Il aura fallu 25 jours pour passer 1'000 points de plus au Dow Jones. 25 jours pour passer de 37'000 à 38'000. C’est un des mouvements les plus rapide de l’histoire. Bon, en même temps, c’est plus facile de passer de 37'000 à 38'000 que de 1'000 à 2'000. Question de pourcentage. Mais peu importe, ça excite les intervenants et ça faisait au moins un truc à se raconter en attendant la publication des trimestriels qui vont vraiment démarrer aujourd’hui. Néanmoins, de nouveaux records historiques ont été battus – ENCORE UNE FOIS – et le marché est bien plus préoccupé de savoir quand est-ce que le S&P500 atteindra les 5'000 points que de connaître la date de la première baisse des taux de 2024.

L’Audio du 23 janvier 2024

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Earnings

Le maître mot de ces prochains jours sera probablement le mot « publications trimestrielles ». Oui, je sais ça fait deux mots, mais peu importe, c’est ce dont on va parler – en espérant qu’il n’y aura pas de catastrophe. À voir ce qui est sorti jusque-là, ça devrait bien se passer. Il sera cependant très important de voir un peu ce qui se dit sur « l’avenir » à l’intérieur même des sociétés qui font l’économie. Nous les experts on a tous un avis, mais quand c’est le CEO de telle ou telle boîte qui dit que les prochains mois vont être faciles – ça n’a pas tout à fait la même saveur.

Hier les marchés ont donc continué leur marche en avant, histoire de rester sur la tendance et de ne pas gâcher la fête. Il ne s’est pas passé des masses de choses, puisque l’on attend surtout Netflix ce soir et en attendant, on s’est contenté de faire des additions et des soustractions sur certaines valeurs, en espérant que les Magnificent Seven tiennent le choc ces prochains jours. Oui, non, parce qu’on a refait les calculs et on s’est rendu compte que si Microsoft, Apple, Google, Amazon, Meta, Tesla et Nvidia se cassent la figure, ça ne sera pas simple niveau performance du mois. Pour ce qui est de Tesla, on devrait être fixé mercredi soir, mais pour le reste, va falloir patienter encore une bonne semaine.

Take-over

Alors que l’on cherche des raisons de rester motivés en attendant d’en savoir plus et que l’on se contente simplement de battre des records, il y a tout de même eu deux choses un peu spectaculaires qui valent la peine d’être mentionnées. Tout d’abord, il y a la Française des Jeux qui a décidé de lancer une OPA sur Kindred Group en Suède. Alors oui, présenté comme ça, vous allez me dire : « oui mais c’est quoi ce truc et qu’est-ce que ça change ? ». Il faut savoir que Kindred Group, c’est ceux qui détiennent UNIBET. Alors perso, je ne fais pas de paris sportifs, la bourse me suffit amplement, mais FDJ a décidé de faire une offre de 2,6 milliards d’euros, soit 130 couronnes suédoises par action Kindred, (ce qui nous fait une prime de 24%). Pour l’instant on sent une certaine réticence puisque le titre ne prenait que 16.5%. Si le deal se finalise, cela devrait créer une des plus grandes sociétés du secteur en Europe.

Autre sujet un peu spectaculaire du jour, c’est Archer Daniels qui était sous les feux de la rampe hier, puisque le géant de l’agroalimentaire a annoncé la mise en congé administratif de son directeur financier dans le cadre d’une enquête sur la comptabilité de son segment nutrition. C’est toujours assez rassurant de savoir que l’on soupçonne le CFO d’avoir magouillé la compta. Archer Daniels se retrouve aux niveaux qui étaient les siens en 2021, le titre a perdu 25% hier soir et est en baisse de 47% depuis les plus hauts historiques de 2022. Ils auraient peut-être dû faire de l’intelligence artificielle, ça semblait plus rentable avec le recul. Mais peu importe, à la fin de la journée, la plupart des indices du monde étaient en hausse et rien ne semble pouvoir empêcher la marche en avant des bourses mondiales, ni les chiffres économiques, ni la perspective de voir baisser les taux plus tard que prévu, ni le fait que les problèmes que la FED doit régler, ne sont toujours pas réglés.

Les banques centrales à la barre

Cependant, nous allons pouvoir aborder le sujet des taux, de l’inflation et des banques centrales dans les jours qui viennent et c’est un soulagement, parce que ça fait quand même un bon moment qu’on n’en n’a plus parlé. Style ; 48 heures. Dès cette après-midi, nous aurons la publication du PIB US – ce qui devrait nous permettre de tirer des plans sur la comète en ce qui concerne l’économie américaine et peut-être spéculer à nouveau sur une date pour la première baisse des taux.

Mais c’est surtout jeudi que l’on va commencer à remettre du banquier central sur le métier, puisque la BCE se réunira après un long week-end de ski à Davos, histoire de venir nous répéter ce qu’ils ont déjà dit au sujet des taux la semaine dernière. Ça n’est pas certain que cela nous fasse plaisir, mais comme il faut généralement nous expliquer longtemps pour que l’on comprenne, ça sera assez sympa de revenir sur le sujet de la baisse des taux quand même. Enfin, bref, peu importe. En attendant, les indices américains sont au plus haut de tous les temps et, ah oui, j’ai oublié de vous dire : Nvidia a ENCORE clôturé en hausse. Pas au plus haut de la séance, mais quand même. Le titre magique fonctionne encore.

L’Asie

La Banque du Japon a maintenu ses taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas ce matin en revanche, elle a légèrement abaissé ses perspectives d’inflation pour l’exercice 2024. La BOJ a laissé ses taux d’intérêt à court terme à -0,1 % et a déclaré qu’elle maintiendrait son « mécanisme de contrôle de la courbe des rendements » en permettant une fluctuation de -1 % à 1 %, avec un objectif de 0 %. On sent que c’est super-excitant comme métier, banquier central au Japon. Du côté de la Chine on fait mine de vouloir arrêter de baisser. À Hong Kong le Hang Seng rebondissait de plus de 2% dans le sillage d’une rumeur qui laisserait supposer que le gouvernement prévoit de prendre des mesures supplémentaires pour soutenir les marchés. La Chine reste néanmoins dans le rouge, puisque Shanghai est en baisse de 0.33%.

Du côté du baril, le WTI est à 74.64$ et semble vouloir tenter une cassure à la hausse. Ce qui tomberait bien à l’aube des réunions des banques centrales qui sont préoccupées par l’inflation. L’or est à 2029$ et le Bitcoin vaut 40’000$. On attend toujours le « coup de boost » donné par les ETF’s. Mais pour le moment, on ne voit rien venir.

Pour le reste

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que les Américains et les Anglais ont recommencé à tirer sur les rebelles Houthis soutenus par les Iraniens. Ce qui aide probablement le pétrole à tenter la cassure à la hausse. Il y a également Christine Lagarde qui est victime d’un sondage qui a été fait parmi les employés de la BCE, le résultat est catastrophique, puisque son staff estime qu’elle ne fait pas un « bon job ». Ses ratings sont nettement en-dessous de ceux de ses prédécesseurs.

Autrement, en attendant l’avalanche des trimestriels on peut se pencher sur le récent rapport de l’UBS qui met en garde les marchés face au risque de correction majeur. Même si les indices sont au plus haut de tous les temps, les stratèges de la banque aux trois clés pensent néanmoins qu’il y a un risque de voir le S&P retourner à 3’700. Pour cela, il faudrait la conjonction de plusieurs choses. Trois pour être précis. Tout d’abord, il faudrait une bonne récession aux USA – on dit que la hausse des taux prend entre 6 et 12 mois pour faire tout son effet, ce qui laisserait à penser que l’éventuelle récession pourrait se pointer en seconde partie d’année. Ensuite, le second catalyste proviendrait du fait que l’inflation refuserait obstinément de baisser. D’où les taux qui resteraient élevés et la récession qui en découlerait naturellement. Puis, le troisième point serait géopolitique – je ne vous fait pas un dessin, mais entre Gaza, l’Ukraine, les Houthis et les tensions entre Taïwan et la Chine, ça ne sont pas les prétextes qui manquent. Quoi qu’il en soit, ces tensions géopolitiques seraient désastreuses pour le coût des transports et de l’énergie – ce qui aurait pour effet de renforcer le problème de l’inflation… Tout cela reste de la science-fiction, tout en étant assez logique.

Les chiffres du jour

Côté chiffres du jour, après les déclarations de la BOJ, nous n’aurons rien de plus en attendant le PIB US de demain. Par contre, niveau chiffres du trimestre, il y aura : Verizon, 3M, GE, Johnson & Johnson, Halliburton, Lockheed Martin et Procter & Gamble aux USA et avant l’ouverture de New York. Après la clôture, il y aura Intuitive Surgical, Netflix et Texas Instruments. Ça nous donnera au moins de quoi raconter des histoires demain.

Pour le moment, les futures sont inchangés et il me reste à vous souhaiter une excellente journée et je vous dis déjà :

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“To live is the rarest thing in the world. Most people exist, that is all.” —Oscar Wilde