Ceux qui ont vécu le krach de 1929 doivent se retourner dans leur tombe. Ceux qui ont vécu le krach de 1987 se demandent ce qui a bien pu se passer en 34 ans. Ceux qui ont vécu la bulle internet sont déjà largement habitué à voir un marché qui devient complètement débile. Hier encore, nous nous sommes concentrés sur les mêmes histoires que d’habitude : l’inflation et le variant Omicron. Le variant a gagné le match.

L’Audio du 2 décembre 2021

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L’Europe tente de s’en sortir

Je ne vais donc pas vous mentir, hier on a quand même largement repris les mêmes thèmes que depuis le début de la semaine. Bon, il faut dire que comme on nous balance du Powell à toutes les sauces à peu près tous les jours, on ne peut pas non plus faire autrement que de parler de l’inflation. Pourtant, hier en Europe, on avait fait l’effort de faire comme si le variant Omicron n’était qu’une information banale et que l’on n’en n’avait plus grand-chose à faire. On savait qu’il y avait des gens contaminés dans à peu près tous les pays européens et que, du coup, ça résout le problème de fermeture des frontières. On a donc commencé notre journée en se disant que tout était dans les prix et puis, qui sait, ce variant est peut-être la voie vers l’immunité collective… (bon, d’accord, ça on n’est pas prêt à l’entendre, parce qu’en ce moment on préfère quand même le catastrophisme exacerbé et c’est tellement plus cool de jouer à se faire peur en se disant qu’on va tous mourir).

Surtout qu’on VA..tous mourir. Un jour… Sauf peut-être Elon Musk, parce que lui c’est un Dieu vivant qui vend des sifflets – mais on va y revenir.

Donc la journée en Europe aura été encourageante, un peu moins déprimante que ce que nous avons vécu depuis 6 jours, on pouvait même lire que les investisseurs revenaient sur la plupart des valeurs parce que « on tentait d’oublier Omicron et que les matières premières remontaient à toute vitesse et que cela pouvait être interprété comme une bonne nouvelle pour l’économie »… ça peut aussi être interprété comme une nouvelle inflationniste, mais on ne va pas tout mélanger et ne pas gâcher la fête, surtout que les Américains s’en sont chargés eux-mêmes en fin de journée.

Comme le plafond de la dette

En tous les cas, c’est intéressant, parce que l’on tente d’oublier ce qui ne va pas et ce qui fait peur. Un peu comme on a fait sur le plafond de la dette.

Vous vous souvenez ? Il y a quelques semaines en arrière on paniquait parce que la dette américaine débordait de tous les côtés et qu’il fallait encore rehausser le plafond pour la 112ème fois depuis la déclaration d’Indépendance. Et puis ils ont trouvé un accord, ils ont botté en touche et se sont dit qu’on en reparlerait plus tard.

Et puis on est remonté au plus haut de tous les temps.

C’est un peu comme ça que l’on a essayé de faire avec le variant Omicron hier : on a botté en touche en se disant qu’on verrait bien « plus tard ». Plus tard c’est dans une semaine, dix jours, quand on saura si ce variant hyper-contagieux et en plus hyper-mortel… ou pas. Ça tombe super-bien parce que si mes calculs sont bons ; on aura – EN MÊME TEMPS – des nouvelles sur le plafond de la dette et des nouvelles de la dangerosité du variant Omicron. Du coup ça sera soit : Christmas Rally sous anabolisants, soit correction massive sous assistance respiratoire. Mais tout cela est encore loin, puisqu’il reste plein de temps pour brasser de l’air d’ici-là. Tout en faisant attention, parce que brasser de l’air actuellement, c’est pas très tendance.

Atchoum

Pendant que les Européens montaient, que Powell se montrait encore plus hawkish qu’ilne l’était la veille – puisque c’était la troisième fois qu’il parlait depuis lundi matin – les Américains ont, dans un premier temps, suivit le mouvement à la hausse avant d’apprendre qu’il y avait UNE PERSONNE sur 350 millions qui était infectée au variant Omicron. UNE personne sur 350 millions et Wall Street s’est pété la figure. Nous en Suisse, on en est à 2 personnes sur 7 millions, en proportion on aurait dû perdre 90% sur le SMI si le rapport population/nombre de contaminés était un fondamental de base dans le monde merveilleux du COVID et de ses variants.

Bref. On va faire simple : Wall Street s’est cassé la figure en moins de temps qu’il n’en faut pour tousser dans son coude et en fin de journée, Biden annonçait déjà des restrictions sur les voyages depuis l’étranger. En gros, il va falloir faire tellement de tests PCR pour y aller qu’il sera plus simple d’avoir un écouvillon greffé directement dans la narine ou d’acheter des cartes postales des USA. Techniquement, la baisse d’hier à New York est immonde et le Nasdaq semble prêt pour aller chercher quelques pourcents plus bas et ce même si les futures sont en hausse ce matin. Tant que nous avons Powell le faucon et le variant Omicron dans la tête, je vois assez mal comment on va inverser la tendance tant que l’on n’a rien de neuf.

L’Asie

Ce matin en Asie on se traine lamentablement sur le fil du rasoir. Les marchés ne font rien et à chaque fois que l’on essaie de monter de plus de 0.1%, il y a un type qui crie « OMICRON » au fond de la salle et tout le monde appuie sur la touche SELL, SELL… Et c’est la débandade. Chappatte, le spécialiste du dessin de presse a publié un dessin dans le canard enchaîné – sauf erreur – et sur ce dessin, on voit un porte-parole de l’OMS qui dit : « Nous décrétons la panique générale en attendant que la science détermine s’il faut avoir peur »… Je crois que c’est un assez bon résumé de ce que nous vivons actuellement.

Côté or, on notera qu’hier on a tenté un semblant de rebond parce que pendant un bref instant les intervenants se sont dit que si Powell devenait Hawkish, il serait peut-être bon de se hedger avec un peu d’or. Le métal jaune est remonté jusqu’à presque 1800$, avant de se faire défoncer la tronche et se retrouver ce matin à 1776$. Je crois que si l’on veut faire du pognon sur l’or, vaut mieux vendre sur force. Ça devient presque un coup sûr. Autrement on peut parler du pétrole qui se fait démonter le baril chaque fois que quelqu’un prononce le mot Omicron ou que le FT et le Wall Street publient plus de 143 articles par jour sur le sujet. Ce qui est le cas TOUS LES JOURS en ce moment. Mais pendant que tout le monde imagine que l’on ne fera plus jamais le plein et que l’on ne prendra plus jamais l’avion sans nos écouvillons dans le nez et trois masques superposés pour rassurer tout le monde, Jeffries est venu annoncer hier que selon eux, le pétrole pouvait facilement remonter à 150$ si le monde revenait à une vie normale – comme JP Morgan il y a trois jours – reste plus qu’à que l’on revienne à une vie normale, mais disons qu’avec la paranoïa de nos politiques qui tiennent absolument à se faire réélire et qui ne prendront AUCUN risque, nous ne sommes pas près d’y retourner….à une vie normale. Pour autant que l’on sache encore ce que c’est.

Rien à dire sur la crypto. Le Bitcoin est dans le coma entre 56’000 et 57’500 et l’Ether se vautre après avoir échoué sur la résistance des 5’000$. Ça ne pardonne pas.

Dans les nouvelles neuves

Pour les nouvelles du jour, on notera une forte pression vendeuse sur les titres liés au Cloud après les commentaires prudents sur le sujet que Salesforce a fait. Il y a aussi Jack Dorsey qui n’a pas perdu de temps en changeant le nom de Square en Block – juste au cas où on aurait des doutes sur la stratégie qu’il veut prendre dans le futur. Autrement le VRP Elon Musk fait patienter ses clients qui veulent des Cybertrucks… en leur proposant des sifflets en forme de Cybertrucks. À 50$ le sifflet, il a trouvé largement assez de personnes complètement stupides pour tout lui acheter. En même temps, si c’est les mêmes qui ont commandé le Cybertruck, ça peut s’expliquer.

Autrement on parle de Powell qui passe dans le camp des Hawkishs et de l’explosion des contaminations au COVID en Europe. La Suisse a battu son record hier et ça apporte de l’eau au moulin du Conseil Fédéral qui peut dire « on vous l’avait dit », mais on ne va pas polémiquer parce que je crois que le prochain qui me parle de COVID ou de variant, je le mords. Et puis, si les futures sont en hausse aux States, en Europe on se dirige vers une ouverture plus faible, parce que, je cite « les peurs liées au variant Omicron reviennent »… En supposant qu’elles étaient parties. Donc tout le monde flippe à nouveau et il y a un gars sur CNBC qui a peur que les chaînes d’approvisionnement soient impactées par le nouveau variant. Bref tout le monde prend des paris en racontant n’importe quoi sachant que nous avons une mémoire à court terme extrêmement courte, mémoire qui a tendance à se raccourcir en cas de stress post-traumatique dû au COVID.

Les chiffres du jour

Côté chiffres, aujourd’hui il y aura les retail sales en Suisse, les chiffres de l’emploi en Europe ainsi que les Jobless Claims aux USA. Et puis, excellente nouvelle, Powell NE parlera PAS aujourd’hui, ça nous fera des vacances.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, demain je vous parlerai de cannabis, de STO et de cryptomonnaie pour vous occuper le week-end. D’ici-là, passez une bonne journée et on se revoit demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“I don’t believe in pessimism. If something doesn’t come up the way you want, forge ahead. If you think it’s going to rain, it will.”
― Clint Eastwood