Pour la première fois de ces 2020 dernières années, on ne semble même pas se réjouir du week-end de Pâques. Forcément, on est déjà à la maison depuis des semaines et pour ceux qui espéraient partir en week-end prolongé, ça fait déjà un moment que l’on avait compris que c’était réglé. Alors on passe nos journées à analyser les chiffres du Coronavirus et à les interpréter. On regarde ce que pensent les gens qui comptent dans chaque pays et hier on a été pas mal occupé parce que l’Elysée a donné pas mal d’infos, le Conseil Fédéral en Suisse a pas mal causé aussi et puis il y a Fauci aux USA – Fauci c’est le directeur de l’institut des maladies contagieuses et il profite de chaque fois que Trump ne parle pas pour essayer de temporiser les déclarations de son boss. En même temps, il est en poste depuis 1984, alors des Présidents, il en a vu.

L’Audio du 9 avril 2020

 

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D Day

Nous avons donc passé notre journée à écouter les grands de ce monde qui nous ont expliqué ce qui se passait, ce qui allait se passer et ce qui pourrait se passer. Ensuite nous avons mis tout ça dans un grand chapeau, on a mélangé et on en a tiré des conclusions. Les conclusions, en Europe, c’était que c’était quand même beaucoup monté et qu’il n’y avait pas urgence de courir derrière les indices là tout de suite. Surtout alors que la France annonçait une prolongation du confinement mais sans trop donner de dates tout en laissant entendre que ça pourrait encore être long et compliqué et que ce n’était pas encore demain que l’on allait se retrouver sur les terrasses du port de Saint-Tropez.

Le gouvernement de Macronie a également donné les chiffres du PIB français qui s’est littéralement effondré – ce qui n’est pas non plus une énorme surprise – pour mars le PIB est en baisse de plus de 6% et c’est la pire chute depuis 1945 – une époque où le niveau des dénonciations était pratiquement le même en France. La surprise n’est donc pas énorme, il était même plutôt clair que ce n’est pas avec la production d’asperges (dont TF1, France2 et M6 parlent un soir sur deux dans le journal du soir) que l’on allait compenser la perte de production de l’Hexagone. Ça n’a néanmoins pas poussé les investisseurs à se jeter sur le CAC40, surtout qu’il venait de grimper de 22% depuis la mi-mars. On retiendra tout de même que le marché avait ouvert au fond du trou parce que l’Europe n’arrivait pas à trouver une réponse conjointe – sachant que l’Europe est probablement sous respirateur depuis le début de la crise et ne montre aucun signe d’amélioration – mais qu’en fin de séance on limitait tout de même la casse.

En Allemagne et en Suisse

Ailleurs ça n’allait pas super-super non plus, puisque l’Allemagne annonçait que leur économie pourrait plonger de 10% sur l’année, tout comme la Suisse par la voix du Conseil Fédéral. Oui, parce qu’hier le Conseil Fédéral tenait sa conférence de presse du mercredi et comme d’habitude on s’est éclaté dans une ambiance festive avec des Conseiller Fédéraux qui savent comment animer une conférence de presse en gardant une intensité de folie. On nous a appris que le PIB suisse pourrait plonger de 10% en 2020 et qu’un chômage à plus de 7% pourrait être une vraie réalité. Un taux de chômage de 7% pour la Suisse – ce qui est un scénario catastrophe pour les Helvètes et qui serait une réussite pour certains pays limitrophes. Et encore, on a de la chance, parce tous les indépendants ne seront pas comptés dedans, puisqu’ils n’ont pas le droit au chômage – ça pourra permettre des sauver la face.

Tous ces chiffres économiques angoissants pesaient quelque peu sur le moral hier. Pourtant, en arrière-plan il y avait tout de même du bon, puisqu’apparemment la tension hospitalière est en train de se réduire. Oui, il faut que je vous explique ; au début on regardait l’augmentation de la contagion par pays. Ensuite on s’est mis à regarder le nombre de morts par jour et à scruter la moindre réduction de ce dernier chiffre et puis hier Monsieur Fauci nous a expliqué que le nombre de morts n’avait plus de sens – sauf si vous en faites partie – et qu’il fallait regarder le niveau de stress dans les hôpitaux – on utilise donc un nouveau terme : la tension hospitalière.

Alors ce n’est pas très facile à mesurer. On regarde bien sûr le nombre de patients atteints du Coronavirus qui sont admis chaque jour, mais il faut aussi regarder l’état de stress et de nervosité du personnel. Pour ce faire, il n’y pas de réel indicateur, si ce n’est que lorsque vous voyez un groupe de médecins spécialistes en pneumologie et en maladies infectieuses qui se pointent à l’hôpital avec leur sac de golf pour aller faire un 18 trous à midi, c’est une indication comme quoi ça se « détend » un peu. Tout ça pour vous dire que Fauci semble un peu plus serein parce que la tension hospitalière est un peu moins grande aux USA – et qu’en France on voit que les médecins qui sont interviewés au 20 heures de TF1, sont un peu moins jaunes/gris qu’il y deux semaines.

Bye Bye Bernie

À New York, en dehors des commentaires de Monsieur Fauci, on a également pris la mesure des Minutes du dernier FOMC Meeting publiées hier soir où l’on apprenait que les dernières décisions de la FED n’avaient pas été prises à l’unanimité – ce qui actuellement nous fait une belle jambe, sachant que ce qui est fait, est fait. Par contre en lisant les Minutes, on a tout de même su lire entre les lignes pour y trouver un semblant d’optimisme qui laisserait supposer qu’éventuellement peut-être, la FED pourrait nous remettre une couche de stimulus prochainement – pour être franc avec vous, mis à part nous braquer un flingue sur la tête pour nous forcer à consommer ou à ne pas déprimer, on voit assez mal ce qu’ils pourraient faire, mais disons que cela faisait souffler un vent d’optimisme sur Wall Street.

Autre bonne nouvelle qui donnait le sourire aux intervenants hier soir : Bernie Sanders renonce à prendre part à l’élection présidentielle, laissant la voie ouverte pour un match Trump-Biden. Ce qui mettait surtout du baume sur le cœur des traders, c’est que l’on sait que ce ne sera pas un type un peu trop à la gauche de la gauche qui prendra le pouvoir aux States et ça, ça rassure. Visiblement l’investisseur moyen américain était terrifié de voir le pays passer sous domination gauchiste – pas comme à Genève. Le marché US a donc fini une relativement belle journée en hausse de 3%, effaçant du même coup le dégonflage en règle de la veille après les chiffres catastrophiques annoncés par Cuomo hier – surtout que depuis on a compris que les morts ne sont qu’un « lagging indicator » et qu’il faut se concentrer sur la « tension hospitalière ». On en apprend tous les jours. Surtout qu’on vient à peine de finir notre 4ème année de virologie avec le cours de l’Ecole Club Migros qui s’appelle : « passez votre doctorat en virologie en deux semaines de cours du soir ».

Nous sommes jeudi

Nous sommes jeudi et la bonne nouvelle, c’est que c’est congé demain – enfin, pas partout, mais comme cette année on fait plus ou moins ce qu’on veut, profitons. Ce matin le Nikkei est en baisse de 1%, Hong Kong monte une bricole, tout comme la Chine.

L’or ne parvient toujours pas à remonter au-dessus des 1700$ et le baril est à 25.76$. Grosse journée pour l’or noir, puisque ce jeudi marque le jour de la réunion de l’OPEP et que l’on attend beaucoup des Russes et des Saoudiens. Autant la journée peut être belle, autant la déception pourrait être grande et Trump pas content. Plus de nouvelles sur le sujet dans la chronique de demain qui s’intitulera « Donald au pays de l’Or Noir » – un épisode inédit qui pourrait finir sur NetFlix l’an prochain. À moins que ce soit sur Disney +. À noter que pour le moment les Russes n’ont pas l’air trop d’accord de ce projet de coupes de production et qu’en plus de l’OPEP, il y a aussi le G20 qui se réunira sur Skype vendredi pour aborder le même sujet.

Telle est cette journée en Suisse et dans le Monde

Pour ce qui est du reste des nouvelles, on parle des nouvelles souscriptions qui font un carton chez Disney+ – plus de 50 millions d’abonnés déjà. Le titre prenait 4%. Puis il y a toujours le thème du Coronavirus, mais là on a déjà fait le tour. On parle aussi du renoncement de Bernie Sanders et du fait que Boris Johnson va mieux et qu’il peut recommencer à s’asseoir. On a aussi le résultat des analyses des Minutes du FOMC Meeting – si les analyses de surface hier soir n’ont pas donné grand-chose, on a depuis pris le temps de fouiller dans les détails et, selon les experts, on estime que la FED et ses membres sont très incertains pour l’avenir de l’économie.

On est content de savoir qu’ils ne savent pas – on se sent nettement moins seuls.

Retenons encore que l’UBS et le Crédit Suisse viennent d’annoncer qu’ils vont repousser le paiement des dividendes alors que la FINMA les critiquaient massivement sur le sujet ces derniers jours. La FINMA est, paraît-il, très contente ce matin.

Il y aura un paquet de chiffres économiques un peu partout dans le monde aujourd’hui, on observera tout particulièrement le Trade Balance en Angleterre et les Jobless Claims aux USA. Les USA qui seront fermés ce vendredi, mais ouverts lundi prochain à l’inverse de l’Europe. Pour le moment les futures sont quasiment inchangés et on va avancer à petits pas pour entamer cette journée.

Voilà, c’est tout ce que j’ai trouvé à vous raconter ce matin, je vais aller faire mon cours de yoga en ligne avant d’enchainer un cours de microbiologie moléculaire sur la version 20 et 21 du COVID et je vous retrouve demain – pour ceux qui daigneront me lire alors que c’est congé et qu’il faut rouler les cloches et regarder les œufs s’envoler pour Rome alors que tout est confiné.

Passez une belle journée et à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

A nation that destroys its soils destroys itself. Forests are the lungs of our land, purifying the air and giving fresh strength to our people.

 

Franklin D. Roosevelt