Depuis quelques années, la Chine investit massivement dans la recherche spatiale et souhaite devenir leader en la matière. Elle vient de réussir un atterrissage "historique" sur la "face cachée" de la Lune en 2019. Son engin spatial a été le premier à se poser sur cette zone inexplorée de la Lune.

La métaphore d’une fascination pour le côté obscur s’applique l’Empire du Soleil dans bien d’autres domaines… La Chine est notamment à la croisée des chemins en matière géopolitique. L’Occident sort tout juste de la pandémie avec des coffres vides et est fortement impliqué dans la guerre en Ukraine, les élections américaines de mi-mandat vont encore plus diviser les Etats-Unis, la prise de Hong Kong par Pékin n’a fait que très peu de vagues… Seul véritable rival/challenger des États-Unis Pékin s’apprêterait-t-elle à profiter de la guerre en Europe pour envahir Taiwan ou s’allier plus formellement à la Russie? Nous ne le pensons pas! Certes, un désarrimage décisif entre Chine Occident est inéluctable, mais à moyen terme.

Les obstacles à un découplage immédiat sont multiples

Ils sont économiques, financiers, politiques (nationales) et monétaires.

Le commerce bilatéral avec les États-Unis reste très important malgré la défiance réciproque. La faiblesse relative des exportations chinoises pendant le mandat de Trump et le début de la pandémie a laissé place à un rebond massif. La relative mauvaise forme actuelle de l’économie chinoise-dégonflement du marché immobilier et confinements d’Omicron-plaide pour un report cyclique des tensions avec l’un des meilleurs clients de la Chine.

2022.04.29.plongeons des Indices

Le mauvais état des banques chinoises

L’orientation de la banque centrale en faveur d’une intensification des prêts manque d’impact. La demande de monnaie reste faible et les banques sont réticentes à prêter: les coûts d’emprunt sont déjà bas et les rendre moins chers ne ferait pas bouger les choses. De plus, il y a un problème de transmission, car la demande se concentre les prêts à court terme (entreprises et ménages ayant besoin de rembourser leurs dettes) et les emprunts publics. Cela va très probablement se poursuivre à moyen terme, compte tenu de l’ampleur du problème immobilier et de la nature séculaire de la question des « mauvais prêt ». La politique du zéro-covid du Parti complique les choses, car elle étouffe la reprise économique. Le secteur bancaire est très fragile et ne serait pas en mesure de faire face à un choc cyclique/récession supplémentaire.

2022.04.29.China funding crunch

Tout droit vers le 20th Congrès du parti

Xi a déclaré à plusieurs reprises que le congrès du parti de novembre 2022 sera un « événement majeur » pour la Chine. Il ne vise rien de moins que d’élever sa stature au niveau de celle de Mao et de Deng. Après une purge massive de dissidents prétendument corrompus dans les cadres du parti, Xi est pratiquement certain d’obtenir un troisième mandat à la tête du parti. Xi s’attend, avant le Congrès, à un paysage économique stable et sain, à une situation politique propre et droite, et à un cadre social pacifique et prospère…

Les enseignements de Sun Tzu, «L’art de la guerre consiste à soumettre l’ennemi sans combattre»

Poutine rend involontairement à Xi plusieurs services inestimables. En défiant l’ordre mondial établi, il met à l’épreuve l’unité, la détermination et la réactivité de l’Occident. Il se vassalise politiquement et économiquement à la Chine, qui bénéficie déjà de tarifs préférentiels pour le paiement des ressources naturelles russes. Même l’Inde, qui se rapprochait dangereusement du camp « occidental » l’an dernier, revient à une posture non-alignée en raison de la flambée des prix des matières premières. Finalement, « l’heure de Taiwan » viendra. Mais cela dépendra notamment de la capacité de la Chine à acquérir les compétences, le savoir-faire et les outils de production nécessaires pour atteindre une certaine autonomie dans le domaine, ô combien stratégique, des semi-conducteurs. Cela ne se fera pas en quelques trimestres… La Russie, l’Arabie saoudite, l’Iran et probablement d’autres pays (africains) acceptent déjà d’être payés en yuan pour le règlement de leurs échanges avec la Chine. D’autres pourraient bientôt suivre. Le pétrole et l’or sont négociés en yuans sur les places boursières chinoises. Pourtant, malgré son augmentation récente, la part du Yuan dans les transactions mondiales reste « confidentielle ». Pire, il n’est pas entièrement convertible.

On en tire les enseignements suivants

  • Jusqu’ici fortement intégrée dans la sphère occidentale, la Chine amorce un découplage décisif
  • Mais il est peu probable que la Chine accélère/augmente les tensions (militaires) majeures avant 2023
  • À l’approche du S2, la Chine sera même plutôt obligée d’intensifier ses efforts pour soutenir son économie, sa monnaie et son marché financier
  • La faiblesse soudaine du Yuan, concomitante de celle du JPY, confirme que Pékin jouera désormais sur tous les leviers pour éviter un ralentissement conjoncturel trop prononcé

 

 

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