Il y a une semaine comme ce matin nous étions dans une ambiance tendue et qui laissait présager d’une fin de semaine compliquée et d’une fin de mois d’octobre encore pire. Le pétrole s’envolait et les craintes d’une inflation liée à l’énergie obsédait encore massivement les investisseurs qui paniquaient encore plus en voyant les prix pratiqués à la pompe. Si l’on avait pu faire un sondage à la sortie des bureaux des grands centres financiers mondiaux, la plupart des sondés auraient exprimé leur angoisse face à ces problèmes qui se dressaient devant nous et face aux graphiques boursiers des principaux indices qui avaient une sale gueule. Et puis le vent a tourné.

L’Audio du 18 octobre 2021

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D’Halloween au Christmas Rally en deux jours

On peut le prendre comme on veut, l’expliquer ou le justifier comme on veut, toujours est-il qu’il y a 7 jours on n’aurait pas parié là-dessus. On n’aurait clairement pas parié sur un rebond pareil avec toutes les infos que nous avions à disposition. Pourtant, en l’espace de quelques 48 heures et des résultats de 3-4 bancaires qui se courent après, tout s’est transformé et alors que tout le monde se demandait « combien de pourcent on pourrait perdre en octobre », voici que nous avons tourné la veste et que l’on commence à se dire : « mais non de bleu, le Dow Jones est en train de nous faire un de ses meilleurs mois de l’année ! ».

Oui, car figurez-vous que pendant que les experts en finance – moi le premier – émettaient des doutes sur la suite des évènements – des craintes qui étaient parfaitement fondées ne serait-ce qu’à cause de la hausse du baril – les choses ont pris une autre tournure que l’on n’attendait pas. À la base cette saison des résultats trimestriels, qui est encore largement devant nous, était censée nous apporter quelques tensions puisque, ne nous le cachons pas, nous n’étions pas très confiants (et nous ne le sommes toujours pas) sur le fait que les sociétés soient capables de nous refaire le coup du trimestre passé.

Tout cela sans compter qu’entre deux, l’ensemble de tout ce qui énergie a donc explosé, que les composants électroniques sont encore plus difficiles à trouver que la kryptonite et que le secteur immobilier chinois est au bord du gouffre et s’apprêtait à faire un grand pas en avant.

Et bien, pendant qu’on émettait des doutes, les banques nous ont retournés comme des crêpes.

Les bancaires en leaders d’opinion

Je vais donc vous faire la version simple, la version « débutants » : les banques ont mis tout le monde d’accord. Je l’ai dit et répété ; les bancaires ont la réputation d’être systématiquement à l’opposé des attentes des analystes et ça n’a pas changé ce coup-ci, mais c’était dans le bon sens. Et en plus, pour épicer un peu les chiffres du secteur, non-seulement ils étaient dans leur majorité au-dessus des attentes, mais les experts se disaient tous que si tapering il y avait (et tapering il y aura) et que (à terme) les taux remontent, autant vous dire que le secteur devrait en profiter. À partir de là, tout est reparti à la hausse.

Les supports ont fait leur job, les moyennes mobiles ont fait leur job et en l’espace de quelques jours, nous sommes passés de « aïe, aïe, aïe, on va se la prendre » à « ouille, ouille, ouille ça remonte vite, ça remonter trop vite ». Alors soyons francs : nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Le Nasdaq et le SOX ont fait des rebonds magnifiques mais doivent encore casser les résistances offertes par la moyenne mobile des 50 jours pour espérer regagner la confiance des bulls et les 12 jours qui nous attendent seront sûrement la clé du problème.

Les deux semaines de tous les dangers

La semaine qui se dresse devant nous sera donc le premier obstacle qu’il nous faudra franchir. Les bancaires ont plus ou moins terminé leur round de publications car je doute que ce soit des Bank of New York ou des Bank of China qui vont changer la face du monde. En revanche, les premières « techs » seront de sortie et ça, ça pourrait tout changer. Faire la différence entre un renouveau pour ce bull market séculaire qui nous occupe ou le fait que la semaine dernière n’était qu’une lueur d’espoir dans la nuit, lueur qui pourrait s’éteindre si les quelques « grands noms » qui seront de sortie cette semaine, venaient à décevoir.

Quoi qu’il en soit, ce matin il n’y a pas de place pour le doute et la confiance semble revenue. Un peu comme si l’on s’attendait à que Biden nous annonce un nouveau stimulus de 10’000 milliards qui serait destiné uniquement aux marchés financiers. Dans les prochains jours, nous aurons les chiffres de Netflix (demain soir), ensuite mercredi nous aurons ASML, Lam Research et Tesla, avant d’enchaîner avec Intel. Si ces premiers « indices » nous rassurent, nous serons prêts à vivre la semaine suivante pour l’arrivée des GAFAM… À ce propos, relevons que le chart d’Apple a l’air vraiment très bien, qu’Amazon a explosé vendredi dernier et qu’elle est en retard par rapport au reste (sans compter qu’il faut payer les balades dans l’espace). J’ajouterais encore que Microsoft est au bord de l’explosion technique en cas de « bonne surprise », que Google restera toujours Google et que si Facebook décide de rebondir sur sa moyenne mobile des 200 jours en partant du principe que même s’ils se retrouvent dans la panade juridique, les gens continueront encore à publier leurs photos de vacances, de week-ends, de nouvelles voitures et de mariages sur le réseau social et que la pub va continuer à cartonner là-dessus, le rebond de richesse que pourrait nous faire le compte en banque de « Zuck », pourrait être spectaculaire et mériterait d’être « liké ».

La Chine en panne d’essence, de charbon et de patate

Pendant que l’on espère et que l’on s’emballe sur les marchés de part chez nous, c’est plus compliqué en Asie. Ce matin la Chine a publié son PIB et comme prévu, c’est plus faible que prévu et le pays est clairement en manque de dynamisme, même si je connais bien des pays occidentaux qui tueraient pour afficher une croissance de 4.9%. Mais pour la Chine c’est une déception et l’ensemble des indices de la région sont dans le rouge – une baisse massive et généralisée de 0.3% un peu partout. Oui, je mets l’adjectif « massif » pour essayer de garder les gens attentifs, parce que des fois, le lundi matin c’est pas facile.

Au troisième trimestre L’économie chinoise a donc connu sa plus faible croissance depuis un an, pénalisée par des pénuries d’électricité, des goulets d’étranglement au niveau de l’approvisionnement et des épidémies sporadiques de COVID-19, ce qui a échauffé les esprits des responsables politiques – ou du seul et unique RESPONSABLE POLITIQUE – surtout au milieu de la crise d’Evergrande qui n’arrange les bidons de personne.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour on retiendra que le FT revient sur le fait que la hausse du prix du pétrole pourrait menacer le recovery du secteur aérien. Déjà que c’est pas facile pour remotiver les gens à prendre l’avion avec un masque et deux injections, mais si en plus les prix des billets augmentent, c’est pas gagné. Le journal revient également sur le fait que la montée en puissance de Gargamel dans la course à la présidence française est en train de redistribuer les cartes et offrir une voie royale au clown-à-sa-maman qui est au pouvoir, ce qui pousse à se demander ce que ça laisse comme choix aux français, si ce n’est penser ce qu’ils pensent. En tous les cas, politiquement parlant, chaque fois que l’on pense que ça ne peut pas être pire, ça l’est.

Il y aussi Pfizer et Moderna qui prévoient de vendre deux fois plus de vaccins anti-COVID en 2022 et qui espère amasser 90 milliards de ventes pour l’année prochaine. Pour ceux qui pensaient que la vaccination c’était terminé avec la deuxième dose et que vous serez tranquille pour « quelques années », on peut clairement se demander comment les deux pharmas comptent vendre autant sans envisager une quatrième dose d’ici l’été prochain et une cinquième pour Noël 2022. Et tout cela sans être complotiste, mais juste logique. C’est comme le gouvernement français qui veut maintenir la loi sur le pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022 – c’est juste par sécurité, mais en aucune manière pour s’assurer que le peuple est sous contrôle pour les élections. Enfin, la bonne nouvelle c’est que nous avons encore le choix entre acheter du Pfizer, du Moderna, ou les deux.

Côté cryptos, il se dit que le premier ETF Bitcoin pourrait commencer à traiter d’ici demain. Il s’agira du « ProShares Bitcoin Strategy ETF » qui portera le doux symbole de BITO. La SEC n’a pas approuvé, ni « officiellement » autorisé le lancement du produit, mais il semblerait qu’ils seraient d’accord d’essayer. Etrange moyen de laisser traiter un truc sans une autorisation formelle, mais disons que les autorités financières et régulatoires sont toujours plus intelligentes que nous, les pauvres mortels, et qu’il est mieux ne pas poser de question, sinon ils vont forcément trouver une autre manière de nous emmerder encore un peu plus. Toujours est-il que nous devrions enfin avoir notre premier ETF Bitcoin dans les 48 prochaines heures et ça donnera sûrement l’occasion au sous-jacent d’aller tester les plus hauts de tous les temps, puisque nous n’en sommes plus qu’à quelques encablures… Là tout de suite, le Bitcoin se traite à 62’300$, pendant que le pétrole frise les 83$ et que l’or s’est fait renvoyer à ses chères études – de retour à 1760$ après avoir tenté une xième sortie par le haut et s’être pris une xième claque dans la gueule pour le renvoyer au fond de la classe.

Côté chiffres

Pour ce qui est des chiffres du jour, il y aura la production industrielle aux USA et puis pour le reste, ça sera les quelques chiffres du trimestre que nous aurons en guise d’échauffement. Mais franchement, mis à part les chiffres de Philips, il n’y aura pas de raison de s’exciter. Réservons un peu de stamina pour demain parce que ça va commencer à chauffer et qu’il faudra en trouver des arguments pour justifier les choses.

Il me reste à vous souhaiter un très bon lundi, un très bon début de semaine et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures… en attendant les vacances.

Thomas Veillet

Investir.ch

 

“Everybody wants to save the earth; no one wants to help mom do the dishes.” —P.J. O’Rourke