Autant dire que vu que ce que la semaine nous promet, personne n’avait envie de prendre d’initiatives hier. On ne va donc pas perdre de temps à revenir sur la séance de ce lundi, mais par contre, il faut se pencher sur l’avenir et ça avait vraiment l’air de pouvoir secouer dans tous les sens. Le marché à l’air prêt à nous faire un show de derrière les fagots qui sera probablement sans précédent. En tous les cas, les étoiles sont alignées et il semble impossible que l’on se retrouve vendredi soir sur les mêmes niveaux que ce matin sans qu’il ne se soit rien passé ! Lorsque l’on fait la liste de ce qui nous attend, il va falloir s’accrocher au bastingage pour ne pas se faire jeter à l’eau.

L’Audio du 26 juillet 2022

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Immobilisme, mais quand même

Si l’on observe les marchés, il ne s’est pas passé grand-chose. Le Dow Jones termine en hausse de 0.28%, le S&P500 de 0.13% et le Nasdaq reculait de 0.43%. En Europe, le Dax perdait 0.33% pendant que la France montait du même pourcentage et que l’Italie terminait en hausse de 0.8%. Le SMI était en ligne avec le reste et progressait de 0.3%. Le pétrole remontait en direction des 100$, pour s’établir à 98.20$ sur le WTI et sur fond de nouvelle guerre sur le gaz russe. Oui, parce que c’est un des premiers points qu’il faut retenir cette semaine. Ça n’a rien à voir avec les publications trimestrielles qui vont nous tomber dessus dès ce soir et qui ont déjà commencé à nous tomber dessus hier soir avec Wal-Mart. Wal-Mart qui a complètement foiré son trimestre et qui explique clairement que l’inflation commence à se faire ressentir dans ses rayons. Le titre plongeait de 10% after close et après avoir subi une baisse de la guidance de la part du management – ce dont on est indubitablement hyper-friand en ce moment.

Mais au-delà de Wal-Mart qui nous rappelle que l’inflation n’est pas qu’une vue de l’esprit pour le consommateur et que ça commence à faire mal pour de vrai – moi-même j’ai trouvé des paquets de spaghettis qui sont passé de 500 grammes à 400 grammes et qui coûtent toujours le même prix qu’avant. Cependant, là n’est pas le sujet. Le sujet c’est le gaz. Alors que jeudi de la semaine dernière, l’ensemble des politiciens européens se passaient la pommade dans le dos parce que Poutine n’avait pas osé leur couper le gaz, ce matin ça rigole un tout petit peu moins dans les hémicycles alors que Nord Stream One a réduit son débit de moitié. Et la moitié de pas grand-chose ; ça fait presque rien.

Du coup, on a de nouveau l’élastique du slip qui est très tendue du côté de l’énergie. Manquerait plus que le pétrole repasse au-dessus des 100$ et comme les majors pétrolières n’ont pas encore « eut le temps de baisser les prix à la pompe », ils vont vite s’empresser de les remonter encore un peu plus. Ce qui devrait clairement rassurer au niveau de l’inflation. Il vous faudra donc vous souvenir de deux choses pour mettre en haut de cette liste :

1) La problématique de l’énergie n’est pas encore réglée, que ce soit au niveau du gaz ou du pétrole. Poutine ne va pas se laisser faire et les sanctions misent en place contre la Russie fonctionnent surtout contre l’Europe.
2) Au point deux, je vous recommande de stocker du bois pour l’hiver. Pas du PQ cette fois ; du bois. Le bois brûle plus longtemps que le PQ et c’est plus joli dans la cheminée.

Jéjé Powell

Comme on s’ennuyait avec le prix du gaz et le pétrole qui repartait à la hausse, heureusement, il y avait l’autre sujet de la semaine ; la FED qui commence sa réunion mensuelle aujourd’hui et qui passera sur le divan du psy pour tout nous dire dès la fin de journée de demain soir. Cela mettra également fin au suspense : la FED va-t-elle monter les taux de 75 BP ou de carrément 100 BP, histoire de casser définitivement les pattes arrières de l’inflation ? Très clairement, les experts (qui sont TOUS de sortie depuis hier) pensent que ça sera 75 BP et puis c’est tout. Il n’y a que 21% des Dieux de la Finance qui pensent que la FED va utiliser le marteau de Thor pour casser l’inflation. En revanche, si tout le monde semble d’accord sur le fait que la FED va monter les taux de 75 BP demain soir, on ne peut pas s’empêcher de jouer les visionnaires et le consensus est en train de se dire que le plus important demain, ne sera pas de savoir si c’est 75 BP ou 100 BP, le plus important sera de réussir à lire dans le marc de café de Powell pour essayer de savoir ce qu’il va faire AU MOIS DE SEPTEMBRE !!!

OUIIIIII, parce qu’insatisfaits et impatients que nous sommes, nous voulons déjà savoir ce qu’il va se passer dans 2 mois !!! Et là aussi on a un consensus qui dit que la FED devrait laisser ses intentions osciller entre une hausse de 0.5% ou de 0.75%. Consensus qui va encore changer d’avis environ 212 fois durant les 60 prochains jours au gré des CPI’s, PPI’s, NFP’s et autres chiffres de la consommation ou des ventes de détails, voir même suite aux communiqués de presse de la Maison Blanche ou aux sorties à vélo de Joe Biden. Nous voici donc face à un évènement de demain que tout le monde attend, mais qui en même temps, devrait être un non-event, puisque lorsque l’on sait ce qu’on sait et que l’on voit ce qu’on voit, la FED n’a pas d’autre choix que d’agir mais de ne pas surréagir, le tout en distillant un discours politiquement correct sur l’économie, l’inflation, la croissance de l’économie et les sorties en vélo de Joe Biden.

Cependant, à la veille du discours de Powell, il y a tout de même deux gourous qui sont venus dire que quoi que la FED fasse, de toutes façons, ça sera la merde. Hier il y avait Roubini qui, comme d’habitude, nous annonçait que la crise serait longue et difficile et qu’il était utopique d’imaginer une seconde que ça sera rapide et sans douleur, qu’on va en prendre plein les dents et qu’à la fin c’est probablement les rats ou les insectes qui vont prendre le pouvoir – ce n’est pas un résumé exhaustif de ce qu’il a dit hier, mais dans les grandes lignes, c’est ce qu’il faut en retirer. Ensuite, il y a eu Michael Burry qui a dit que ça allait être la merde aussi et que la récession nous arrivait en plein face et à toute vitesse. Il s’en est également pris à la Maison Blanche, lui reprochant de réinterpréter la définition de la récession pour ne pas admettre que l’on va droit dans le mur. Mais en résumé, ce qu’il faudra retenir du tweet de Burry et du reste, c’est que :

3) Au point trois, la FED parlera demain et que l’on sait plus ou moins ce qu’elle va faire mais pas ce qu’elle va dire et que ce qu’elle va dire sera plus important que ce qu’elle va faire. Et que tout peut arriver.
4) Que les gourous pensent que l’on nous balade et que l’on essaie de mettre un sparadrap sur une hémorragie en nous faisant croire que tout va bien et que tout est sous contrôle, alors que l’on sait que la dernière chose que la FED et le gouvernement ont eu sous contrôle ces derniers mois, c’est le vélo de Biden et encore, pas très bien..

Les résultats du deuxième trimestre

Le troisième truc qui nous prend la tête en ce moment, c’est les chiffres du trimestre. Non, parce que si l’on savait qu’une semaine avec l’approvisionnement en gaz qui nous pète à la figure, le pétrole qui remonte à toute vitesse, la FED qui va monter les taux et nous dire de quoi seront fait nos prochaines semaines, n’est jamais une semaine facile. Si en plus on nous colle les chiffres trimestriels de Microsoft, Meta-Facebook, Google-Alphabet, Apple, Amazon, Coca, McDo, Procter, les cartes de crédit et les pétrolières et que toutes ces boîtes ont le pouvoir de nous faire une « SNAPCHAT », on sait tout de suite que ça ne sera pas une semaine facile. C’est comme quand tu prends une pizza quatre-saisons au resto et que tu rajoutes du poulet, de la viande hachée, du thon, des poivrons, des piments et du Nutella parce que t’as peur de pas avoir assez.

On ne va donc pas se prendre la tête avec les chiffres de toutes ces sociétés, ce que l’on va retenir, c’est que ce soir nous aurons Microsoft et Google après la clôture et qu’avant l’ouverture, on sera dans la diététique avec Coca et McDo. N’oublions pas non plus Visa qui donnera une bonne idée de la consommation du consommateur via son taux d’endettement. D’ailleurs au chapitre « bonnes nouvelles » on retiendra que dans son discours d’hier, Michael Burry a précisé que « le consommateur est en train de s’endetter pour combattre l’inflation et que d’ici Noël, il aura épuisé la totalité de ses limites de crédit ». Je ne sais pas ce qu’il veut exactement exprimer avec ces mots, mais disons que je ne pense pas que ça soit vraiment dans l’esprit de Noël.

On peut donc ajouter à notre liste « de surveillance de la semaine », les points suivants :

5) Au point 5, les publications de Microsoft et Google pourraient faire du bien ou du mal ou les deux dès ce soir.
6) Au point 6 les publications de Facebook demain pourraient faire du bien ou du mal aussi.
7) Au point 7, les publications d’Apple et d’Amazon pourraient faire du bien ou du mal ou les deux dès jeudi soir.
8) Au point 8, chaque point est interchangeable et modifiable à souhait en fonction des communiqués de presse qui seront fait après la publication des chiffres, de l’interprétation qui sera fait de tout ça par les intervenants et de combien de trucs on pourra jouer à pile ou face ou pas.

Pour le reste

Ce matin en Asie, le Japon ne fait rien et le reste n’arrête pas de monter. Comme si ceux qui vendent Wal-Mart et Amazon à cause du profit-warning du premier, utilisaient leur cash pour acheter la Chine et Hong Kong. Le pétrole, je vous en ai déjà parlé, l’or est à 1722$ alors que Newmont a publié des chiffres tous pourris hier à New York précipitant le titre dans une chute de 13%. C’est quand même ballot de bosser dans le milieu de l’or en pleine période inflationniste et de sortir des chiffres tous pourris alors que ça devrait être une période bénie pour toi. Autrement le Bitcoin se redégonfle pour la 243ème fois et revient sur les 21’000$.

Pour ce qui est des nouvelles du jours, on s’inquiète pour le gaz, le pétrole, la croissance, l’inflation, la récession, la santé de Biden, le vélo de Biden, la mémoire de Biden, la mémoire de qui ??? Mais aussi pour les chiffres à venir, pour les chiffres à venir et pour les chiffres à venir, sans compter que les actes et les mots de la FED vont rythmer notre « reste de la semaine ». Et encore, heureusement qu’il ne se passe rien d’autre dans le reste du monde économique pour que l’on puisse se concentrer sur les choses vraiment importantes que j’ai cité dans cette chronique. Ah oui, tiens, d’ailleurs c’est fou, on mentionne à peine la problématique de la dette italienne qui ressemble de plus en plus à la Grèce et pas que pour la météo. Mais visiblement on ne peut pas tout gérer en même temps. On va donc se garder le cas de dette italienne pour la semaine prochaine quand on aura mis derrière nous les publications du trimestre, la FED et le gaz. Quoi qu’en ce qui concerne le gaz, je ne suis pas certain que ça soit derrière nous aussi facilement. Pit Bull Poutine ne devrait pas lâcher l’os aussi facilement.

Bref, pour le moment les futures sont en baisse de 0.35% à cause de Wal-Mart et de son profit-warning et on attend le reste avec impatience. Il vous reste donc quelques heures avant que ça commence à chauffer, je vous recommande d’en profiter pour aller ramasser du bois en forêt. Ou de faire des stocks de moutarde pour l’hiver.

Dans l’intervalle, je vous souhaite une merveilleuse journée et je vous dis déjà : À demain ! Si vous le voulez bien !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Whether you think you can or you think you can’t, you’re right. » -Henry Ford