Il y a une chose qui ne cessera jamais de m’amuser, c’est d’observer la vitesse à laquelle l’état psychologique des marchés peut changer. Je ne dis pas qu’hier matin nous étions au bord de l’euphorie, mais disons qu’un peu partout dans le monde, tout le monde s’est mis d’accord pour se motiver en se disant que « quand même la BCE pourrait bien annoncer un plan de stimulus supplémentaire ». Après tout, les Banques Centrales du monde entier ne croulent-elles pas sous l’argent frais ? Argent frais dont elles ne savent ABSOLUMENT plus quoi faire. Et puis n’y avait-il pas non plus l’annonce fracassante de Cuomo qui parlait de ré-ouvrir l’économie new-yorkaise par paliers ? Non, définitivement, la journée d’hier était belle, encourageante, ensoleillée et un peu à l’image de la météo d’hier, tu pouvais prendre un coup de soleil à 14h et te noyer sous l’orage à 17h.
L’Audio du 28 avril 2020
Et puis en lisant la presse ce matin…
La journée aura en effet été plutôt belle, les marchés européens rebondissaient tels des petits cabris qui sautillaient de bonheur dans les champs. Bon, ils ont quand même pris soin de ne pas casser leurs résistances, le CAC40 est bien resté sous les 4600 et le DAX sous les 10800, mais par contre toutes les sociétés des indices qui étaient susceptibles de bénéficier des aides de l’Etat providence se retrouvaient avec des performances de folie – on citera au passage Renault qui va probablement encaisser le pactole en espérant que la magie du gouvernement français va faire qu’une fois le confinement terminé, tout le monde va se ruer dans des concessions Renault pour acheter des voitures. Ce qui n’est pas impossible en tablant sur le fait que toutes les autres marques pourraient disparaître entre deux et qu’à la fin, il ne reste comme choix que la Zoé et la Renault Captur. Je roule actuellement avec une Zoé en test, je dois vous dire que je suis moyennement impatient d’avoir à faire le choix. Et puis comme on dit : « une Renault c’est bien. Une voiture, c’est mieux ».
Toujours est-il qu’hier les marchés étaient plein de vigueur. En Europe c’était du délire et aux States, on se réjouissait de pouvoir ressortir partout dans le pays et se faire des « high fives » toutes les 5 minutes. Dans l’Etat de New-York on en rêvait et en Californie, on le faisait puisque les plages sont noires de monde un peu partout. Mais en respectant la distanciation sociale bien sûr. Bref, la semaine démarrait sur les chapeaux de roues et Tesla frisait à nouveau des altitudes indécentes parce que l’on s’autorisait à penser que ses usines allaient pouvoir rouvrir tout soudain. Et puis ça a été démenti hier soir. Alors je ne sais pas si c’est à cause de ça, mais ce matin en lisant la presse financière américaine, on a plutôt envie de s’ouvrir les veines avec un rouleau de fil de fer barbelé que de courir demander un crédit chez CETELEM pour investir en bourse. Alors je ne sais si c’est parce que le pétrole se fait encore une fois défoncer en « anticipation » de la prochaine échéance – à ce propos il faut d’ailleurs noter que l’on a fait des ENORMES progrès, puisque sur l’échéance de mai on n’a rien vu venir jusque dans les dernières 24 heures, mais par contre sur l’échéance de juin, on est tellement devenu experts après les cours de l’Ecole-Club-Migros, que l’on anticipe trois semaines avant – mais en plus du pétrole , il y avait aussi le fait que les journaux semblent faire la place belle à des articles qui poussent au suicide et à la dépression.
Rosenberg en tête
Ce matin c’est les prévisions du marabout Rosenberg qui donnent envie d’abandonner la finance et de se lancer dans la fabrication de « meth » en espérant que « cette économie-là » ne s’effondrera pas. Le patron de l’éponyme Rosenberg Research (on notera le gros effort marketing sur le nom de la boîte) estime que nous ne sommes qu’au début de la vague d’effondrement économique. Il a même pris le temps de mettre au point plusieurs scénarios, mais quand on finit de lire le premier on se demande s’il ne vaut pas mieux aller se saouler avec quelque chose de fort avant de lire le second.
Je ne vais pas vous faire perdre du temps avec ça, ni accentuer votre dépression déjà bien avancée après des mois de confinement, mais disons que son scénario « positif » prévoit un taux de chômage de 12-13%, une contraction du GPD de 30% (vous noterez encore une fois le chiffre rond) – je crois que Yellen pense la même chose sur ce sujet – et puis il pense aussi qu’il y aura une seconde vague de Coronavirus et que ça sera la merde tant qu’on n’aura pas de vaccin et comme ça va encore prendre 18 mois, je vous laisse faire le calcul. Les gens vont arrêter de consommer et perdre confiance. Je rappelle donc que ça, c’est le scénario « optimiste ». Je pense que dans l’intérêt de tous et afin de ne pas retourner le couteau dans la plaie, je vais m’arrêter-là.
Tout ça pour dire
Tout ça pour vous dire que c’est très étrange de voir des journées grisantes et euphorisantes comme celle d’hier, des journées où l’on SAIT que les politiques et les banques centrales vont voler à notre secours – comme Macron l’a fait pour Air France – d’ailleurs il est intéressant de vorque depuis que la France va injecter des milliards dans Air France-KLM – ce n’est plus qu’Air France tout seul. Probablement encore un coup de la GRANDE UNION européenne où on est tous des frères – mais qu’on s’aime pas trop quand même. Bref, donc hier on était tout excité au nom du soutien absolu des institutions et ce matin, la déprime est palpable, puisque les futures sont en baisse, les gourous en faveur de l’extinction de la race humaine sont de sortie et le pétrole se fait déchirer parce que plus personne n’a de jerrycans ni de bouteilles d’Evian a dispo pour stocker du physique pour l’échéance du 18 mai.
Actuellement le future juin se traite à 10.95$, alors que le juillet est à 18$ et l’août à 21.50$. ce qui laisserai supposer qu’à un moment donné, entre mai et juillet on va quand même recommencer à consommer du pétrole et à éponger les stocks. Ce qui serait bien c’est que les gouvernements arrêtent de taxer le baril comme des bœufs et permettent ainsi de faire le plein pour pas cher. Comme ça on pourrait tous acheter des V8 et les laisser tourner au feu rouge juste pour consommer plus et relancer l’industrie du pétrole, il faut tout de même penser à la famille Ewing qui ne vit que de ça. Notons tout de même que le « fameux » tracker USO a annoncé qu’il vendait toutes ses positions à court terme afin de se lancer dans un stratégie plus « longue » – on prend les paris pour dire combien de temps il lui reste avant de disparaître ?
Aujourd’hui et maintenant
Alors que l’on doit composer avec nos démons de la veille, ce matin l’Asie ne fait rien. L’or revient sur les 1710$ parce que selon les experts, la fin des confinements veut dire que ça va mieux et que donc on n’a plus besoin de valeur refuge. En ce qui me concerne, je parie mille balles que dans les dix jours l’or reprend 12 dollars et qu’on va nous sortir la même excuse, mais dans l’autre sens. On dit souvent que les marchés oublient tout et n’apprennent rien, mais je pense que les journalistes financiers, c’est encore pire.
Les nouvelles du jour
Dans les nouvelles du jour, il faudra retenir que le fonds de sauvetage qui est censé sauver les entreprises aux States a des problèmes informatiques qui ne leur permet pas de fonctionner normalement. Encore un coup de Bill Gates. Entre ça et le fait de vouloir pucer la planète entière comme des chiens, il est au front. Il y a aussi les producteurs de viande aux USA qui mettent en garde contre le fait qu’ils pourraient être rapidement à court de matière première. Finalement les VEGANS pourraient bien gagner la partie et on pourrait même se demander si le Coronavirus ne vient pas de là.
Dans le secteur aéronautique, Delta emprunte de l’argent dans le marché, AirFrance-KLM emprunte de l’argent à Bruno Le Maire, Boeing pense qu’il faudra des années pour qu’ils puissent à nouveau payer un dividende, le CEO a déclaré qu’il voulait d’abord reconstruire son bilan post-pandémie avant de payer des dividendes – c’est drôle comme tous les problèmes de Boeing semblent venir de la pandémie et que plus personne ne parle de la déconfiture du 737MAX. Et puis il y a Airbus qui laisse entendre que « si ça continue » l’entreprise elle-même pourrait disparaître – encore un clin d’œil à la Le Maire Credit Company qui pourrait intervenir pour sauver le fleuron de l’industrie française – rappelons aussi que soudainement Airbus est français. Plus européen. Il serait d’ailleurs bon que l’on pense à faire quelque chose des bâtiments du parlement européen vu que visiblement ça ne sert plus à rien.
Dans les nouvelles internationales, mais plus loin, il y a Trump qui veut tester, tester et tester le plus possible – encore un coup de Bill Gates – vu que le Président n’a pas reçu l’approval de la FDA pour injecter de la javel aux malades du Coronavirus, il cherche d’autres alternatives. Pendant ce temps, vu qu’il est « multi-task »,Trump a tout de même réussi à annoncer « qu’il sait exactement ce qu’il se passe avec Kim Jong Un, mais qu’il ne peut pas le dire » – on ne sait pas s’il est en mort cérébrale ou s’il a changé de sexe pour se faire appeler Kim Jong Une, mais Trump, il sait, lui. Pendant ce temps son successeur à la Maison Blanche – Joe Biden – vient d’annoncer qu’il est en train de mettre en place un team de transition pour préparer son arrivée à la Maison Blanche après sa victoire de novembre. Au moins, il y a en a un qui pense que tout est déjà réglé.
Pour ce qui est du reste de la journée, on semble à court d’arguments pour monter, la FED se réunit dès ce soir mais ne parlera pas avant mercredi et la BCE, c’est pour jeudi, il y aura aussi un wagon de chiffres trimestriels, on notera surtout AMD, 3M, Starbucks, Caterpillar, BP, Harley, Google, Pfizer et UPS. Là tout de suite, les futures sont en baisse de 0.4% et la récession, la dépression et la répression n’en sont qu’au début de leur règne, que la force soit avec vous et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“If you fail to prepare, you’re prepared to fail.” – Mark Spitz