La bonne nouvelle de la séance d’hier, c’est qu’on a arrêté de baisser. Sauf le Nasdaq, mais le Nasdaq c’est pas grave, parce qu’il a toujours tendance à prendre son temps avant de repartir. Mais disons que le fait que les rendements du 10 ans aient cessé de monter a rassuré les investisseurs et on s’est calmé un peu. Mais que cela soit très clair : on n’a pas encore retrouvé la Bullish Attitude que nous avions jusqu’à fin août. La liste des doutes qui nous angoissent ne semble pas vouloir se raccourcir. Bien au contraire. Hier Monsieur Powell a (semble-t-il) commencé à redéfinir la notion et la durée de « transitoire ». Surtout la durée.

L’Audio du 30 septembre 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Cap sur octobre

On ne va pas se mentir ; dans un marché normal si les craintes continuaient à s’empiler comme elles le font en ce moment, on serait bien, bien plus bas. Mais pour l’instant on donne l’impression de résister, résister et résister encore. Alors soit, hier nous avons terminé la journée en hausse un peu partout, mais on sent bien que le cœur n’y est pas et pour être franc, on se demande ce qui pourrait soudainement nous motiver à courir derrière le marché et l’envoyer à nouveau sur la piste des records.

Il n’est nul besoin d’avoir lu le Wall Street Journal trois fois par jour pendant 30 ans pour comprendre que là tout de suite, les arguments qui poussent à vendre les bijoux de famille pour acheter des actions, ne sont pas vraiment légion. En revanche, les arguments qui encouragent à se mettre cash et à partir faire le chemin de Compostelle en attendant que ça se calme et que les gros nuages noirs que l’on voit au loin se dissipent, sont bien plus nombreux.

Outre le fait que la Chine semble empiler les mauvaises nouvelles : risque de faillites immobilières, problèmes de financements, foyers épidémiques, ralentissement de la croissance et maintenant des gros problèmes énergétiques, depuis hier soir on a un nouveau joueur en ville ; c’est Powell qui a des doutes et qui est frustré.

Powell dans le brouillard

Et croyez-moi, un Président de Banque Centrale qui est frustré, ça n’augure rien de bon. Le seul truc qui nous sauve dans ce cas de figure, c’est qu’il n’est pas Président des Etats-Unis, sinon il aurait immédiatement attaqué un pays musulman pour évacuer sa frustration. Au moins, dans le cas de Powell, il ne tire qu’avec des mots et pas avec des bombardiers furtifs. Hier soir le patron de la FED a déclaré – entre deux lignes et en petits caractères – que l’état de l’inflation le frustrait et qu’il la voyait perdurer encore en 2022. Ce qui nous amène à nous mettre au clair sur la définition et la durée très précise de la notion de « transitoire » – et c’est justement là que ça coince : personne n’est foutu de savoir ce que transitoire représente en termes de temps qui passe…

Une chose est sûre, ceux qui croyaient réellement à la théorie de Powell, ne voyaient quand même pas cette inflation durer jusqu’en 2023… Va quand même pas falloir que l’on nous balade trop longtemps avec des approximations et de la langue de bois.

Goulets d’étranglement

Si l’on fait abstraction de la Chine et de ses propres problèmes, on se rend compte quand même que certaines matières premières et que certains produits viennent quand même à manquer et que ça n’a pas l’air d’aller en s’améliorant. On apprenait il y a trois jours que plusieurs usines chinoises devaient fermer pour cause de « pas d’électricité », que ces usines fournissaient (entre autres) des boîtes comme Tesla ou Apple. Mais en plus de cela, on se rend compte qu’il n’y a jamais eu autant de cargos en attente devant les ports californiens, que les chaînes d’approvisionnement ne fonctionnent pas très bien. Ou plus très bien du tout. Les conséquences sur l’économie sont en train de se faire ressentir de plus en plus fortement et vu que cela s’est fait lâchement et progressivement, on imagine assez mal que l’on puisse adresser ou redresser le problème en trois jours.

Les retards pris durant la pandémie, les chaînes qui ont été rompues et les conséquences que cela est en train de nous amener, ne vont pas se résoudre en claquant des doigts, surtout qu’actuellement nous sommes visiblement encore dans le déni. Va ensuite falloir passer à acceptation pour pouvoir commencer à corriger le tir. Quoi qu’il en soit, les paroles de Powell d’hier, paroles qui exprimaient la frustration n’auront pas non plus fait paniquer les marchés plus qu’ils ne l’avaient fait la veille, mais disons que si l’on reste logique et rationnel, en quelques phrases Powell a clairement expliqué qu’il ne savait pas du tout où il allait, comment il y allait et s’il trouverait de l’inflation là-bas ou pas.

L’Europe en mode rebond et les USA en mode… on verra

Hier les bourses mondiales se sont surtout concentrées sur leur capacité à rebondir après le bain de sang qui avait eu lieu mardi. Les Européens ont fait le job. De meilleurs chiffres économiques, l’illusion que tout repart comme en quarante en Europe et les indices caracolaient en tête. Pourvu que ça dure, serait-on tenté de dire, mais on sait qu’en général, et surtout en ce moment, les convictions ont une durée de vie qui se rapproche de celle d’un soldat dans les tranchées en 14-18.

Aux USA on continue à se concentrer sur le fait d’acheter des « value stocks », sachant que soudainement le dividende est devenu un truc très cool et que la croissance est moins motivante qu’avant. Lorsque l’on regarde les indices, on voit que c’est Dow Jones + S&P500 alors que la tech et le Nasdaq se traînent dans le rouge, l’indice techno étant en baisse pour la 4ème séance de suite – comme pour confirmer que septembre n’était pas et n’est pas un bon mois ! À 24 heures du bouclage du mois de septembre, le Nasdaq est en baisse de 5%, je doute que l’on puisse renverser la vapeur ce soir. Surtout quand Powell nous balance des trucs comme ça en milieu de semaine. Pour l’instant les futures sont en hausse et la frustration du patron de la FED n’inquiète personne, mais lorsque l’on nous aura expliqué plusieurs fois ce que cela signifie, que la Chine ralentira encore un peu plus et que le pétrole franchira les 100$ ET QUE L’ON SE RENDRA COMPTE QUE           ça aussi c’est inflationniste ; on fera moins les malins.

Je vous avouerais que je me fais peur. Ça fait trois jours que j’écris des commentaires qui me font sentir presque aussi Bearish que Jeremy Siegel, Alan Edwards et Marc Faber réunis. Je ne me reconnais pas et je crois que je suis en train de me transformer. J’ai les dents qui poussent et une pilosité corporelle supérieure à la moyenne. Morningbear !!!

Asie en mode « aaaahhhh »

Ce matin en Asie on est un peu paumé. La Chine remonte lentement malgré l’avalanche de mauvaises nouvelles qui vient de là-bas. En même temps, rien de surprenant, sachant que le gouvernement a probablement interdit de vendre quoi que ce soit ou carrément interdit de faire baisser les marchés. Hong Kong est en recul de 0.9% mais c’est probablement tout de la faute des Occidentaux, puisque c’est LEUR marché chinois à eux et puis à Tokyo on se demande si le nouveau gouvernement n’est pas « un peu trop arrangeant » et qu’a force d’être copain avec tout le monde, il risque de ne pas pouvoir entamer une quelconque réforme. Réforme sur laquelle comptaient un peu les investisseurs tokyoïtes. Pour l’instant le Nikkei est légèrement en baisse, mais toujours sous ses résistances techniques.

Je ne vais même pas vous parler de l’or ce matin, puisqu’il est définitivement clair que cela n’intéresse plus personne, quant au pétrole il a visiblement échoué dans sa tentative de casser les 76.50$ et pour l’instant – vu que tout le monde est bullish – on cherche de nouveaux acheteurs pour monter dans l’avion. En attendant, il ne se passe rien. Tout comme les crypto-monnaies qui continuent d’osciller dans un range de 10% et semblent incapables de prendre une décision : Should I monter à 100’000$ ou Should I baisser pour créer des opportunités d’achats ? Actuellement le Bitcoin tourne autour des 43’500$ et l’Ether est à 3’000$ – le reste va dans tous les sens.

Pour les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour on apprend qu’Hong Kong n’a jamais autant ramé pour les IPO’s du trimestre. La politique de Xi-Jinping n’a sûrement pas aidé. Politique qui pousse également de gros investisseurs institutionnels à réduire leur exposition sur la Chine, selon le FT. Autrement on apprend que Biden est lentement en train de s’embourber puisque tous ses plans et se projets sont un peu bloqués partout alors que la bataille du plafond de la dette fait rage. Le Président a d’ailleurs annulé un voyage pour se concentrer là-dessus. Enfin, dès qu’il se souviendra comme il s’appelle et ce qu’il fait là. On parle également de Powell qui voit son taux de popularité en chute libre a quelque mois de son renouvellement de mandat. Pourvu que ça soit pareil pour le clown de l’Elysée.

Le Power Crunch fait toujours autant parler de lui en Chine et puis en Australie malgré le confinement et des mesures qui se rapprochent de plus en plus de méthodes appliquées sous Brejnev avant la chute du Mur de Berlin, le nombre de contamination COVID est en augmentation. Comme quoi il y a certains trucs qui marchent du feu de Dieu… Oui, c’est de l’ironie, tout à fait. Au sujet du vaccin anti-covid, Sanofi a donc cessé le développement de son vaccin avec la technologie arn et ils vont se concentrer sur la version « bio » sans arn pour les prochains mois. Pendant ce temps les autorités pharmaceutiques hésitent à recommander le troisième shot de vaccin, ils n’ont probablement pas reçu encore le contrat des kick-backs de la part de Pfizer. Et puis Elon Musk est en train de se fâcher gentiment mais sûrement avec le gouvernement US et puis un jour il va se prendre une balle magique perdue et on dira que c’est à cause du vent. Et pour terminer, on retiendra aussi que Cathie Wood est en train de réduire ses positions Tesla, mais il paraît que c’est juste du « cosmétique » et rien de fondamental. On rappelle au passage que Cathie Wood a un scénario bullish qui voit le titre à 5’000 d’ici…5 ans… ça serait donc un peu couillon de vendre à moins de 800$… et de rater 4’200$ de profits par action d’ici 2026 où les voitures à essence seront prohibées et où l’on chassera les V8 au lance-roquettes dans les rues de Los Angeles.

Les chiffres du jour

Côté chiffres économiques, il y aura le PIB en Angleterre, les Jobless Claims aux USA et Powell devrait encore parler pour évacuer sa frustration inflationniste. Pour le moment les futures semblent résolument pointer en direction de la hausse, même cela reste fragile.

En attendant le mois d’octobre, je vous souhaite une très belle journée et on se voit demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“Can you imagine a world without men? No crime and lots of happy fat women.” —Nicole Hollander