Oui, je sais, mon titre de ce matin est complètement débile. Mais en fait, c’est en lisant la presse de la nuit que je suis tombé sur ce morceau de phrase alambiquée qui ne veut strictement rien dire. Alors oui, je l’ai sortie de son contexte, mais ça démontre bien que l’on ne sait plus quoi dire, ni quoi faire. Les marchés européens sont en train de perdre pied et plus personne ne veut du luxe que l’on s’arrachait en première partie d’année, les supports se volatilisent et les révisions de target pleuvent. Le marché ne voulait pas baisser il y a dix jours et aujourd’hui, on cherche la moindre raison pour lui taper dessus. Au moins, aux States on a stoppé la série à la baisse.
L’Audio du 26 septembre 2023
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On s’autorise à penser
Je me permets de revenir à mon titre, j’ai trouvé ça absolument mythique parce que la phrase en elle-même donne l’impression que l’on n’a AUCUNE idée d’où l’on va et encore moins de ce que l’on cherche. Pourtant le message de la FED était très clair la semaine dernière :
1) On va garder les taux élevés pour faire baisser l’inflation
2) On va les garder élevés tant que l’inflation ne baisse pas
3) On va même les monter encore un poil si l’inflation refuse de baisser
4) Quoi qu’il arrive on va aller chercher ces 2% d’inflation
5) Arrêtez de nous prendre la tête avec les « baisses de taux à venir », ça n’est pas le sujet, la priorité est de faire baisser l’INFLATION.
6) Qu’est-ce que vous n’avez pas compris dans les mots : « NOTRE OBJECTIF EST DE FAIRE BAISSER L’INFLATION ??? »
Hier encore, nous avons eu droit à plusieurs membres de la FED qui étaient en concert pour nous chanter le tube de l’année « I want to see the inflation going down before moving my ass on the other side ». Grosso modo, je ne sais pas ce que l’on refuse de comprendre, mais le message était plutôt clair et on a l’impression que les intervenants sont en train de chercher le mot de code qui est à l’intérieur du discours de Powell, mot de code qui veut dire : « non, non, en fait je vais baisser les taux en décembre » – ce qui pourrait nous rassurer violemment. En tous les cas, pour le moment, les marchés sont en chute libre.
Le coup de frein temporaire
Même si hier soir les indices américains ont réussi à terminer en hausse pour je-ne-sais-quelle-raison. Selon les experts c’est parce qu’Amazon a investi 4 milliards dans une boîte qui fait de – je vous le donne en mille – de l’intelligence artificielle. Mais aussi grâce à la hausse du secteur de l’énergie, car même si le pétrole ne monte plus, on a le patron d’une entreprise qui fait du « shale oil », Doug Lawler qui est le CEO de Continental Resources, qui vient de nous annoncer que – selon lui – le baril pourrait aller à 150$ si les Saoudiens et les Russes ne font pas « quelque chose » pour y remédier. Je pense que les Russes auront à cœur de donner un coup de main aux Américains avec tout le pognon qu’ils distribuent à l’Ukraine, j’imagine même que Poutine pourrait s’amuser à couper encore la production cet hiver. Bon, en même temps je ne vois pas pourquoi ça pose problème si les Russes coupent la production, on n’a pas le droit d’acheter leur pétrole – à moins qu’on nous ait menti. Ce qui serait quand même peu probable.
Bref, hier les USA parvenaient à stopper leur série de séances à la baisse en se racontant des films sur le baril et en constatant que les investissements dans l’intelligence artificielle ne rapportaient plus autant qu’avant sur la performance immédiate, puisque l’annonce d’Amazon faisait monter le titre de 1.7%, pas de quoi se frotter le corps avec des actions Nvidia en s’arrosant de champagne millésimé. Par contre en Europe c’était moche. Le DAX et le CAC sont en train de se retrouver dans la même situation critique et technique que le secteur luxe il y a trois semaines. Le secteur du luxe a complètement lâché et la théorie du Chinois qui débarque en France avec des valises de cash pour les filer directement à Bernard Arnault, n’est plus vraiment à la mode. Hier il y a même l’analyste de Bank of America qui a downgradé Kering sur « sous-performer » rabaissant son objectif de 600 Euros à 430 Euros – c’est courageux parce que le titre se traite actuellement à 439 Euros et qu’il ÉTAIT à 600 en avril. Tout le secteur luxe s’est fait démonter dans le sillage de Kering et lorsque l’on regarde le graphique d’Hermès, on se dit que l’on a déjà vu des blessures par balles sur un champ de bataille qui avaient l’air plus jolie qu’Hermès. Du côté du DAX, il a fini au plus bas que les plus bas du mois de juillet. Pas certain que ça soit un signe de bonne santé, sans compter qu’une DEATH CROSS est en train de se former.
Ambiance de funérarium
On ne peut donc pas dire que ça soit la meilleure période de l’année du côté des indices boursiers. Il est vrai que le rendement du 10 ans qui offre plus de 4.5% est de plus en plus attirant. Ce qui est marrant, c’est de constater que tout le monde se fout du rendement du 10 ans quand il est à 4.49% – mais par contre à 4.5% c’est un « life changer ». C’est comme les Migros Data, tu ne sais pas ce qu’il se passe dans la boîte de conserve le 30 septembre à minuit, mais une chose est certaine, le 1er octobre, elle est devenue aussi comestible qu’une huître qui serait venu à pied depuis la côte Atlantique jusqu’à la place du Molard.
Et puis alors il faut encore que je vous parle du pétrole. Il y a donc le patron de Continental Resources qui a franchi la limite en annonçant un baril à 150$. Il faut savoir que c’est en général quand quelqu’un vient annoncer un target à trois chiffres que le pétrole commence à baisser. En général c’est Pierre Andurand – le Hedge Fund Manager français – qui l’annonce, mais là il s’est fait prendre de vitesse. D’ailleurs il est hilarant de constater qu’hier on nous annonce un baril à 150$ et que le WTI – qui est au-dessus des 90$ depuis plusieurs jours – choisit exactement cet instant pour passer SOUS les 90$. Mais que l’on se rassure, même si le baril devait rester fort, ça n’est pas un problème. En ce début de semaine, Goldman Sachs nous l’a expliqué longuement, la récente hausse de 20% sur le baril ne devrait pas poser de problème au consommateur, puisque selon les experts, la facture d’électricité devrait baisser cet hiver. En conclusion, c’est pas que vous aurez plus d’argent pour profiter de la vie, vous devrez juste redistribuer vos revenus différemment. Mais du coup, on est rassuré, le baril peut monter si l’électricité baisse. Ouf, quelle chance de vivre dans un monde parfait à ce point. Ce matin le baril est à 89.29$ et j’attends avec impatience l’avis des experts sur le TARGET évident du baril. J’invite à manger le premier stratège qui nous annonce un baril à 300$ dans les deux semaines !!!
En Asie
Ce matin, il faut reconnaître que nous nous sentons un peu fébriles. Les intervenants sont inquiets des contours très précis de la politique monétaire de la FED et commencent à flipper au sujet du SHUTDOWN à venir du gouvernement américain. D’ailleurs, à ce propos il est intéressant de noter qu’historiquement, il y a eu 14 « SHUTDOWNS » du gouvernement depuis 1980. À chaque fois (ou presque) le marché n’a rien fait. Mais il est arrivé que ça remonte fort UNE FOIS QUE LE PROBLÈME fût résolu. Actuellement, il est plus que probable que le gouvernement ferme ses portes le 1er octobre, puisque que MÊME les Républicains ENTRE EUX ne sont pas d’accord. Par contre, ça ne devrait pas trop impacter les bourses.
Pour le moment, ça n’est pas ce que pense l’Asie. Ce matin les craintes sur les taux PLUS les craintes sur le SHUTDOWN font que l’ensemble des indices asiatiques sont en baisse. Hong Kong et Tokyo reculent de 0.84% – et la Chine abandonne 0.33%. Et le pessimisme continue d’augmenter dans la région. L’or est à 1932$ et le Bitcoin est à 26’374$.
Les nouvelles du jour
Pour ce qui est des nouvelles du jour, on notera que Tesla a stoppé sa série baissière après avoir annoncé son intention d’ouvrir une usine de batteries en Inde. Les intervenants étaient euphoriques à l’idée de voir que Tesla se dissociait des États-Unis et de son monde automobile qui, de toutes façons, est toujours en grève. L’analyste de l’UBS a downgradé le price target de Peloton de 8$ à 4$. En même temps, quand ça vaut plus rien, ça vaut plus rien. Le titre termine au plus bas de son histoire et sur sa pierre tombale, on pourra noter qu’en janvier 2021 – ça valait 178$ et que tout le monde trouvait cool de faire du vélo devant sa télé avec un groupe d’amis à l’autre bout du monde. Autre signe de fatigue des marchés ; les IPO’s. Alors qu’il y deux semaines on se tapait dans le dos parce que la mise en bourse d’ARM, Instacart et Klaviyo s’étaient bien passée, aujourd’hui on se rend compte qu’Arm est sous son prix d’émission et que les deux autres sont exactement dessus. Même le dix ans offre un meilleur rendement.
Au chapitre COVID, alors que l’on ne parle plus du nouveau variant qui était indétectable et hyper-transmissible – bon, il faut dire que Pfizer et Moderna ont rapidement trouvé un vaccin magique – on apprenait hier que la pilule antivirale de Merck, le Molnupiravir – pouvait causer des mutations du virus et contaminer d’autres personnes. Personnellement, j’espère que les mutations en question seront du type Wolverine avec le squelette en adamantium et les griffes qui poussent sur commande, parce qu’autrement, ça n’a pas l’air très cool comme médicament.
Côté chiffres
Comme nous cherchons « les contours exacts de la politique de la FED », je ne suis pas certain que ça soit avec les chiffres d’aujourd’hui que nous y verrons plus clair, mais notons tout de même qu’il y aura les nouvelles ventes de maisons et la Confiance du Consommateur qui, je le rappelle, était toute pourrie le mois dernier. Puisque l’on est ici pour donner des chiffres, notera que les supports sur le S&P500 se trouvent entre 4’150 et 4’220 – une fois atteints, on pourra peut-être parler de rebond.
Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.3% aux USA et le rebond d’hier est – techniquement – déjà effacé. Passez une excellente journée et on se revoit demain pour faire le point et attendre le PIB américain qui va sûrement nous changer la vie avant le PCE de vendredi et les chiffres de Nike jeudi.
Soyez forts et à demain pour une version courte, parce que je serai en balade en Suisse. ET POUR CEUX QUI SONT INTÉRESSÉS PAR L’ANALYSE TECHNIQUE ET LES VAGUES DE WOLFE, N’HÉSITEZ PAS À ASSISTER À CETTE CONFÉRENCE GRATUITE : Ce soir à Zürich et demain on-line.
Thomas Veillet
Investir.ch
“You are never too old to set another goal or to dream a new dream.” —C.S. Lewis