Bien que je n’aie pas été là la semaine dernière, vous vous doutez bien que je n’ai pas raté une miette de ce qui s’est passé. En résumé, Evergrande n’a pas fait défaut  - enfin ; pas encore fait défaut – on ne sait pas trop s’ils ont vraiment tout payé ce qu’ils devaient jeudi dernier. La transparence de l’économie et de la politique chinoise a encore une fois fait son office. Mais du côté du monde merveilleux de la finance, on a l’air d’avoir repris le chemin de la hausse sans trop se poser de questions. Les BEARS qui avaient monopolisé l’attention pendant quelques jours ont mystérieusement disparus des plateaux télé et on ne voit plus que des Bulls qui expliquent qu’ils savaient.

L’Audio du 27 septembre 2021

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À voile et à vapeur

Les Bulls qui étaient en crise de panique il y a encore 6 jours, ont retrouvé la niak pour revenir rouler les mécaniques. Les Bulls qui vendaient tout et n’importe quoi mardi dernier « juste pour lever du cash », sont revenus à la réalité et même si l’on ne comprend pas, ou plus ce qui se passe en Chine, depuis que l’on nous a dit que le problème Evergrande restera local, on a l’air d’être passé à autre chose. Il faudra cependant retenir que tout n’est pas très clair et que pas mal de monde se demande si tout est vraiment terminé et si l’on ne va pas se prendre un retour de manivelle dans les semaines qui viennent.

Peu importe, le problème semble contenu et ne concerner que la Chine et uniquement la Chine. Ce qui permet aux plus optimistes de passer à autre chose. Alors oui, si Evergrande part en vrille et que le château de cartes s’effondre à Shanghai, il est plus que probable qu’à moyen terme, les conséquences sur l’économie chinoise viendront se rappeler à notre bon souvenir. Mais comme nous avons une vision d’investissement qui ne concerne que les 12 prochaines minutes, autant vous dire que ces risques de ralentissement nous préoccupent à peu près autant que la disparition des mammouths ou le fait que Christian Levrat demande 12’000 Frs pour se préparer à son nouveau job de patron de la Poste à 250’000 Frs par année. Pour faire simple et POUR le moment ; l’affaire Evergrande est mise de côté dans la tête des investisseurs, mais ne vendez quand même pas trop vite la peau de l’ours, ça pourrait revenir quand même.

De quoi on parle alors ?

De quoi on parle ce matin alors ?  Ben ce matin déjà on se rend compte que les futures sont déjà fortement en hausse aux USA. Enfin, quand je dis fortement, c’est surtout que monter de 0.5% le lundi matin, c’est pas tous les jours. Mais comme on a décidé de se concentrer sur ce qui est bien et d’oublier momentanément ce qui se fait ou ce qui se dit en Chine, les experts se concentrent à nouveau sur des « bonnes nouvelles ». Bonnes nouvelles qui prennent forme sous l’aspect d’un baril de pétrole qui casse à nouveau les 75$, puisque soudainement on vient tous de se souvenir que l’hiver approchant il allait faire de plus en plus froid et qu’il faudrait quand même penser à remplir la cuve à mazout au fond du jardin au risque de devoir passer son hiver à couper du bois. Du coup, les « upgrades » d’objectifs sont légion sur le marché en ce moment.

On entend parler de coup-sûr à 80$, de certitude à 90$, de conviction à 100$. Je voudrais juste rappeler que la dernière fois que nous sommes allés à 100$, il y a un Hedge Fund Manager français qui s’appelle Pierre Andurand qui avait annoncé qu’il était prêt à parier que le baril allait à 300$. Bon, entre deux on est resdescendu à -35$, mais passons. Tout ça pour vous dire que quand ça sera tellement évident que le baril va monter à 150$ ou plus, il sera temps de se souvenir que les experts sur le sujet disent souvent n’importe quoi et que depuis que les publications des inventaires pétroliers existent, ils n’ont JAMAIS réussi à être juste sur leurs attentes ne serait-ce qu’une seule fois.

Ah oui, et puis n’oublions pas non plus qu’un baril à 100$ veut aussi dire que l’inflation va en prendre un sacré coup dans les dents, mais ça on s’en souviendra le moment venu. Peu importe, ce matin le baril est en hausse, les futures sont en hausse et on a oublié Evergrande. Ce qui est déjà pas mal.

Enfin, jusqu’à la prochaine fois. 

Les cryptos et la Chine

Une des dernières nouvelles que nous avons eu vendredi, c’est que la Chine (encore elle) allait réglementer plus strictement pour ne pas dire interdire complètement certaines crypto-monnaies, que le mining serait prohibé et plein d’autres jolis commentaires qui donnaient envie d’acheter de l’or ou de se mettre 100% cash et de planquer ses billets de banque sous le matelas. Sauf qu’après un bref mouvement de recul sur l’ensemble des cryptos, au fur et à mesure du week-end, tout le monde en est revenu au fait que l’on s’en foutait complètement et qu’à la limite c’était pas mal, parce que du coup les Américains allaient pouvoir ramasser le business, réglementer tout ça et se tailler la part du lion. Un peu comme à chaque fois d’ailleurs. Peut-être que je schématise ou que je simplifie un peu trop, mais disons que ce matin tout à l’air d’être placé sous le signe de la joie et du bonheur.

Il faudrait encore que les principales cryptos, comme l’Ether ou le Bitcoin ressortent de leurs canaux descendants et tout le monde va revenir dessus comme si c’était le Graal et on reparlera du Bitcoin à 100’000, de l’Ether à 40’000 et du reste qui ne peut que monter.

L’Asie sur des œufs

Ce matin l’Asie est légèrement en hausse, sauf en Chine. La Chine est principalement inquiète à cause de nouveau foyers épidémiques qui pourraient éventuellement peut-être enrayer la croissance. Ça plus les doutes sur Evergrande qui continuent de peser sur le moral. On a vraiment l’impression que la communication de la part du gouvernement chinois sur la question est à son top et que les intervenants adorent vraiment ne rien savoir et avancer à tâtons. Au Japon ça ne fait pas grand-chose, mais on sait que des élections vont se tenir en fin de semaine et que l’arrivée d’un nouveau leader va changer la face du monde et de l’économie japonaise. Comme si un politicien était parvenu à faire quelque chose de bien quelque part après son élection. Mais bon, autant les laisser croire que ça peut faire du bien, ça ne fait pas de mal.

Pour le reste, l’or est à 1760$ et plus ça va, plus je me demande si ça sert vraiment à quelque chose de s’y intéresser encore. Actuellement, les gens se concentrent nettement plus sur l’uranium ou sur le gaz naturel que sur l’or qui semble coulé dans une dalle de béton. Le pétrole est donc à 75$, le Bitcoin à 44’000$ et l’Ether frise les 3’200$.

Nouvelles neuves

Dans les nouvelles du jour, on a eu droit au CEO de Pfizer qui se la joue comme le CEO de Moderna la semaine dernière : il pense (ou il sait) que la pandémie prendra fin dans 12 mois. Le temps que sa société vende encore deux fois des boosters pour faire remonter le niveau des anticorps qui auront chuté entre deux et le temps de fignoler sa caisse de retraite. Ah et puis, j’oubliais… Il a aussi ajouté qu’il se pourrait que nous ayons besoin de nous faire vacciner tous les ans pour éviter que ça recommence. Mieux que le tétanos, les rappels sont plus fréquents. En tous les cas, il y a une bonne nouvelle : les deux plus gros vendeurs de vaccins sont d’accord entre eux sur la fin de la pandémie. Entre les CEO’s et les politiciens qui donnent leurs avis, ça serait bien que les vrais scientifiques le fassent aussi, mais bon, je dis ça, je dis rien.

En Allemagne, on dépouille encore les votes, mais il semblerait qu’Olaf Scholz soit le nouvel Angela Merkel. Pas sûr que cela change la face du monde, mais disons que l’on ne peut pas non plus ne pas en parler. Le DAX semble s’en moquer comme de sa première Volkswagen électrique, mais ça fait quand même partie des nouvelles du jour. On va aussi commencer à parler de Powell qui va témoigner devant le Congrès et toute l’équipe du Sénat aux USA. Le patron de la FED va subir un contre-interrogatoire digne de Guantanamo pour savoir ce qu’il pense faire du tapering, de l’économie et de la hausse des taux. Ça sera dès demain et ça continuera encore mercredi. Tiens, ça faisait un moment qu’on en parlait plus, cela semble le bon moment pour remettre l’ouvrage sur le métier. N’oubliez donc pas de réviser le concept du « tapering » et de l’inflation contrôlée avec un baril qui casse les 80$ ces prochains jours. Et puis on notera aussi que Tesla a lancé sa nouvelle option que l’on peut downloader « on-line ». Ils offrent dorénavant un upgrade pour que la voiture soit encore plus autonome qu’avant. Les autorités sont moyennement emballées par le fait qu’on ne leur a pas trop demandé leur avis, mais visiblement, même s’il n’y est pas encore, Elon Musk continue de vivre sur sa propre planète. On se réjouit déjà de voir comment seront gérés les responsabilités en cas d’accident, sachant que rien n’a été prévu de ce côté-là. Suis pas loin de commencer des études de droit, tellement va y avoir du fric à se faire.

Les chiffres du jour

Côté chiffres du jour, c’est très maigre aujourd’hui. Il y aura néanmoins les Durables Goods aux States et Madame Lagarde qui parlera. On ne sait pas trop ce qu’elle pourrait dire, vu qu’elle parle au moins trois fois par semaine, mais disons que comme Powell va monopoliser l’attention, elle est bien obligée de faire du bruit pour qu’on la remarque un peu.

Pour le moment, les futures sont donc en hausse de 0.5% et on ne sait même plus comment on écrit Evergrande. Passez une très belle journée et à demain, si vous le voulez bien. Ah oui, pour ceux qui ne le savent pas encore, tous les matins depuis un peu plus d’un an, je fais aussi des vidéos matinales sur la chaîne YouTube de Swissquote, depuis un an nous sommes passés de quasi zéro abonnés à 9’987 au dernier comptage. L’idée c’est de passer les 10’000 aujourd’hui… Alors n’hésitez pas à vous abonner en cliquant sur le lien ICI et n’oubliez pas que vous pouvez aussi vous abonner à la Newsletter Investir.ch en communiquant votre adresse mail en haut à droite du site !!!

Excellent 27 septembre à tous.

Thomas Veillet

Investir.ch

 

“According to most studies, people’s number one fear is public speaking. Number two is death. Death is number two. Does that seem right? That means to the average person, if you have to go to a funeral, you’re better off in the casket than doing the eulogy.” —Jerry Seinfeld