Finalement l’Europe a quand même réussi à baisser un peu. Ce n’est pas non plus un KRACH BOURSIER, mais disons que l’on s’est soudainement souvenu que le vieux continent représentait la moitié des cas de COVID de la planète et que si l’on regroupe toutes les contaminations en Europe, on n’est pas loin de ce que les Américains nous offrent régulièrement comme chiffres impressionnants. Et puis on s’est aussi dit que vu la situation des confinements, les déclarations des politiques et les confinements qui pourraient durer encore, on n’est vraiment pas serein sur la performance de l’économie locale, même si un vaccin va bien finir par arriver, il n’y a rien de gagné dans le redressement de la machine européenne. Par contre aux USA, on est tout simplement phénoménal dans la capacité de trouver du bon dans à peu près tout ce qui sort, tout ce qui est annoncé et tout ce qui est publié. Hier les indices américains avaient commencé la session en baisse mais parvenaient à remonter la pente parce qu’il suffisait de trouver les bonnes excuses pour contrer les mauvaises nouvelles ou les peurs que l’on pouvait avoir. En gros on exploite la méthode Coué, on cherche ce qu’il y a de positif et l’on se concentre là-dessus. Après, est-ce la réalité ou une fiction dans laquelle on essaie de se projeter : seul l’avenir nous le dira. En tous les cas, hier les USA s’en sortaient moins mal que les autres, même si le comportement des marchés ne faisait parfois aucun sens – à la fin c’est quand même les Bulls qui gagnent, même si les justifications sont parfois tirées par les cheveux.
L’Audio du 20 novembre 2020
La règle du jeu
Pour traiter aux USA hier, il fallait comprendre la règle du jeu. Si en Europe, nous étions simplement dans une journée de peur et de dépression qui poussait tous les indices dans le rouge sans y aller trop fort, les Américains – qui sont restés de grands enfants – ont essayé de jouer à qui perd gagne durant toute la séance. Ça n’était donc pas facile de comprendre le jeu, surtout que par moment, on avait un peu l’impression que l’on inventait les règles au fur et à mesure.
On a donc commencé la journée en se disant qu’il fallait vendre parce que le COVID gagnait du terrain et qu’en plus de l’Etat de New York qui se reconfinait lentement, il y avait la Californie qui instaurait un couvre-feu et qu’à ce rythme-là, le ralentissement économique allait, encore une fois, à nouveau se faire sentir. Nouvelle négative qui déclenchait une baisse des marchés. Mais comme le jeu de la séance d’hier était de compenser toute nouvelle négative par une nouvelle positive, il suffisait d’attendre qu’une pharma annonce que son vaccin était opérationnel ou que Moderna ou Pfizer/BioNTech annoncent que leur taux d’efficacité avait été ENCORE UNE FOIS recalculé et qu’il était meilleur que la veille et que l’on frisait le 100% d’efficacité et que le mec qui ne serait pas immunisé par ce vaccin serait vraiment le mec qui n’a pas de chance, style Pierre Richard dans « La Chèvre ». Mais hier la « bonne nouvelle » c’était Astra Zeneca qui annonçait que son vaccin fonctionnait « bien » sans donner de chiffres, mais surtout qu’il fonctionnait bien sur les plus de 50 ans. Dans un monde normal on aurait pinaillé parce qu’il n’y avait pas de taux d’efficacité, mais comme nous ne sommes pas dans un monde normal, l’annonce aura suffi pour faire oublier les 250’000 morts du COVID, le couvre-feu en Californie, les écoles qui ferment à New York et le ralentissement économique induit qui va avec.
Sans oublier qu’il y avait un bonus qui allait avec tout ça.
Un bonus parce que l’on a découvert un nouveau moyen de traiter à la hausse quand le COVID empire. Oui, depuis quelques séances, les traders ne VENDENT plus le marché à cause du COVID ; ils achètent de la techno. Oui, parce que durant toute l’année de pandémie que nous avons vécu ; qui en a le plus profité ???? LA TECHNOLOGIE – il semblerait donc que nous sommes en train de faire le parallèle suivant :
« Si le COVID revient il faut acheter toutes les technos qui peuvent tirer le moindre bénéfice d’un confinement. Et comme ces sociétés sont des grosses Berthas des indices, ça fait monter le reste » – ensuite, on peut ajouter le parallèle suivant : « Si le COVID s’en va à cause du vaccin, on va racheter toutes les boîtes « values » pour jouer la rotation de secteurs » – sans compter que la disparition du virus, c’est une bonne nouvelle. Donc TOUT MONTE.
Vous voyez où je veux en venir ? Quoi qu’il arrive ça monte parce qu’il y a toujours un truc à acheter qui se justifie. COVID ou pas COVID – on est en train d’inventer le bull market perpétuel, on dirait.
Deuxième manche
Mais ce n’est pas tout. À un certain point de la journée, on a aussi eu les chiffres des nouvelles inscriptions au chômage – les Jobless Claims – le chiffre était clairement au-dessus des attentes – ce qui laisse à penser que ça ne va pas. Que l’économie est au ralenti et que ça n’engage pas, puisque bien des sociétés sont aux soins intensifs, sans compter les restaurants qui sont fermés ou qui ne tournent plus, ce qui pourrait indirectement avoir des conséquences sur la consommation. Mais alors que l’angoisse d’un ralentissement économique commençait à intégrer l’esprit torturé des traders de Wall Street, une voix s’est élevée. Une des membres de la FED a parlé en disant que « l’on avait VRAIMENT besoin d’un stimulus » – phrase que Wall Street a traduite par : « le Sénat et le Congrès sont en train de travailler sur un stimulus à venir » – ce qui n’est absolument pas le cas, puisque le Sénat et le Congrès sont en train de se passer la pommade dans le dos pour essayer de se positionner pour les jobs qui vont s’ouvrir avec la nouvelle présidence et qu’il est plus important pour eux de savoir si le bureau qu’il auront durant les 4 prochaines années aura la vue sur la Maison Blanche ou si ça sera sur la cour où l’on sort les poubelles du Capitole. Mais peu importe, rien qu’à l’idée qu’un jour peut-être, hypothétiquement, on aurait un stimulus, ça a suffi pour faire oublier les mauvais chiffres économiques.
En conclusion, les USA étaient en hausse à la clôture d’hier soir, mais ce n’est pas grâce aux bonnes nouvelles, mais plutôt grâce à l’interprétation que l’on en fait et notre capacité de voir des verres tellement à moitié plein qu’ils sont au bord du débordement.
Et ce matin alors ???
Ce matin nous allons entamer la journée avec une nouvelle source d’anxiété, puisque Mnuchin a annoncé cette nuit qu’il allait supprimer plusieurs programmes qui permettaient à la FED de fournir des lignes de crédit en urgence pour des sociétés en difficulté. Bien que ces programmes que l’on peut associer à une certaine forme de stimulus ne soient pas utilisés de manière très fréquente, cela enlève une partie du pouvoir de soutien de la FED. Autant dire qu’en ces temps troublés ce n’est pas une super-bonne nouvelle et certains esprits chagrins diront que le gouvernement Trump est en train d’appliquer la stratégie de la terre brûlée avant de quitter la Maison Blanche. D’autant plus que Biden va annoncer qui sera le prochain Secrétaire du Trésor dans une dizaine de jours. Janet Yellen et Elisabeth Warren font partie des candidats – ainsi que Lael Brainard qui fait baisser la moyenne d’âge.
Mais ce matin c’est Mnuchin qui est à l’honneur puisque c’est lui qui vient de donner une douche froide au marché qui soudainement… doute et cherche déjà une justification pour ne pas baisser. Pour le moment le Nikkei est en baisse de 0.5%, alors que le reste est plutôt en hausse, sans que ça soit un délire total. Le pétrole et l’or ne font rien et sont toujours plus ou moins autour des 42$ et des 1865$ respectivement.
Nouvelles neuves
Dans les nouvelles du jour, on parle beaucoup du COVID. Des restrictions qui arrivent un peu partout dans le monde – mais surtout aux States – le CDC aux USA qui insiste pour que les Américains ne voyagent pas pour Thanksgiving, ce qui équivaut à demander à un Suisse de ne pas manger de fondue au fromage en hiver. Mais il y aussi le fait que l’OMS demande aux médecins de ne pas utiliser le Remdesivir de Gilead parce qu’il ne sert à rien – le combat des mots et le combat d’à cause de l’argent continue donc entre l’OMS, la FDA et Gilead. Et puis on parle de Mnuchin et de son annonce du jour.
Pour être franc, on se trouve dans une situation compliquée. Le COVID qui ne se calme pas vraiment, les confinements et les couvre-feux qui courent un peu partout et qui impactent l’économie, opposé à des vaccins qui arrivent et des investisseurs qui sont persuadés que même sous strict confinement, la tech peut quand même faire un carton. Le marché semble parfois indestructible – un peu comme maintenant – et on dirait qu’il faudra plus que ça comme « mauvaises nouvelles » pour faire craquer cette situation étrange de marché boursiers qui est au plus haut de tous les temps avec une économie au bord du gouffre. Les bourses mondiales anticipent un brillant réveil de l’économie une fois que l’ennemi COVID aura été mis à terre – reste juste à voir si dans 6 mois comme aujourd’hui comment tout cela se présentera, pour l’instant on vole à vue et le ciel est quand même vachement bouché par moments.
Côté chiffres économiques
Aujourd’hui, nous aurons les Retail Sales en Angleterre, le PPI en Allemagne et, devinez qui va parler ??? OUI !!! Madame Lagarde qui n’a toujours pas compris que les histoires les plus courtes sont les meilleures et que ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.6% et on ne sait pas trop quelle justification on va utiliser pour faire remonter le marché. Peut-être le fait que ce que Mnuchin supprime, son successeur peut le remettre en place en 12 secondes – ça devrait peut-être suffire à relâcher la pression, le passage du week-end nous le dira avant d’entamer la semaine courte qui nous attend aux USA – parce que oui, c’est Thanksgiving jeudi prochain et les Américains seront en mode « ralenti » dès mercredi.
Pour le moment on va déjà s’occuper du fait que l’on est vendredi et qu’il est temps de profiter du week-end. Reposez-vous bien, faites du yoga, respirez et on y retourne la semaine prochaine. Que la force soit avec vous et je vous retrouve lundi.
Morningbull Live
Thomas Veillet
Investir.ch
“Recession is when a neighbor loses his job. Depression is when you lose yours.”
– Ronald Reagan