Lorsque vous regardez le Tour de France et que vous voyez le maillot jaune se balader dans tous les cols et donner l’impression qu’il roule en Mobylette pendant que les autres pédalent pour de vrai, vous vous dites que c’est spectaculaire, que le mec il est vraiment balaise. Mais en même temps, il y a une petite voix dans votre tête qui vous dit qu’il y a quand même un truc qui ne joue pas et que si, dans un mois on vous apprenait qu’il était chargé avec plein de produits illégaux qui feraient passer les stéroïdes anabolisants pour des caramels mous, vous ne seriez pas vraiment surpris. Eh ben la bourse, c’est exactement pareil.

L’Audio du 12 juillet 2021

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Indestructible

Lors de la semaine qui vient de s’écouler, nous avons eu à peu près tout ce qu’il fallait pour que FINALEMENT, on se pète la gueule. Et pendant au moins 36 heures on a même commencé à croire que c’était possible. C’était possible déjà parce que tous les gourous négatifs de la planète étaient ressortis pour nous prévenir que la fin du monde était proche, mais au-delà de ces prédictions qui se rapprochent plus du tâtonnement et de l’évènement marketing qu’autre chose, nous avons également eu droit à toute une liste qui aurait pu transformer le bull le plus convaincu en en plantigrade invétéré.

En vrac, nous avons tout de même eu des chiffres économiques qui laissaient supposer que la croissance sur laquelle nous surfons depuis des mois semblait avoir atteint ses limites. Les chiffres de l’ISM de la semaine dernière le laissait en tous cas fortement supposer. On avait bien évidemment des craintes inflationnistes qui restaient très présentes, un sell-off sur le pétrole parce que l’OPEP avait décidé de ne rien décider et qu’il était urgent d’attendre, mais qu’ils se détestaient tous cordialement. Sans oublier le retour du COVID et de son variant Delta qui a forcé le Japon a déclaré à nouveau l’état d’urgence à Tokyo, ce qui sera idéal pour l’organisation des Jeux Olympiques les plus chiants de l’histoire en l’absence totale de public. N’oublions pas non-plus le short-covering massif sur le 10 ans américain, qui a fait peur à tout le monde et qui a laissé supposer que, tout à coup, quelque chose avait changé dans le « mindset » des intervenants. En général on aime plutôt bien quand le rendement du 10 ans se pète la figure, mais la semaine dernière on n’a pas trop aimé. Enfin, on n’a pas trop aimé le premier jour. Après on s’y est habitué et on s’est dit que si c’est pour toucher des rendements aussi pourris pour prêter au gouvernement américain, il y avait quand même mieux à faire en achetant des actions – surtout celles qui paient des dividendes bien gras et bien épais.

Plus jamais faibles

Nous avons donc terminé au plus hauts de tous les temps une semaine qui semblait bien mal engagée pas plus tard que jeudi soir. Encore une fois, ce marché fait preuve d’une résilience et d’une force peu commune. À moins que ça soit de l’aveuglement qui nous empêche de voir clairement ce qui se passe. Entre vous et moi, on n’en sait rien, mais il n’y a que le résultat qui compte et le résultat de cette semaine est encore une fois que RIEN NE SEMBLE POUVOIR NOUS FAIRE BAISSER. Il faut peut-être tout simplement l’admettre et comprendre que tant que nous aurons cette capacité à voir que les bonnes choses et à ne pas s’entêter à la baisse plus de 24 heures de suite, les bourses mondiales sont peut-être vouées à ne plus jamais baisser.

Ce qui reste phénoménal, c’est quand même que nous soyons capables de réutiliser la mauvaise nouvelle de la veille pour la transformer en bonne nouvelle, tout simplement parce que l’on a décidé de l’interpréter différemment, ou de la voir sous un autre angle. Prenons simplement le rendement du 10 ans qui a déclenché le sell-off de jeudi. Si vous faites abstraction du fait que le rendement a baissé parce que tout ceux qui jouaient la thématique de l’inflation ont du se couvrir en voyant les chiffres de l’ISM qui pointaient sur le fait que le top de la croissance avait été atteint. Et bien vous vous retrouvez avec un rendement tout pourri sur l’obligataire américain qui vous pousse inexorablement vers les actions et surtout celles qui paient des rendements corrects.

Prenons un exemple. Vous devez investir 100’000$ pour 2 ans. Vous avez le choix entre acheter du 10 ans US qui va vous rapporter 1.35% de rendement et où vous aurez la quasi-certitude de retrouver votre argent dans 24 mois – à moins que les USA fassent défaut entre deux – ce qui est hautement improbable, puisqu’ils ont la capacité de s’endetter indéfiniment sans que qui que ce soit s’en inquiète. Ou alors vous pouvez acheter une pétrolière américaine qui vous paiera un dividende entre 5 et 6% et qui – selon le monde merveilleux des analystes financiers – a un objectif 30% plus haut sur les 12 prochains mois. Tout cela sans compter que tout le monde s’accorde à dire que le secteur pétrolier va cartonner dans les 12 prochains mois. Vous faites quoi ? Le risk-reward en vaut-il la peine ? Franchement, si tout le monde réfléchit comme ça, je ne vois pas ce qui pourrait faire baisser ce marché. Mis à part une guerre avec les Chinois ou une huitième vague de COVID – et encore, c’est même pas sûr.

Donc, le sell off est oublié et maintenant c’est Bull Market forever

La semaine commence donc en pleine euphorie en Asie, puisque tout le monde respire – avec le masque et pas trop fort – mais tout le monde respire après le rebond de Wall Street. Le Japon qui est quand même en état d’urgence sanitaire, est en hausse de 2.3% et tout le reste suit le mouvement. On est presque aussi motivé que le jour où Pfizer a annoncé l’arrivée du vaccin. En plus la semaine promet d’être hyper-intéressante et trop sexy avec le début de la publication des chiffres trimestriels. Dès demain les bancaires vont s’y coller, accompagnées par Pepsi-Cola. Et lorsque l’on écoute les experts en finance, on nous dit déjà que même si les profits des sociétés n’ont jamais été aussi hauts et forts, on suppose que les estimations et autres attentes des analystes sont beaucoup trop bas. On a vraiment l’impression que ça va être le feu d’artifice et si le S&P500 est à 5’000 début septembre, ça ne surprendra personne. Nous sommes dans un monde entourés de Bulls et oser dire que l’on va baisser est devenu presque aussi impopulaire que refuser de se faire vacciner.

Pour le reste, on notera que le pétrole repart à l’assaut de ses récents plus hauts. Ce matin le baril s’échange à 74.50$, pendant que l’or ne fait strictement et frise l’emmerdement maximum. Côté crypto, c’est la fête au village. Alors que la fin de la semaine était toute pourrie et que l’on se demandait si le Bitcoin allait casser les 30’000 à la baisse, le voici de l’autre côté du canal, qui semble prêt à casser les 35’000 à la hausse. On se demande pourquoi ce revirement de tendance soudain alors que Musk n’a pas dit un mot sur Twitter. Le Bitcoin aurait-il une vie propre en dehors des ordres du maître Elon Musk ? Cela paraît pourtant hautement improbable.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, Bruxelles se lance dans une croisade écolo et lance toute une nouvelle série de taxes qui sont supposées aider à réduire les émissions carbone. Je suis certain que taxer le carburants des avions va dissuader les gens de voyager et les compagnies de vendre des billets. Ça sera juste plus cher, sachant que pour aller de Bruxelles à Washington, le vélo électrique, c’est pas une super-alternative. Il y a aussi le Vision Fund de Softbank qui lance un nouveau compartiment avec 13 milliards pour acheter des plus petites capitalisations. Souvenez-vous, le Vision Fund c’était le fonds « baleine » qui avait failli faire capoter le marché à la fin de l’été dernier. Comme quoi on apprend pas grand-chose et on oublie tout.

Et donc Richard Branson est allé dans l’espace avant Jeff Bezos. Il se trouve que l’on s’ennuie tellement cet été pourri que la seule chose qui reste pour nous garder éveiller, c’est d’observer deux milliardaires qui vont se balader dans l’espace. Autant je suis un fan d’aéronautique en tout genre, autant je ne vois pas l’intérêt de ce cinéma, mais bon, ça doit être moi. En tous les cas c’est un nouveau business qui s’ouvre et pour 2 ou 300’000 dollars vous pourrez faire pareil. Attention cependant, parce Justin Bieber a pris son billet. Ce qui veut dire que vous risquez de payer 300’000$ pour vous retrouver à côté de lui dans l’espace, ce qui serait vraiment pas de bol. Et puis autrement Elon Musk va au tribunal aujourd’hui. Il est censé défendre l’acquisition de SolarCity par Tesla et expliquer au juge pourquoi il était actionnaire des deux sociétés. Bref, pour faire simple, il va ressortir sans problème d’une histoire qui vous aurait coûté un maximum… Mais comme il y a des gens plus égaux que les autres, tout est normal. Pour conclure : le variant Delta est en train de cartonner en Australie.. malgré que tout est confiné. Je suis impatient de voir ce que le clown de l’Elysée va nous sortir ce soir.

Chiffres du jour

Pour les chiffres du jour, il n’y aura rien. Par contre ça va s’intensifier au cours de la semaine, il y aura un paquet de chiffres en Chine, les trimestriels qui commencent demain, les deux témoignages de Powell cette semaine, on aura de quoi faire. Alors autant profiter du calme ambiant avant la tempête du reste de la semaine. Autrement je vous rappelle une dernière fois qu’à midi aujourd’hui je fermerai les pré-ventes de mon premier roman – on a passé les 3’000 bouquins vendus et la suite se fera dans le commerce dès le premier septembre. Je ne trouve pas les mots pour vous remercier.

Passez une très belle journée, bon lundi et bon début de semaine. On se retrouve demain !

« Success is the ability to go from one failure to another with no loss of enthusiasm. »

– Winston Churchill