Généralement, quand j’écris ces chroniques le lundi matin, c’est plus compliqué que les autres jours parce qu’il y a le week-end qui se termine et à moins que les Américains aient déclaré la guerre à la Chine ou que Biden soit tombé en vélo, il n’y a pas grand-chose à dire et je suis obligé de broder pour trouver un ou deux stratégistes qui ont fait de belles prévisions pour donner l’impression qu’on ne s’est pas lugé tout le week-end. Mais les mardis après les lundis qui sont fériés aux States, c’est encore pire. C’est encore pire parce que les Européens sont venus au bureau en se disant « Ouais nous on n’a pas besoin des Ricains » et puis y a pas de volume et on rentre à la maison.
L’Audio du 5 septembre 2023
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Du coup, je brode
Je me retrouve donc mardi matin avec le sentiment d’être encore lundi et comme je suis « comme tout le monde », je déteste les lundis, j’ai donc droit à deux jours dans la semaine ou j’ai l’impression qu’hier c’était dimanche. Sauf qu’hier c’était pas dimanche, c’était lundi. Les marchés européens étaient ouverts. Ils n’ont rien fait, mais ils étaient ouverts. Pour se donner bonne conscience les intervenants se sont donc repassé le film des non-farm payrolls de vendredi et en ont tiré les MÊMES conclusions que vendredi dernier ; la FED ne devrait plus monter les taux « en tous cas jusqu’à décembre » et puis ensuite on a attendu la fin de la journée en se disant « j’aurais quand même eu meilleur temps de rester coucher et l’année prochaine je prends congé quand les Ricains sont pas là ». Tout en sachant que l’année prochaine on se dira (en gonflant) la poitrine : « Ouais, nous on est des bonhommes, on n’a pas besoin de Wall Street pour faire du volume et faire bouger les marchés, alors on va quand même venir au bureau !!! ».
Le CAC40 a baissé de 0.24%, le DAX reculait de 0.10%, Milan plongeait de 0.01%, l’Espagne a abandonné 0.35% et la Suisse baissait de 0.19%. Pour donner un exemple, à l’intérieur du SMI hier, sur 20 titres, il y en a 4 qui bougeaient de plus de 1% et tout le reste était coincé entre 0 et 0.9%. Personnellement, j’ai connu des séances de management qui étaient bien plus passionnantes que ça dans la dernière banque où j’ai travaillé. Et pourtant je dormais tout le temps, tellement c’était chiant. Bref, il ne s’est rien passé hier mais on est tous d’accord pour dire que les chiffres de l’emploi de vendredi sont rassurants. Enfin, rassurants dans le sens qu’ils baissent et que la FED ne sera pas encouragée à monter les taux. Mais concrètement, ça veut quand même dire que l’économie ralenti et que quand l’économie ralenti, c’est quand même bien qu’elle ne ralentisse pas trop sinon on se rapproche d’une récession et après on va paniquer. Mais pour le moment, tout va bien, l’emploi ralenti et c’est bien. On aura au moins retenu ça de la séance d’hier.
La Chine est montée, si, si…
Hier le seul marché qui semblait vivant, c’est la Chine. Mais c’est une situation particulière. On sait que l’économie chinoise est cliniquement morte, mais le fait que l’on ait pu trouver des solutions pour repousser les échéances obligataires de Country Garden, était plutôt rassurant et démontrait que les instances supérieures de la nation avaient l’intention d’aider le pays à se redresser – alors attention, ils n’ont rien dit dans ce sens, il n’y a que nous qui frottons la lampe du génie en espérant qu’un miracle en sorte. Un miracle made in China – après si l’on revient sur l’affaire Country Garden qui a fait monter Hong Kong de 2.5% et Shanghai d’un peu plus de 1%, on peut quand même se demander si ce n’est pas reculer pour mieux sauter, mais c’est sans doute mon esprit négatif qui pèse sur mon analyse des choses.
Mais je me dis que vu la taille de l’endettement, tu peux repousser les échéances tant que tu veux, la seule chose qu’il faut espérer c’est de réussir à les repousser assez loin pour peut-être mourir avant l’échéance, ça évitera de se prendre la tête avec une obligation en défaut dans le portefeuille. Surtout que l’on a bien vu ce matin, Hong Kong reperd déjà la plupart du terrain gagné hier, la Chine aussi et on « espère » déjà un prochain stimulus. En fait, je suis en train de me demander si c’est très bien comme stratégie : attendre qu’un pays soutienne son économie pour investir, tellement l’économie n’arrive à pas à se suffire à elle-même. Mais bon, là n’est pas le sujet. Ce matin nous sommes mardi et c’est comme un lundi et en plus, pour les Genevois, ça sera férié jeudi pour une sombre histoire de tarte aux pruneaux.
L’Asie, le pétrole et les autres
Ce matin l’Asie se replie donc après la séance d’hier. Bah oui, c’est pas tous les jours que Hong Kong monte de plus de 2%, alors faut bien prendre les profits, surtout que l’on a une vision à 12 minutes comme depuis des mois. Le Japon est aussi en baisse de 0.21%, mais c’est encore le seul graphique qui donne un peu d’espoir. Le reste est profondément déprimant. Presque aussi déprimant que le Bitcoin qui se traîne lamentablement sous les 26’000 et qui donne l’impression qu’il attend un miracle à la chinoise pour avoir au moins une séance de hausse. Mais pour l’instant rien à l’horizon, même Musk ne parle plus du Bitcoin, il est trop occupé à faire des « tweets » depuis les toilettes (c’est lui qui le dit).
Du côté du pétrole, ça à l’air d’être du solide et il ne veut pas baisser. Là aussi, les Américains n’étant pas là, il n’a pas bougé des masses et se maintient au-dessus des 85$. Je voudrais juste rappeler encore une fois que la dernière fois que le baril à fait une Golden Cross sur le graphique (croisement des moyennes mobiles 50 et 200 à la hausse), le pétrole était passé de 41$ à 129$ en moins de deux ans. Alors bien sûr, ça ne veut pas dire que cela va se produire, mais imaginons un instant que le baril aille titiller les 90$… Imaginez l’ambiance de folie que cela pourrait donner… Pendant ce temps, l’or ne fait plus grand-chose et mis à part briller en société, je ne vois vraiment pas quoi en faire là tout de suite.
Le « September Effect »
Comme nous sommes au début du mois de septembre, que le mois d’août n’a pas été des plus EXTRAORDINAIRE, tout le monde est de sortie avec leurs statistiques et leurs opinions pour le mois en cours. Alors pas besoin de vous faire un dessin, le mois de septembre est traditionnellement un mois de merde et pas qu’à cause du fait que l’on doit accepter le fait que l’été est derrière, que l’automne est une saison pourrie et que la neige n’est pas encore là. Non, le mois de septembre c’est aussi le mois où Lehman Brothers a capoté et aussi le mois qui a vu le 11 septembre, sans parler du fait que nous sommes en plein dans le mois du « September Effect » – et que, comme par hasard, le « september effect » tombe en septembre. Si c’est pas un coup des illuminatis, je ne sais pas ce que c’est.
Trêve de plaisanteries ; c’est quoi le « September Effect » ???
• Depuis 1950, le Dow Jones a baissé en moyenne de 0,8 %, tandis que l’indice S&P 500 a baissé en moyenne de 0,5 % au cours du mois de septembre.
• L’effet septembre est une anomalie du marché, qui n’est pas liée à un événement ou à une nouvelle particulière.
• L’effet septembre est un phénomène mondial ; il n’affecte pas seulement les marchés américains.
• Certains disent que les gros fonds bouclent leurs périodes fiscales à fin septembre et en profitent pour prendre quelques profits.
• Statistiquement, si vous avez shorté le marché en septembre depuis 1945, vous auriez gagné de l’argent. Mais si vous aviez commencé en 2014, ça aurait moins bien fonctionné.
Bref, tout ça pour dire que chaque année, c’est comme ça, on s’inquiète du mois de septembre et puis des fois ça va et des fois ça va pas. Le Nasdaq monte 52% du temps au mois de septembre, ce qui veut dire que les 48% du temps qui reste, il baisse. En gros on est sur du 50/50, le bon taux de réussite standard du monde de l’investissement. Du coup, je ne suis pas certain qu’il faille complètement se liquéfier de stress à l’aube de ce nouveau mois.
Les nouvelles du jour
Du côté des news du jour, c’était aussi Labor Day dans le monde. On notera cependant que Kim Jong Un va se rendre en Russie pour discuter ventes d’armes avec Vladimir Poutine. Les Américains sont super-fans. Pendant ce temps, la première dame américaine a été testée positive au COVID, mais pas le Président. Bon, en même temps, il ne sait pas trop qui est cette dame qui a le COVID et qui dort avec lui, mais il est négatif quand même. En Chine, le PMI est sorti nettement en-dessous des attentes à 51.8 contre 53.6. L’Australie attend sa décision sur les taux d’intérêts, même si tout le monde semble convaincu que ça ne bougera pas encore cette fois.
Côté chiffres, il y aura les Factory Orders et il y aura Madame Lagarde qui parlera. Encore. Et toujours pour dire la même chose. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.11% et la passion pour les marchés boursiers va pouvoir reprendre avec le retour des Américains.
Il me reste à vous souhaiter une très belle journée et on se retrouve demain avec un peu plus de « gras » à mettre dans la chronique, vu que la semaine a VRAIMENT commencé. Et puis s’il y a rien à dire, c’est pas grave, je vous mettrai la recette de la tarte aux pruneaux.
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“If you want to test your memory, try to recall what you were worrying about one year ago today.”
– E. Joseph Cossman