Toute l’année nous nous sommes battus pour savoir à quel moment la FED allait pivoter, à quel moment elle allait enfin décider de passer de la grande méchante FED qui monte les taux à notre meilleure amie parce qu’à la fin, elle est quand même là pour faire monter les marchés. Et puis ça ne s’est jamais vraiment réalisé, même si la semaine dernière, Powell était un peu plus détendu. Aujourd’hui nous sommes le 21 décembre, les marchés sont en roue libre. En roue libre à tel point que notre préoccupation principale, c’est la simili-hausse des taux qui a été annoncée au Japon. Peut-être qu’il est temps de fermer.

L’Audio du 21 décembre 2022

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Brasser de l’air et faire comme « si »

Donc depuis hier, on s’intéresse au Japon. Ce qui est fou, parce qu’en général, chaque fois que l’on parle d’investir là-bas, la première chose que l’on fait ; c’est trouver s’il y a un K ou deux dans Nikkei. Mais depuis hier c’était LA RAISON pour faire baisser les marchés. Sauf qu’en Europe on a baissé, puis limité la casse pour remonter proche de l’équilibre et que les USA ont même réussi à terminer en hausse. Une hausse homéopathique, soit, mais une hausse quand même. Après 4 séances de baisse consécutives, on ne peut quand même pas cracher dans la soupe.

Alors oui, la Banque du Japon qui fait face à une inflation d’un peu moins de 4% est quand même obligée de montrer son intention de lutter contre. Du coup, vu que l’on ne sait plus comment ça fait d’avoir des taux positifs, on a commencé par manipuler la courbe des taux. Ce qui vous fait une belle jambe si vous n’êtes pas investis là-bas. Ce qui est quand même le cas pour une bonne majorité sachant que l’on ne connait que très mal les sociétés cotées au pays du soleil levant. Mis à part Sony, Toyota et Nintendo, bien sûr. Toujours est-il que, le fait que le Japon soit le dernier pays qui pratiquait les taux négatifs ait tourné la veste, aura mis un coup de froid au reste du monde. Mais en même temps, le reste du monde il ne donne plus trop l’impression d’avoir envie. Il reste 7 jours de trading complets avant la fin de l’année et pour être franc, bien que l’on soit parfaitement conscient que le marché est capable de nous faire à peu près n’importe quoi sur une vague de panique ou une vague de short-covering. Une chose est sûre, il ne faut plus s’attendre à grand-chose cette année et il n’y a vraiment pas de raison de rester que pour ça.

Et puis il y a Musk

Alors heureusement, alors que nous sommes en train de défier la loi de l’emmerdement maximum sur les marchés, il y a toujours Musk qui fait parler de lui. Je crois d’ailleurs qu’il faudrait creuser le sujet, histoire de sortir une bonne statistique avant Noël, mais je me demande quand même s’il y a eu des périodes où l’on n’a pas parlé de lui en 2022. Que ce soit pour Tesla, pour le rachat de Twitter, pour ses fusées ou pour sa daube de Starlink qui fonctionne une fois sur deux depuis que l’Ukraine est devenue sa préoccupation principale.

Toujours est-il que depuis quelques semaines c’est l’hallali pour Elon Musk. Alors bon, on ne va pas parler trop vite « d’hallali » quand on sait que le mec pèse encore 155 milliards, mais disons que la baisse de la fortune et la vitesse à laquelle ça baisse fait un peu parler quand même. Il faut dire que sa prise de pouvoir chez Twitter et sa façon très personnelle de gérer la boîte et la liberté de parole a fait couler beaucoup d’encre. Mais c’est aussi le fait qu’il a carrément laissé Tesla de côté qui a fait encore plus de mal aux investisseurs, à la performance de l’action et à la performance de sa propre fortune. Hier encore c’est trois banques d’affaires qui ont downgradé Tesla se plaignant de l’absence d’un CEO et d’un manque total de vision du côté du management. Le titre frise les 70% de baisse depuis les plus hauts et tous ceux qui ont voulu shorter Tesla un jour s’en veulent à mort d’avoir renoncé à un certain moment. Tesla était encore en baisse de 8% hier soir.

Wood

Dans les victimes de Tesla on pourra aussi se souvenir de Cathie Wood qui est et reste une des fervente défenseuse de la société de voitures électriques. La patronne de Ark Invest est en baisse de 80% sur son fonds et continue d’acheter des Tesla et des Coinbase. C’est un peu l’année horribilis pour elle, mais elle y croit encore. Et pas qu’elle, puisque son fonds continue d’attirer de l’argent et des investisseurs. Même après avoir détruit plus de 20 milliards d’assets. Pourtant, les médias continuent de traquer tous les mouvements et tous les achats de Cathie Wood.

Et puis comme si Tesla ne suffisait pas, on a aussi découvert que Coinbase – qui fait aussi partie de la liste des « holdings » du fonds Ark Invest, est, non seulement au plus bas de tous les temps, mais qu’en plus la capitalisation boursière de Coinbase est en-dessous de celle du Dogecoin – le Dogecoin qui est quand même une « cryptomonnaie » basée sur pas grand-chose et qui se rapproche plus d’une grosse merde qui va forcément nous péter à la figure une de ces jours, que d’autre chose. Eh bien figurez-vous que le Dogecoin vaut 9,9 milliards, pendant que Coinbase ne vaut « plus que 8.1 milliards ». Et puis, puisque l’on est au stade des comparaisons, ce matin Tesla vaut moins qu’Exxon – ça doit quand même piquer un peu (surtout au niveau de l’écologie et du réchauffement climatique). On peut donc dire que l’on termine l’année en tapant encore plus fort sur ce qui a déjà pas mal souffert.

Avoir envie

Le problème, c’est que ce matin… D’ailleurs pas que ce matin, mais depuis plusieurs jours, on a l’impression que plus personne n’a envie de se rejouer l’année encore et encore. Et que plus personne n’a envie de réfléchir pour savoir si ça vaut vraiment la peine de faire un + un = deux et d’essayer de tirer des conclusions d’investissement pour l’année prochaine. Ça donne clairement le sentiment qu’on n’y croit plus, que cette année a été merdique au possible et que l’on a tous envie de passer à autre chose.

Alors attention, ça ne veut pas dire que dès le premier janvier tout sera différent. Mais disons que l’on aura au moins le sentiment d’avoir tourné une page et mis une belle année de merde derrière nous. Après, dès le 2 janvier, on va commencer à s’exciter sur ce que va bien pouvoir faire la FED et comment est-ce qu’ils vont interpréter les chiffres de l’emploi qui sortiront en début d’année et ce qu’ils vont faire du CPI de décembre. D’ailleurs il y a déjà des voix qui s’élèvent pour expliquer leur incompréhension de la politique de Powell alors que de plus en plus de données montrent que tout est en train de ralentir. Il y a un job que je ne voudrais pas avoir en 2023, c’est BANQUIER CENTRAL ; ils vont se faire tomber dessus à bras raccourcis au moindre signe désinflationniste ou au moindre signe de récession. Tout sera de leur faute. SANS EXCEPTION. Une chose est certaine, si Powell reste droit dans ses bottes, la question n’est pas de savoir si nous aurons une récession, la question sera de savoir QUAND EST-CE QUE NOUS AURONS UNE RÉCESSION.

L’Asie

Ce matin, la Chine ne fait rien et Hong Kong non plus. Le Japon est en baisse de 0.7% et on parle de la fin de la politique Zéro Covid en Chine, ainsi que de l’explosion des contaminations et du fait que la vague actuelle est pire que toutes les autres réunies. Pour l’instant, ailleurs, tout le monde s’en fout. C’est bien, vaut mieux garder du matos pour nous écrire des bons articles sur le port du masque, la douzième dose de vaccin et l’envie de rester chez soi jusqu’en avril, dès le début de l’année.

Pour le reste, le baril remonte, à cause de la Chine, mais aussi à cause des inventaires qui sont bas. Le baril est à 76$ – il a quand même pris 25 cents depuis hier. On admettra que ce n’est pas non plus le bull market du siècle. L’or est à 1824$ et le Bitcoin est à 16’800$, mais on entend parler de « sell signal » dans certains médias. Une chose est certaine, on ne sera pas à 100’000$ à Noël…… Oui, je sais, elle est facile, mais fallait bien que je la place encore une fois dans la dernière chronique de l’année.

Nouvelles neuves

Dans les « niouzes » du jour, on retiendra que FedEx n’a pas sorti des chiffres trimestriels que l’on qualifiera de « très encourageant », la demande étant clairement en-dessous des attentes même si le titre gagnait 4% after close. Mais c’est plutôt le symbolisme qui ne plaît pas, puisque l’on sait que les boîtes d’expéditions comme FedEx sont des bons indicateurs de consommation. Quand FedEx va, tout va. Mais quand FedEx ne va pas, c’est pas top. En revanche, il y a eu Nike qui a pulvérisé les attentes du trimestre. La société montre toujours des inventaires très élevés, ce qui leur avait coûté cher lors du dernier trimestre. Mais là c’était une bonne surprise à la hausse. Le titre bondissait de 12% after close.

Autrement on notera que Zelensky devrait venir en visite à Washington ce mercredi et qu’il devrait parler devant le Congrès. Il devrait ensuite, comme prévu, repartir avec des valises de cash en soutien à son pays. Les politiciens américains s’apprêtent d’ailleurs à voter une nouvelle enveloppe pour l’Ukraine. Je ne sais pas ce que Zelensky fait aux politiciens occidentaux pour se faire arroser avec autant de pognon, surtout de la part de pays endettés jusqu’au cou, mais il doit le faire super-bien. Dans la même veine, le Secrétaire de l’Union Européenne, Luca Visentini, vient d’annoncer sa démission après avoir accepté des pots-de-vin. Après sa collègue qui dort en taule, on se demande quand est-ce que Madame von der Leyen va y passer. En tous les cas on se rend bien compte que l’Europe, c’est vraiment l’avenir. Surtout si c’est dirigé par le Qatar.

Et puis, pour le reste, il y a Musk qui continue d’expliquer que la baisse de Tesla, c’est pas sa faute et qu’il cherche un CEO pour Twitter, vu que tout le monde veut qu’il parte. Reste plus qu’à trouver. N’hésitez pas à envoyer vos CV’s. Il y a aussi Jim Cramer qui a annoncé ses 7 titres préférés pour 2023. Au vu de ses résultats catastrophiques de cette année, sur Twitter on parle déjà de créer un produit jouer la baisse de ces 7 titres. Il s’agit de Eli-Lilly, Caterpillar, John Deere, Humana, Johnson & Johnson, TJX et Morgan Stanley.

Les chiffres

Hier on notera tout de même que les chiffres de l’immobilier étaient moins pires que prévu et que cela « rassurait » un peu. Et que le PPI allemand est sorti à 28% et des poussières, démontrant que c’était moins pire que le mois dernier. Aujourd’hui, nous aurons le climat de consommation en Allemagne, le bulletin de la BNS, les nouvelles demandes d’hypothèques, les inventaires pétroliers et la confiance du consommateur aux USA.

Pour l’instant les futures sont en hausse de 0.5% grâce aux chiffres de FedEx et de Nike et puis pour le reste, je reste convaincu que l’on n’a plus trop envie. D’ailleurs, puisque plus personne n’a envie, je vais donc éteindre mon clavier et changer d’air. Investir.ch va fermer ses portes jusqu’au 4 janvier – parce que c’est pas toujours facile de faire tout ça en se levant aux aurores et en écrivant même pendant les vacances !

Je voudrais prendre cette opportunité pour vous remercier tous. Merci tous d’avoir été là, si nombreux tous les matins – même si des fois, ça n’a pas été facile – donc merci à toi lecteur, merci à vous sponsors, qui nous accompagniez chaque année avec fidélité, merci aux bourses mondiales de me donner autant de choses à raconter tous les matins et j’espère vous retrouver encore plus nombreux l’an prochain pour ma dix-huitième année de chroniques boursières ! Je vous souhaite de bonnes fêtes, profitez bien, et on se voit en 2023 !

Si tout va bien !

Thomas Veillet
tv@investir.ch

« Don’t be afraid to give up the good to go for the great. » -John D. Rockefeller