Vladimir Poutine s'est acharné comme jamais contre ses adversaires politiques avant des élections, pourtant verrouillées. D’aucuns l’expliquent par la baisse significative de sa popularité, notamment auprès de la partie jeune de l'électorat russe. Tout ceci ressemblerait à des indices de faiblesse? Que Nenni. Vladimir craint les grandes manifestations, comme celles qui ont secoué le Belarus. Ces derniers mois ont certes été une mauvaise passe, de court terme. Mais elle touche à sa fin. L'économie russe se remet de la pandémie, malgré une gestion sanitaire calamiteuse. Les prix du pétrole et du gaz remontent. Et les perspectives s’éclaircissent…
Incontournable fournisseur de l’Europe
Les contours de la reculade de Washington sur le gazoduc de la discorde Nord Stream 2 sont inconnus. Certains prétendent que les concessions américaines ont été assorties d’un engagement allemand (européen) à maintenir un front politique et économique uni contre Pékin. Qui sait et, en fin de compte, qui s’en soucie? Le NS2 est quasiment terminé et fonctionnel. L’Allemagne, empêtrée dans sa sortie mal gérée de l’énergie nucléaire… peut respirer! Elle va pouvoir affronter un éventuel hiver rigoureux sans risquer une pénurie énergétique qui aurait été humiliante et aurait terni la sortie d’Angela Merkel du monde politique.
Piotr Muller, a spokesman for the Polish government, said, “This information is definitely not positive from the security point of view, as we know perfectly that Nord Stream 2 is not only a business project — it is mostly a geopolitical project….The project changes the structure of powers in central and eastern Europe when it comes to energy security,” he added.
Si le dollar américain est essentiel pour son commerce international, il rend la Russie vulnérable aux sanctions de Washington. Depuis 2014, Moscou a réduit la part de ses avoirs en dollars depuis que les pays occidentaux ont imposé des sanctions, après l’annexion de la Crimée. Le ministère de l’économie a déclaré qu’à partir de mai 2020, la part de ses actifs en dollars avait été réduite de 35% à 0%. Dans ce contexte, Poutine utilise sa position de force de fournisseur quasi-exclusif de gaz naturel à l’Europe. Les nations européennes payeront le gaz russe en euros.
Et… au même moment, un contrat est en discussion entre le Mali et la société russe Wagner, une armée en principe privée, mais en fait liée au Kremlin. Bien sûr, officiellement en Russie, Wagner n’existe pas! De facto, sous la direction d’Evgueni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine, ses combattants/mercenaires sont payés pour aller se battre sur les fronts où la Russie a des intérêts: Donbass ukrainien, Syrie, Libye, Soudan, Mozambique et… Centrafrique. Inutile de dire que Paris voit d’un très mauvais œil l’arrivée potentielle de Wagner.
Poutine manœuvre l’Europe… et réduit sa dépendance à l’égard du dollar.
Fin tacticien au Moyen-Orient
Poutine n’a rien lâché à Genève lors du sommet avec Biden. Mieux, la Russie recommence à narguer les États-Unis en flirtant ouvertement avec Riyad! Le 24 août, le vice-ministre saoudien de la défense, Khalid Bin Salman, a déclaré sur Twitter que le royaume et la Russie avaient signé un accord visant à développer des domaines de coopération militaire conjointe. Pour rappel, cet accord intervient après le retrait des troupes américaines de la région, sans oublier le retrait de huit systèmes antimissiles Patriot d’Arabie saoudite, de Jordanie, du Koweït et d’Irak, ainsi que d’un système de défense terminal à haute altitude (THAAD) du royaume.
Ce n’est pas le premier accord d’armement entre les deux pays. En 2017, Ryiadh avait déjà mis Washington en colère en achetant pour 3 milliards de dollars d’armes à Moscou. Certes, cette fois, les Saoudiens s’engagent à limiter leurs contrats d’armement avec la Russie à de petites commandes d’équipements relativement bénins. Néanmoins, en agissant ainsi, ils envoient un signal clair à Washington. C’est le même genre de message que lorsque les Saoudiens acceptent, depuis quelques années, le yuan en paiement de leurs exportations de pétrole vers la Chine…
L’alignement des intérêts entre Russie et Arabie Saoudite s’inscrit dans la durée.
Il remet en question l’ancrage occidental du Royaume et l’accord historique de recyclage des pétrodollars.
A retenir
- La Russie se redéploie à l’international
- Le rebond des prix du pétrole et du gaz renforce sa position
- En jouant son atout-maître, militaire, elle s’impose à la table des géants mondiaux
- Un nouveau paradigme pétrolier est peut-être en construction
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