On a parlé d’autre chose pendant presque une séance. C’est tout bonnement incroyable, mais après 6 semaines dédiées presque totalement à l’interprétation et aux conséquences liées au Coronavirus et des tonnes de gags qui circulent sur Facebook pendant le confinement – nous avons passé une séance ENTIÈRE à parler d’autre chose !!! Pendant un bref instant je me suis senti projeté dans le passé. Un passé où on pouvait encore aller au restaurant, un passé où les gens étaient intéressés par les fondamentaux, la micro-économie et que même des fois ils attendaient avec impatience les publications trimestrielles.

L’Audio du 3 avril 2020

 

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Pas complétement guéris

Pendant une séance – au-delà du fait que la plupart d’entre nous étaient devant leurs écrans en pyjama ou en shorts et n’avaient plus eu aucun contact avec une brosse à cheveux depuis 2 semaines – on se serait cru dans un marché presque normal avec des préoccupations de traders ou d’investisseurs. Des préoccupations qui n’étaient pas obsédées par le Coronavirus, des préoccupations qui nous dispensaient pendant quelques heures de se prendre la température toutes les cinq minutes et de vérifier si on a toujours de l’odorat à toutes les inspirations.

Et cette journée exceptionnellement normale, cette journée qui nous ramenait dans temps que les moins de 2 mois ne pouvaient pas connaître, c’est grâce à Trump le magicien que nous avons pu nous l’offrir. Il faut reconnaître que ce type est formidable, j’en arrive même à me demander ce que l’on aurait fait de ces 3 dernières années s’il n’avait pas été là avec son compte Twitter. J’en profite pour insister sur le fait qu’il faut ABSOLUMENT qu’il soit réélu en novembre – Coronavirus ou pas – sinon on va gravement s’ennuyer avec Biden, il sera marrant de le voir accumuler des conneries et confondre le nom des autres Présidents et des autres pays, mais jamais son compte Twitter ne sera autant une source d’information pour nous, pauvres mortels. Jamais Biden ne parviendra à devenir le centre du monde de l’investissement à lui tout seul.

Un mythe

Depuis début 2017, Donald nous a régalé avec ses réductions d’impôts, ses plans fiscaux, sa guerre des mots avec le coiffeur nord-coréen qui a grandi en suisse, sa guerre des taxes douanières avec les Chinois, sa haine des Iraniens et ses séances de tirs au pigeons dans la région et puis, plus récemment ses décisions à l’emporte-pièce durant la crise du Coronavirus, des décisions qui ont laissé supposer encore une fois –si le doute était encore permis – que Trump était le champion du « tournage de veste » à grande vitesse. Mercredi encore, le Président Américain faisait flipper tout le monde avec un bilan estimé de 100 à 240’000 morts, bilan qui envoyait encore une fois le marché dans ses doutes les plus sombres et puis hier, en un seul tweet et en un seul coup de fil, « Magic Trump » nous a permis, pendant une séance, de parler d’autre chose que du Coronavirus, de nous souvenir qu’un jour on a eu un vrai job, dans une vraie entreprise et qu’il fût une époque, on parlait à des gens, on pouvait sortir sans masque, une époque où l’on se préoccupait encore de savoir s’il y avait du gluten dans le plat du jour. Aujourd’hui on fait du pain soi-même avec les 243 kilos de farine qui sont stockés dans toutes les pièces de la maison et même si le pain en question ressemble plus à des cookies ratés, mais sans les pépites de chocolat, on a l’impression d’avoir la chance d’avoir du pain frais sans faire la queue à la boulangerie où c’est devenu très risqué d’aller. Sans compter que peu importe l’heure où vous y allez, il ne reste de toute façon que du pain complet avec 34 céréales.

Tout ça pour vous dire qu’hier Trump a changé nos vies et nous a ramené à la vraie réalité des vraies informations de marché, des infos solides et réelles qui nous amènent à nous souvenir que l’économie est une science et que nous sommes dans un vrai marché de professionnels. Oui, hier Trump a parlé à MBS – le roi du pétrole – et il est revenu avec des très bonnes nouvelles pour le pétrole justement. Pour faire simple, on ne sait pas trop ce qu’ils se sont dit, mais toujours est-il que le Président élu à vie en Arabie Saoudite aurait dit à Trump qu’il allait couper dans sa production pétrolière pour soutenir le prix du brut. Selon une source officielle, il aurait parlé de 10 millions de barils en moins par jour. La source officielle étant le compte Twitter de Trump.

Le retour d’une certaine rationalité

Le tweet de Trump disait très exactement :

« Je viens de parler à mon ami MBS d’Arabie saoudite, qui a parlé au président Poutine de Russie, et je m’attends à espérer qu’ils réduiront environ 10 millions de barils, et peut-être beaucoup plus qui, si cela se produit, sera GRAND pour l’industrie du pétrole et du gaz! »

À partir de là, le marché a repris les choses en mains et a mis au travail toute la rationalité et la mesure dont il sait faire preuve dans ce genre de moment. Le baril a repris près de 30%. Passant de 20$ et des poussières à 27$ ou presque au plus haut de la journée. Parfaitement posé, rationnel, logique et sans volatilité aucune. Surtout que ce matin on est déjà de retour à 23.88$, parce qu’après avoir relu le tweet 243 fois on a finalement remarqué qu’il y avait du conditionnel et des peut-être dedans et sans compter que selon les « experts », couper la production de 10 millions de barils/jour est virtuellement impossible. Quoi qu’il en soit, Trump s’attend à que la « crise pétrolière » soit réglée dans les jours qui viennent et, si c’est le cas, ça sera sûrement grâce à lui. La discussion qui a dû avoir lieu a dû être mythique – entre MBS qui veut sauver la face et Trump qui voulait mettre les vidéos de surveillance de l’ambassade d’Istanbul sur YouTube, ça devait être quelque chose.

Bref, le pétrole est remonté

Le pétrole est donc remonté, le secteur pétrolier est remonté et pendant quelques heures, la bourse a parlé d’autre chose que de bilans anxiogènes et de records de décès sur la journée ou encore d’impacts conséquent sur l’économie mondiale. Globalement les marchés ont tous fini en hausse, le pétrole plus que le reste et maintenant on se concentre sur les chiffres économiques de cette après-midi. Chiffres qui seront immondes, reste à voir de combien plus immondes que les attentes.

Oui, parce que cette après-midi, à 14h30, il y aura les chiffres de l’emploi aux USA et quand on sait que l’emploi n’est pas le truc qui cartonne le plus en ce moment, mis à part dans le business du ramassage de fraises ou d’asperges et aussi dans le chapardage de raisin – puisque le Conseil d’Etat Genevois s’est montré très préoccupé par ce genre de comportement dans la campagne genevoise – je suis d’ailleurs très heureux d’apprendre que grâce au Coronavirus, le raisin pousse dorénavant au mois d’avril. On doit vraiment avoir très faim à Genève pour aller piquer du raisin à 5 mois de son terme. Mis à part le fait qu’Hodgers est en train de réinventer les saisons, on retiendra tout de même que les USA vont publier leurs chiffres de l’emploi et que ça ne sera pas bon. Pas bon de combien, ça sera la surprise du jour, mais dans le doute, les future sont en baisse de plus de 1%.

Moins 100’000 ou moins 1 million

En attendant que l’on sache si il y a une destruction de 100’000 emplois ou plus, si le chômage montera à 3.8% comme attendu ou à 5% comme PAS ATTENDU, les marchés asiatiques sont tous légèrement dans le rouge, ils ne vont pas prendre de risques inconsidérés alors qu’ils seront fermés au moment de la publication.

L’or est à 1632$ et le platine vaut 725.40$ pendant que le troupeau vivant s’échange à 83.075$ – on n’en parle jamais, mais au moins ça meuble un peu la conversation.

Nouvelles neuves

Pour les nouvelles du jour on parle toujours Coronavirus ; certaines pharmas allemandes qui bossent sur un vaccin veulent que les autorités germaniques assouplissent les règles pour pouvoir tester plus vite, pour pouvoir ainsi commercialiser plus tôt. Assouplissement et Allemagne, ça donne de quoi réfléchir. Puis on parle de plus en plus de dividendes et il y a de plus en plus de voix qui s’élèvent pour dire qu’il ne faudrait plus les payer. Momentanément ou pour toujours, telle est la question, mais ça va faire mal quoi qu’il en soit. Surtout pour les fonds de pension. Au niveau du chômage, 4 millions de Français se sont inscrits à pôle emploi en l’espace de 2 semaines et en Espagne ça prend aussi l’ascenseur, autant vous dire que ça va être drôle cette après-midi aux USA.

LA NOUVELLE du jour c’est Tesla qui a publié des chiffres « à peine » en-dessous des attentes des analystes. La société qualifie son premier trimestre de « meilleur de tous les temps ». On n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé si le pangolin ne s’était pas révolté… La société a livré 88’400 véhicules alors que le mois de mars était fermé et que les « experts » attendaient 89’000 voitures sur TROIS MOIS pleins. Non franchement, sans le Coronavirus, Tesla aurait annoncé qu’ils ont même eu le temps d’aller marcher sur Mars, on se demande même comment c’est possible qu’ils n’aient même pas trouvé un vaccin entre deux livraison de voitures. Le titre prenait 17% hier soir after close…

Autrement le maire de Miami demande à Trump de suspendre les vols internes en direction de sa ville alors que les cas de Coronavirus explosent, Singapour annonce son cinquième décès et les ventes de jeux vidéo explosent à cause du confinement.

Comme je vous le disais plus haut, cette après-midi on va s’intéresser aux chiffres de l’emploi et ça devrait être « show time » et puis il y aura aussi des PMI’s et un ISM Non-Manufacturing aux USA qui pourraient éventuellement nous intéresser, maintenant que l’on sait que nous sommes à nouveau capables de parler d’autre chose que du Coronavirus. Ah oui, j’oubliais de vous dire ; le Hedge Fund manager Dan Niles qui avait « vu » la baisse du mois de mars vient de déclarer que selon lui le marché devait se préparer à une seconde vague de ventes qui devrait coûter encore 30% au marché et puis ensuite, il faudra acheter. C’est sur cette touche d’optimisme que je vais vous laisser entamer votre journée.

Moi je vais aller tenter de m’habiller pour voir si je sais encore comment ça fait de porter autre chose qu’un survêtement. En attendant, passez une très belle journée et n’oubliez pas – comme on a un peu perdu la notion du temps – demain c’est le week-end, alors ne vous levez pas.

On se retrouve lundi, excellent week-end à tous !

Thomas Veillet

Investir.ch

“If you’re going through hell, keep going.”Winston Churchill