Hier j’ai donc passé la plupart de ma chronique pour vous expliquer Ô combien la relation entre le CPI/PPI venait de se complexifier et que l’avenir des marchés pourrait être éventuellement peut-être un peu prétérité au cas où nous en ferions un peu trop cas. Au milieu de cette ambiance désagréable et déprimante, les indices américains n’ont rien trouvé de mieux que d’aller chercher les plus bas de la veille, de toucher du bout des doigts la moyenne mobile des 50 jours et de faire un 180 degrés pour aller terminer presque au plus haut de la journée. Du coup, on se demande si on n’est pas en train de retourner au plus haut de tous les temps.

L’Audio du 16 septembre 2021

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Ce qui était vrai mardi ne l’était plus vraiment hier

Avant toute chose, je voudrais tout de même signaler que la réflexion-relation entre CPI et PPI fait toujours du sens, sauf que notre capacité à penser à autre chose et à se comporter comme une meute de chiots de six semaines à l’approche de la pâtée du jour, fait que l’on est capable de passer du rire aux larmes ou, dans le cas présent, des larmes au rire en l’espace de 8 secondes et trois dixièmes. Je crois même que le record du monde de tournage de veste a dû être battu hier soir.

Techniquement nous nous sommes donc arrêtés de baisser exactement là où c’était prévu : la moyenne mobile des 50 jours. Puis on a fait demi-tour et on a oublié les chiffres du CPI, les problèmes que cela pourrait générer avec le PPI, et nous sommes repartis à la hausse comme un seul homme en partant du principe que les chiffres de la production industrielle qui étaient légèrement meilleurs, prouvaient largement que l’économie « allait de l’avant » et que rien ne pouvait l’arrêter. Nous avons cette capacité de sauter d’une nouvelle à une autre qui est proprement sidérante. Nous pouvons passer de l’interprétation d’un chiffre qui nous prend 48 jours à le digérer et en l’espace d’un huitième de secondes on oublie tout et on passe à autre chose. Hier, à la vitesse de la lumière, nous sommes passés du CPI qui posait problème et du fait que les entreprises ne parvenaient pas à reporter les coûts de production sur le consommateur à une euphorie quasi-printanière parce que la production industrielle était en hausse de 0.4%. Même pas parce Biden a annoncé un nouveau stimulus de 300’000 milliards, non. Juste un chiffre, un chiffre qui pourrait même être mal calculé d’ailleurs. 

Alors du coup on ne parle plus de target à la baisse, mais à la hausse

Je ne suis pas un complotiste, mais parfois je me dis quand même qu’il y a des coïncidences heureuses. À moins que ce soit la presse qui fasse un tri magistral dans les infos du jour pour ne communiquer QUE les bonnes nouvelles quand ça remonte ou de ne communiquer QUE les mauvaises nouvelles quand ça baisse. Si vous relisez ces mêmes chroniques sur les 10 derniers jours, vous noterez que depuis que « ça baisse », on n’entend plus que parler d’objectif à la baisse. Et étonnement, alors qu’hier soir le marché rebondit – presque au même moment – JP Morgan vient nous annoncer que le S&P500 pourrait bien reprendre 6% d’ici la fin de l’année. En fait c’est juste que les Bulls avaient pris un week-end prolongé après le Labor Day et qu’ils sont revenus…

Tous les arguments en faveur des bêtes à cornes

On ne va donc pas trop se prendre la tête sur la séance d’hier. Pour faire simple, on parle du plan de stimulus de l’infrastructure – chose qu’on avait presque oubliée depuis deux semaines – on se dit que son arrivée va quand même faire du bien à tout le monde, même si ce même tout le monde ne travaille pas tous dans la construction de ponts ou d’autoroute, la manne financière sera tout de même positive. Et puis il y a aussi le fait que les chiffres économiques d’hier étaient bons, sans compter qu’il y a la réunion de la FED la semaine prochaine et que Powell pourrait nous remotiver dans la hausse, sans compter que l’on sait bien que le variant Delta n’est pas vraiment sous contrôle, mais on a quand même l’impression que le pire est passé. On pensait plus ou moins l’inverse hier, mais depuis on a attentivement lu les commentaires des experts sur Facebook et on a bien compris qu’on va vers le mieux.

Par contre en Europe, on a complètement raté le rebond parce qu’il a commencé APRÈS la fermeture des bourses européennes – comme d’habitude, serais-je tenté de dire – les marchés du vieux continent se sont surtout inquiétés de l’inflation en Angleterre (même si l’Angleterre n’est plus en Europe), mais aussi des chiffres de la production industrielle et des ventes de détail en Chine qui n’étaient pas bons. On n’a même pas eu le temps de profiter de la bonne interprétation américaine de LEUR production industrielle. Le CAC40 termine au plus bas de la séance, juste sur des niveaux techniques qui pourraient faire office de pierre d’achoppement pour un éventuel rebond – en tous les cas connaissant la clôture de New York hier, je voudrais pouvoir acheter du CAC sur la clôture d’hier aussi. Mais bon, comme les voyages dans le temps sont encore prohibés, on va attendre l’ouverture. En France on signalera encore que le luxe s’en est encore une fois pris plein les dents à cause des Chinois qui ne vont plus JAMAIS consommer à cause du variant Delta et de la toute nouvelle politique mode resserage de boulons façon Xi-Jinping.

40-0, service à suivre

Et puis si l’on doit encore parler de la séance d’hier, il y a une chose que l’on ne peut pas passer sous silence ; c’est la mise en bourse On Running. La marque de baskets suisse chez qui Federer a investi et avec qui il a créé un partenariat exclusif a donc fait son entrée par la grande porte de Wall Street hier. L’action avait été pricée à 24$ – c’est le prix auquel les heureux souscripteurs auront eu la chance de la toucher – et hier soir le titre a explosé de près de 50%. Alors oui, ce n’est pas Coinbase ou Snowflake, mais disons que visiblement notre Roger national n’est pas doué qu’en tennis. On ne sait pas trop combien le vainqueur des 20 grands chelems a investi en 2019, mais sachant qu’il y a 18 mois on valorisait ON autour de 2 milliards et qu’aujourd’hui elle doit plus ou moins tourner autour des 8, 9 milliards, on peut largement imaginer que le capital de Monsieur Federer a dû facilement être multiplié par 5… au moins.

Bref, le type a une carrière de malade en tennis et visiblement, il a encore d’autres compétences.

Bref, On Running se traite en bourse à Wall Street sous le symbole ONON et cela permettra même à la presse « mainstream » de parler de finance. Et de découvrir qu’il y a une bourse à New York et que pour une fois on peut en parler sans que le marché se pète la gueule ET que ça fait vendre quand même.

En Asie

Ce matin c’est le bain de sang en Asie. Les chiffres économiques qui sont sortis tout à l’heure au Japon étaient nettement en-dessous des attentes, la Chine est anémique et le secteur de casinos se fait massacrer parce que l’on s’autorise à penser que le gentil gouvernement chinois pourrait commencer à mettre son nez dans les établissements de Macao. J’avoue que je ne sais pas trop à quoi est en train de jouer le Président adoré des Chinois, mais pour l’instant, mis à part se tirer une balle dans le pied, on ne voit pas bien. Il donne l’impression de vouloir dégoûter les Occidentaux de venir investir chez lui et d’être terrorisé que trop de libéralisme puisse nuire à son pouvoir. Ou alors il a complètement vrillé et se prend pour Staline.

Bref, le bain de sang continue dans un autre secteur et cette fois, c’est les casinos qui cotisent. Ils avaient déjà commencé à souffrir depuis deux jours à New York et ça continue aujourd’hui en Chine. Le Nikkei plonge de 0.8%, la Chine baisse de 0.7% et Hong. Kong se fait défoncer de près de 2% sous prétexte que c’est le seul marché où l’on peut vraiment traiter la Chine. Je ne suis pas loin de commencer à croire que Xi-Jinping ne va pas tarder à s’intéresser au marché là-bas aussi. Une bonne série de nouvelles lois qui interdiraient aux investisseurs de vendre à quelqu’un d’autre que l’état, ça semble une bonne idée pour foutre un nouveau bordel dans la région.

Pour ce qui de nos chères matières premières, on se retrouve toujours avec l’or qui se balade entre ici et nulle part. C’est un peu l’histoire de Pierre et le Loup. Chaque fois que le métal jaune passe au-dessus des 1800$, on se dit : « Ah tiens, cette fois il est parti ». Et puis en fait non, le lendemain il repasse SOUS LES 1800$. Tant et si bien qu’un jour il partira vraiment et personne n’y croira. On se dira : « Mais non, il va encore nous faire le même coup et se redégonfler »… Et puis il partira vraiment. C’est comme le pétrole. Plus personne n’en voulait y a 3 semaines parce que la croissance avait fait son pic et que les Saoudiens rouvraient les robinets et depuis une semaine il ne fait que monter. Tout le monde est en train de tourner bullish, il a cassé sa tendance baissière court terme. S’il parvient à casser les 76.50$, on n’arrivera plus à l’arrêter. Si vous devez remplir votre citerne pour l’hiver, je n’attendrais pas trop. Et faites le plein aussi. Chargez aussi la batterie de la Tesla à bloc parce que c’est pas sûr qu’on ait assez d’électricité non plus cet hiver. C’est Keller-Sutter qui l’a dit.

Dalion et le Bitcoin

Hier le plus gros Hedge Fund manager du monde, Ray Dalio a déclaré que les gouvernements allaient finir par tuer le Bitcoin. Pour être très précis, il a dit :

« Je pense qu’au bout du compte, s’il a vraiment du succès, ils vont le tuer. Et ils essaieront de le tuer. Et je pense qu’ils le tueront parce qu’ils ont les moyens de le faire. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas sa place ou pas de valeur »

Quand il utilise le pronom « il », c’est du Bitcoin qu’il parle.

Pour être franc, je ne sais pas s’il a raison ou pas. Je suis persuadé que lui-même n’en sait rien, mais disons que tout le monde semble s’en foutre comme de sa première clé USB, puisque les cryptos repartent à la hausse ce matin. Le Bitcoin prend 3% et l’Ether 7%.

Pour le reste des nouvelles, Evergrande est toujours au bord du gouffre et semble prête à faire un grand pas en avant. Pfizer et Moderna confirment que sur le long terme, leur vaccin ne sert pas à grand-chose. Préparez-vous à faire des rappels tous les six mois pour les 53 années à venir. Ou des injections pour booster les anticorps tous les hivers. Ou partir habiter à la montagne dans un chalet reculé sans voir personne. Sauf par Zoom. Comme on n’est jamais très loin en terme de marketing, Pfizer affirme que les données d’Israël montrent que la troisième injection de Covid augmente l’efficacité à 95 % et plaide en faveur des injections de rappel. Ben tiens. D’un côté on te dit que ça ne marche pas, mais avec une injection de booster, ça va être trop cool. Après on verra dans 6 mois. Mais c’est marqué en tout petits caractères en bas du contrat.

Les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni dévoilent un nouveau partenariat de sécurité alors que la Chine étend son armée et son influence. On en parle peu, mais je ne suis pas certain que tout cela se finisse bien. Sans compter que pendant ce temps, le cinglé en Corée continue de tester ses missiles en live streaming sur YouTube. Autrement, Bank of America penser que Lucid peut prendre 50% en tant que « Ferrari des voitures électriques » et Musk a envoyé 4 touristes dans l’espace. C’est la première fois que l’on envoie des touristes sans aucun professionnel avec. Je ne sais pas, mais au niveau émotion, ça me touche presque à peu près autant que le tirage de l’Euromillions à 20h35 sur TF1 avec une ex-Miss Univers qui n’arrive pas à articuler 3 mots de suite.

Les chiffres du jour

À l’heure où je vous parle, à l’heure où je vous écris, les futures sont en baisse de 0.05% et on attend le Trade Balance en Europe et Madame Lagarde qui parlera pour nous dire que son Tapering n’est pas un tapering. Cette après-midi il y aura les Jobless Claims qui vont nous prouver que l’économie va trop trop bien aux States et demain soir on sera au plus haut de tous les temps. Aujourd’hui, il y aura aussi les chiffres du Philly Fed, les Retail Sales et les Business Inventories. Sans oublier que l’on commence déjà à parler du meeting de la FED agendé pour la semaine prochaine. Ça nous fera un truc de plus à attendre.

D’ici-là, je vous souhaite une excellente journée, profitez bien de la chute des températures à venir et de vous échauffer pour le week-end à venir égalment. Moi je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit. Enfin, je crois. En attendant vous pouvez aussi me retrouver sur YouTube dès 10h ce matin – sur la chaîne Swissquote Suisse à laquelle vous pouvez vous abonner, ce qui serait pas mal si je veux atteindre les 10’000 abonnés en un peu plus d’une année.

Quoi qu’il en soit : Bonne Journée à tous !!! Et à demain…

Thomas Veillet

Investir.ch

« I was thinking about how people seem to read the Bible a whole lot more as they get older; then it dawned on me – they’re cramming for their final exam. »

George Carlin