Bentley Bentayga V8 – 2020. À l’heure où tout le monde a tendance à éviter le regard de l’autre et tenter de faire de la distanciation sociale un art de vivre, Bentley sort encore des voitures qui attirent le regard et qui donnent envie de se rapprocher. Pire, de toucher. À l’heure où toute bonne marque de voiture se sent obligée – pour des raisons d’état et de réchauffement climatique – de transformer ses V6 en 4 cylindres hybride, Bentley lance sur le marché un nouveau V8 – et pire – Ô crime de lèse-majesté – prévoit d’ores et déjà, la version V12 qui va probablement être considérée comme hors-la-loi dès sa sortie en concessions

L’Audio de la Bentley Bentayga

 

Une certaine filiation germanique, mais pas trop

Mais avant d’entrer dans l’orgasme routier le plus total et en attendant de pouvoir m’asseoir derrière le monstrueux V12, j’ai pu finir mon été en pente douce dans la douce brise du climatiseur de la Bentayga V8 – le tout dernier modèle. Avant toutes choses, il faut d’abord reconnaître qu’il faudra avoir l’œil du spécialiste pour repérer ce qu’il y de neuf dans la toute dernière version du cousin du Q7 – bon – à ce stade de mon article, je vais préciser que c’est la dernière fois que je vais faire la connexion entre Audi et Bentley, parce qu’ayant passé un peu de temps dans l’usine britannique de Crewe, au Sud de Manchester – j’avais eu l’occasion de mentionner cette filiation avec le responsable des moteurs et je pense que si je ne lui avais pas faire parvenir une caisse de Toblerone pour me faire pardonner, je ne serais probablement plus là pour vous narrer mon week-end en Bentayga. Donc, oui, il y a un lointain lien familial entre les deux marques, mais une des deux préfère néanmoins ne pas trop le mentionner.

Ma femme…

Pour revenir à notre SUV de luxe, la dernière version du V8 est plus un « facelift » qu’autre chose et pour repérer les différences entre ce modèle et celui d’avant, il faut être le lieutenant Colombo – ou avoir simplement la dernière version d’un test effectué par un journaliste professionnel qui aura pris le temps de faire une liste des dernières avancées technologiques. En ce qui me concerne je préfère nettement m’asseoir dedans, appuyer sur le bouton « start » et rouler. Le nombre de nouveaux inserts en carbone ou la puissance de la stéréo m’importe peu. Non, la voiture a été créée pour rouler et à la limite pour frimer, mais ça s’arrête là. Afin de prendre conscience de la quintessence automobile et du silence qui règne dans l’habitacle, il n’y a rien de mieux que de traverser une ville de l’autre côté de la barrière de röstis en pleine heure de pointe – le bruit le plus dérangeant que vous entendrez alors, sera la respiration de votre passager.

Chutttt…

Il faut reconnaître que la Bentayga est un modèle de silence et d’insonorisation. Pour profiter du doux feulement du V8, il faudra rouler toutes fenêtres ouvertes. Sinon vous aurez l’impression de rouler dans du coton, l’extrême confort et le soin inouï apporté dans la finition intérieure vous donnera même l’impression d’être dans votre salon. Ceci pouvant parfois donner lieu à quelques quiproquos sans conséquence lorsque vous aurez l’impression que les autres automobilistes sont à la limite de la violation de propriété privée lorsqu’ils se rapprochent un peu trop de votre « salon roulant ». Heureusement, la motorisation et les 550 chevaux que l’on vous a greffé sous le pied droit, vous donnent largement assez de marge pour…. prendre le large justement.

Une certaine idée du luxe dans un luxe certain

Ce qui est fantastique chez Bentley, c’est la constance – il n’y a pas un modèle qui ne donne pas envie, que ce soit une sportive ou un SUV, le confort est extrême, le silence absolu et le soin du détail dépasse l’entendement – à chaque fois que je monte dans un des véhicules sortis de Crewe, je me dis que je pourrais partir livrer la voiture à Hong-Kong en passant par la route, ça ne me poserait pas de problème. Inutile de vous dire que le dernier Bentayga n’y fait pas exception, sans compter que celui-là avait même l’option qui tue – à savoir le tableau de bord qui pivote et qui passe de la ronce de noyer brute recouverte de 23 couches de verni à l’immense écran du GPS qui donne des complexes à la télé de mon salon ou alors qui vous affichera trois indicateurs vintages à aiguilles – qui indiquent on ne sait pas trop quoi, mais pour être franc, on s’en fout, c’est l’esthétique qui compte. L’option en question coûte sûrement le prix d’une semaine de vacances à New York, mais vu que pour l’instant, la destination la plus exotique où l’on puisse imaginer se rendre c’est chez l’indien du coin de la rue, autant se faire plaisir jusqu’au bout. Et puis quand le prix catalogue de base démarre à 200’000 Euros, votre banquier ne sera pas à 10’000 balles près.

La frime, mon psy et admettre les choses

Au début de cette chronique, je disais aussi que la voiture, ça avait été aussi créé pour la frime – un peu – admettons-le, ça fera gagner du temps lors de nos séances de psychothérapie : « alors Monsieur, pourquoi roulez-vous dans un SUV de 550 chevaux et de plus de 2 tonnes ? Est-ce pour compenser quelque chose ? » – « Du tout docteur, je veux juste qu’on me remarque dans la rue » – Et ça marche – lorsque vous croisez du regard un autre SUV qui n’est PAS UNE BENTLEY, on sent comme une forme de reconnaissance – d’admission du standing du véhicule qui est le vôtre. Bon, une fois que vous ramenez la Bentley au garage et que vous remontez dans votre Citroën Berlingot de fonction, il y a comme un temps d’adaptation non-négligeable, il faut bien le reconnaître – surtout que là-dedans, niveau tableau de bord on est dans le spartiate.

Le sacrifice ultime

En conclusion, le dernier Bentayga n’est pas donné, mais rien n’est volé, on ne vous vend pas du simili-luxe, c’est du luxe à l’anglaise. Du luxe comme Brett Sinclair aurait aimé le mettre en avant dans « Amicalement Vôtre » – et puis quand ça roule – quand vous avez l’occasion de mettre la voiture en mode sport, il y a un animal qui dort sous l’immense capot qui brille dans le soleil couchant qui ne demande qu’à feuler et qui ne supportera aucune contestation. Cette impression d’accélération infinie dans les cols alpins suisses m’a laissé un souvenir et une satisfaction difficilement définissable. Oui, ça ne doit pas être très loin de l’orgasme routier finalement. J’en profite pour dire au service presse de chez Bentley que lorsque le V12 sortira, je veux bien me sacrifier pour vérifier si c’est aussi bien ou si c’est mieux. J’ai ma petite idée, mais autant en avoir le cœur net.

Thomas Veillet

Bitume. ch

 

Fiche Technique :

Moteur : 4.0 Litres V8 bi-turbo

Puissance : 550 chevaux

Puissance fiscale : JOKER !

Vitesse Max : 290 km/h

Consommation : Sérieusement ?

0 à 100 km/h : 4.5 secondes

Rejet de Co2: 260 g/km