre. Les pauvres.

Bref, on vit une époque formidable. Côté chiffres économiques, nous aurons le CPI en Allemagne, en France et en Espagne. Je sais que vous vous en foutez, mais je tente quand même de vous distraire avec des fondamentaux. Il y aura aussi les prix à l’exportation et à l’importation aux USA et le rapport de la confiance du consommateur version Université du Michigan. Pour le moment les futures sont en hausse de 3% aux USA, ce qui ne veut absolument rien dire, puisque 3% peuvent être effacé en 12 secondes avec un tweet de Trump ou un discours de Trump ou Macron qui fermerait les frontières…

La bonne nouvelle du jour c’est que ce soir c’est le week-end et qu’au moins pendant 48 heures, on est sûr de ne pas avoir des swings de 10%.

Je profite de toutes ces belles nouvelles et de cette ambiance festive pour vous encourager à vous inscrire à notre « newsletter » – c’est gratuit c’est en haut à droite du site, là où c’est écrit : « Newsletter » et « votre adresse email » juste en-dessous. Non, je dis ça parce qu’il y a de plus en plus d’inscriptions et que comme on est proche des 5’000, ça serait pas mal d’y arriver. Et puis ça fera au moins un truc qui monte en ce moment, ça nous changera.

Passez une très belle journée et que votre week-end soit doux. N’oubliez pas de vous laver les mains 212 fois par jour et buvez votre solution hydro-alcoolique avec un peu d’apérol dedans, ça change tout.

Thomas Veillet

Investir.ch

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