Comme le mentionnait un « expert » en finance dans une interview d’hier soir : « Le marché attend de voir ce qui va ressortir du FOMC Meeting qui se tient mardi et mercredi, je m’attends donc à beaucoup d’attentisme d’ici-là ». Tout cela est donc fort bien résumé. On attend, donc il y a de l’attentisme dans l’air en attendant d’en savoir plus, mais le plus important dans l’attentisme, c’est d’être patient en attendant d’attendre d’en savoir plus en attendant calmement. Déjà que d’habitude on traite à tâtons avec une vision pour les douze prochaines minutes, voici que soudainement on est obligé de se projeter jusqu’à mercredi soir – ce qui devient du très très long terme tout d’un coup.

L’Audio du 20 septembre 2022

Télécharger le podcast

La journée d’hier en mode light voir ultra-light

Force est de constater que personne n’a vraiment envie de faire les grandes manœuvres. Et on peut le comprendre. Il faut meubler les journées en attendant d’y voir plus clair mercredi soir. Mais la question reste quand même de savoir si on y verra plus clair ! Hier les marchés mondiaux n’ont pas foutu grand-chose – même s’ils ont tous ouvert en forte baisse avant de changer leurs fusils d’épaule et de limiter la casse en fin de journée. La raison ? Aucune raison. En général dans ce genre de séance, on se dit que l’on fait des « ajustements de positions » – ça ne veut pas dire grand-chose, mais ça fait toujours très sérieux quand – dans une chronique – tu places la phrase suivante : « Oui, hier en attendant la décision de la FED, les traders ont ajusté leurs positions ».

Donc hier on a AJUSTÉ les positions en attendant la FED dans des volumes qui laissaient plus ou moins sous-entendre que les intervenants étaient plus concentrés sur la cérémonie funèbre de la Reine d’Angleterre sur la BBC que sur le « experts » qui se relayaient sur CNBC pour expliquer qu’il était urgent d’attendre. Mais la question que l’on peut donc légitimement se poser en ATTENDANT est la suivante :

« Mais qu’est-ce que l’on sait EXACTEMENT, si ce n’est « pas grand-chose » ??? »

À 36 heures du speech de Monsieur Powell où en sommes-nous ?

Il est légitime de se poser des questions sur le devenir des taux d’intérêts et sur le positionnement de la FED en ce milieu de mois de septembre, puisque l’on sait tous que ce n’est pas tant ce que VA FAIRE MONSIEUR POWELL, mais plutôt ce qu’il va dire qui nous importera. Et qui décidera de l’avenir des bourses mondiales – en tous les cas à court terme, puisqu’il y a une chose que je peux vous garantir ; c’est qu’une fois le discours du patron de la FED terminé mercredi soir, on va l’analyser sous toutes ses coutures pendant environ 24 à 48 heures ensuite, TOUT LE MONDE va commencer à se demander comment seront les chiffres de l’emploi début octobre et si, après tout, le CPI qui sera publié mi-octobre ne sera pas LE CHIFFRE clé pour savoir ce que pourrait bien vouloir faire la FED lors de son prochain FOMC Meeting qui aura lieu du 1er au 2 novembre.

Mais alors que savons-nous réellement ? Eh bien, tout d’abord nous savons que Monsieur Powell se tient plutôt carrément du côté des faucons – du côté « hawkish » de la force. Ça, je vous l’ai dit et répété, depuis le meeting de Jackson Hole où il a dit :

« La hausse des taux d’intérêt, le ralentissement de la croissance et l’assouplissement des conditions du marché du travail feront baisser l’inflation, mais les ménages et les entreprises en souffriront aussi. Ce sont les coûts malheureux de la réduction de l’inflation. Mais un échec dans le rétablissement de la stabilité des prix signifierait une douleur bien plus grande. »

On sait clairement qu’il ne lâchera pas le morceau. Pour ceux qui avaient un doute là-dessus, il l’a encore répété récemment ; il est clair que tant que l’inflation ne montre pas des signes de faiblesse, il ne changera pas de stratégie. S’il était Emmanuel Macron, il serait déjà venu à la télé pour dire « NOUS SOMMES EN GUERRE », mais heureusement, il est un peu plus subtil que ça et nous a laissé une porte ouverte à toutes les fenêtres en laissant penser qu’au moindre signe d’amélioration, il pourrait changer l’axe de son discours.

L’Espoir

Et c’est pour ça que l’on espère un signe quelque part, une amélioration dans les chiffres économiques qui pourraient mener à un changement chez Powell et dans la vision des membres de la FED. Sauf que là tout de suite, ça n’est pas simple de voir à quel moment les choses vont changer. Surtout du fait que les chiffres économiques montrent clairement que l’emploi se porte relativement bien et pendant que l’inflation prend l’ascenseur dans tous les secteurs sauf le pétrole. À l’heure actuelle, les « experts » en Jerome Powell et en économie qui sont le plus optimistes, s’attendent à que les choses s’améliorent entre le 21 septembre et le 2 novembre pour que le patron de la FED puisse montrer des « signes de détente ». Malheureusement, pour le moment, les faits ne sont pas en faveur d’une décontraction dans le discours de la Banque Centrale Américaine.

À l’heure actuelle, on sait que la FED va monter les taux d’un minimum de 0.75%. Certains parient sur 1%. Mais en dehors de jouer la décision de l’amplitude aux osselets d’ici mercredi soir, la seule chose à laquelle nous allons devoir nous rattacher, c’est le contenu du discours. Il est fort probable que cela se joue à la virgule près ou à l’utilisation du conditionnel plutôt que le présent. Le moindre mot qui laissera supposer qu’éventuellement peut-être, la FED pourrait monter les taux UN PEU MOINS au mois de novembre sera susceptible de faire monter le marché. En revanche s’il continue à appliquer les quelques phrases utilisées lors du sommet de Jackson Hole, on pourrait retourner se crisper dans nos décisions d’investissement et se souvenir que le mois de septembre est le mois le plus pourri historiquement parlant et qu’en plus, en général, c’est la seconde partie du mois la pire et que les supports des 3’900 ont cédé. Sans compter qu’hier soir malgré le rebond, nous avons terminé à 3’899 sur le S&P500 – si c’est pas un signe ça, je ne sais pas ce que c’est.

En gros : on ne sait rien, on spécule

Pour résumer tout cela, on ne sait pas ce que la FED va faire – bien que l’on sache que ça sera entre 75 bp et 100 bp. Ensuite on ne sait pas ce que la FED va dire, mais on espère que ça ouvrira la porte a un peu d’espoir, même si l’on reste bien conscient que l’espoir sera ténu et conditionné à tous les chiffres économiques qui sortiront entre le 22 septembre et le premier novembre. Inutile de vous dire que si le CPI du mois de septembre – qui sera publié le 13 octobre – montre que l’inflation est en hausse de 0.2% sur le mois et qu’en glissement annuel on est 9.4%, tout espoir ténu que nous aurions pu gratter dans l’éventuel discours constructif de mercredi soir, sera immédiatement réduit à néant.

Pour faire simple, aujourd’hui, mardi 20 septembre, il y a deux catégories de personnes :

– Ceux qui pensent que la FED va monter les taux à 1%, plonger l’économie dans une récession sans précédent, puis l’envoyer en stagflation ou en déflation et qu’à la fin on va tous finir par manger des rats et que d’ailleurs ils ont déjà monté des chaînes sur YouTube pour apprendre à les cuisiner, tout ça sans se rendre compte qu’il n’y aura plus d’électricité pour faire tourner un PC.

– Et ceux qui pensent que Powell va adoucir son discours et qu’ensuite l’inflation va ralentir doucement en direction des 2.5% et que, dans la foulée on va se détendre et que les décisions d’investissement pour le reste de l’année se résumeront à l’écoute d’une musique douce et sirupeuse qui nous dira de nous endormir paisiblement parce que l’on vit dans un conte de fées où tout va bien.

Dans un monde normal, il devrait y avoir des gens qui se situent « au milieu » et qui se disent que ça n’est pas encore gagné mais qu’en même temps, va falloir du temps pour reconstruire une économie qui a été abimée par des années d’abus et d’injections monétaires inconsidérées qui ont laissé des traces. Cependant c’est quand même plus vendeur quand on ne fait pas dans la dentelle et que l’on utilise les extrêmes pour vendre un peu de passion dans le monde merveilleux de la finance.

Conclusion

Pour faire simple : demain la FED va monter les taux de 0.75% ou de 1% et ensuite, en fonction de ce que dira Powell, nous saurons si les 3’900 auront été l’occasion d’une vie pour racheter le marché, ou si nous serons définitivement en route pour les 3’600, voir les 3’300 histoire d’aller chercher le fond de cette histoire une fois pour toute !!! Une chose est absolument certaine : si nous rebondissons d’ici demain soir, à la moindre mauvaise nouvelle du type : « l’inflation n’est pas sous contrôle » – on risque bien de se refaire une séance du type mardi passé. La meilleure façon de se positionner pour demain soir pourrait bien être la stratégie habituelle, celle que l’on connait sous le nom de pile-ou-face.

En Asie

Ce matin les marchés asiatiques sont en hausse un peu partout. Le Japon rouvre après le passage d’un ouragan et monte de 0.4%, tout comme la Chine. En Chine la banque centrale a laissé ses taux directeurs inchangés et Hong Kong est en hausse de 1.3%. Le pétrole est à 85$, l’or se traite à 1684$ et le Bitcoin refuse de lâcher prise et remonte à 19’500$, malgré les intentions de plus en plus claires des États-Unis qui veulent absolument réguler la chose.

Du côté des nouvelles du jour, on retiendra que Ford a annoncé qu’ils avaient toujours des problèmes dans leurs chaînes d’approvisionnement et qu’encore trop de véhicules restaient mis de côté non-terminé par cause de manque de pièces. Le titre est en baisse de 4.5% depuis la clôture d’hier soir. On notera aussi que l’ensemble des boîtes qui fabriquent des vaccins anti-covid se sont faites démonter hier à cause des paroles de Biden qui a annoncé la fin de la pandémie en désaccord total avec l’OMS. À propos du clown qui sert de Président aux Américains, à noter encore que son annonce d’être prêt à mobiliser l’armée américaine en cas d’attaque contre Taïwan a été modérée par les services de presse de la Maison Blanche qui ont laissé entendre que ça n’était pas exactement ce que voulait dire le Président. On est presque à regretter Trump. Il était peut-être cinglé, mais pas grabataire, ce qui peut revenir au même, parfois.

Pour le reste, si vous n’avez pas encore compris ; on va attendre demain soir. Histoire de pouvoir affiner nos stratégies jusqu’au premier vendredi d’octobre pour voir ce que diront les chiffres des Non-Farm Payrolls. En attendant, on attend de voir comment la guerre en Urkraine va évoluer, quand est-ce que les coupures d’électricité vont commencer et si l’inflation en Europe va taper les 10% avant la fin de l’année ou pas. D’ici-là, je m’en vais vous souhaiter une très belle journée et on se retrouve demain matin à la même heure pour ATTENDRE ENCORE un petit peu.

Belle journée à tous.

Thomas Veillet
Investir.ch

“I like to smile at people who don’t like me.”

-Harvey Specter.