Encore une fois, nous avons attendu Jerome Powell comme le Messie. Encore une fois on aurait mieux fait d’aller jouer au golf, parce que pour être très franc avec vous, ceux qui ont trouvé quoi que ce soit de « nouveau » dans les remarques du patron de la FED, sont vraiment des optimistes obsessionnels qui ne veulent pas admettre que Powell n’en sait pas plus que nous et avance avec une canne blanche et un labrador. Les taux vont baisser, oui, mais on ne sait pas quand ni de combien… Et apparemment, il n’y aura pas de récession mais un soft landing, mais c’est même pas sûr. Dire que je me suis levé pour lire ça dans tous les sens. Il y avait clairement mieux à faire.
L’Audio du 7 mars 2024
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Du réchauffé
Donc voilà. Hier Powell a parlé et personne n’a été surpris. Il n’y avait rien de neuf, ni rien de bien concret dans ce qu’il a dit. Le patron de la FED a confirmé pour la 824ème fois que le cycle de hausse des taux semblait être terminé (ce n’est toujours pas 100% certain). Il a confirmé qu’il aimerait bien que les taux baissent cette année si toutes les conditions sont réunies (inflation qui baisse, emploi qui se calme et économie qui va bien mais pas trop), mais par contre, il s’est refusé à donner un calendrier et de mettre des croix sur un agenda pour que l’on ait deux-trois pistes.
En résumé ; on n’est pas plus avancé qu’avant et ça n’est pas avec le remake qu’il va nous faire ce soir que l’on en saura plus, à moins qu’il ait consommé des drogues entre-deux et qu’il vienne se lâcher en nous donnant des indications top-secret en direct sur CNBC – mais j’avoue que je n’y crois pas trop. D’ailleurs le marché a compris qu’il n’y avait rien à attendre des deux témoignages du patron de la FED, que ce dernier attend plus d’infos et que comme ces infos ne sont pas encore sorties officiellement, il répète ce que l’on savait déjà et tente d’entretenir le suspense et la motivation des marchés qui – je le rappelle – ont tout de même déclenché un rallye démentiel depuis le début du mois de novembre et les commentaires du même Powell. Rallye qui était basé – au départ – uniquement sur le fait que les taux allaient baisser en mars 2024.
Si c’est pas dans les prix, je ne sais pas ce que c’est
Le monde merveilleux de la finance a donc entamé sa hausse stratosphérique depuis plus de quatre mois en se basant sur le fait que les taux allaient baisser. Personnellement, je ne suis pas économiste et encore moins mathématicien, mais je trouve que 25% de hausse pour anticiper trois baisses de taux qui n’ont toujours pas commencé et dont on ne sait pas trop quand elles arriveront – même Powell ne le sait pas à entendre ses mots d’hier soir – c’est quand même un joli bout de chemin et je commence à avoir très peur que le JOUR OÙ LA FED VA VRAIMENT baisser les taux, les marchés commencent à se péter la gueule sous prétexte que « C’ÉTAIT QUAND MÊME VACHEMENT DANS LES PRIX !!! ».
Bref, hier Powell il a parlé, on a écouté et puis on a acheté le marché, comme d’habitude. Comme d’habitude, parce que tant qu’on nous dit que les taux, ILS VONT BAISSER UN JOUR, ça suffit amplement à nous motiver pour acheter. Et puis en même temps, ça serait couillon d’aller short quand on vous dit qu’il y a encore de l’espoir. En revanche, moi j’ai un peu peur qu’un jour on en ait marre d’acheter parce qu’on se fait pipeauter sur les taux et qu’il n’y a jamais rien de concret qui vient. On nous a fait avaler que ça ne baissera pas en mars et on n’a pas bronché. On nous a fait admettre que ça ne va baisser pas en mai, là encore, c’était dur à faire passer, mais on l’a admis aussi. Aujourd’hui on est « PRESQUE » certain que ça baissera en juin, mais on a quand même le pot de vaseline qui reste à portée de main…parce qu’on ne sait jamais.
Trois fois
À l’heure actuelle, 51% des « EXPERTS » pensent que les taux vont baisser AU MOINS TROIS FOIS avant Noël et avant que le Bitcoin touche les 100’000$. Mais plus les mois passent, plus les chances de voir les taux baisser 6 ou 7 fois s’amenuisent – c’est pourtant là-dessus que l’on tablait encore le 31 janvier… Et si l’on regarde le calendrier des Meetings de la FED pour 2024 – une fois que celui de mars sera passé, il ne nous restera plus que celui qui sera à cheval sur avril et mai, puis juin, juillet, septembre, novembre et décembre. Ce qui nous fait au maximum SEPT BAISSES cette année. Tout en sachant déjà qu’il n’y aura rien en mars – je vous laisse faire le décompte.
Alors oui, je sais bien que la FED peut baisser les taux quand elle veut et cela, même en dehors des meetings officiels, mais c’est tout de même très rare. Il y a donc une bonne chance de voir le marché se fatiguer au fur et à mesure des mois qui vont passer SANS BAISSE de taux et plus on se rapprochera de juin et plus la fatigue va se faire sentir. Sans compter qu’entre deux, on va encore s’en farcir des « semaines qui vont tout changer et qui ne changent rien à la fin » et on va encore s’en farcir de PCE, des CPI et des NFP, tout ça pour brasser de l’air en attendant un nouveau discours de Powell qui est toujours le même depuis 5 mois. Bref, hier Powell il a parlé et on ne l’aurait pas écouté, ça n’aurait pas changé grand-chose à ce que l’on savait avant de l’écouter.
La hausse homéopathique
En résumé, les indices sont montés de manière homéopathique parce que soi-disant nous étions contents que Powell « laisse toujours planer l’espoir de voir baisser les taux ». Il y avait aussi les chiffres de l’emploi ADP qui étaient plus faibles que prévu et les JOLTS qui montraient qu’il y avait un peu moins d’offres d’emplois que le mois dernier. Tout cela était donc de bon augure pour la publication des chiffres de vendredi, les fameux Non Farm Payrolls. Le pétrole est monté légèrement parce que les inventaires sont bas – pendant un bref instant il est même repassé au-dessus des 80$, mais ne parvient pas à y rester pour le moment. Actuellement, il se traite à 79.07$. Le Bitcoin est de retour à 66’000$ et selon les experts, la correction de ces dernières heures – après avoir touché les plus hauts de tous les temps, marquait le début d’un nouveau Bull Market sur les cryptos – les plus chanceux ont donc eu 3 minutes hier pour racheter à 59’000$ – niveau que l’on ne reverra plus jamais. L’or est à 2164$ et le chef de guerre français n’a pas refait de remarques sur sa volonté d’écraser la Russie, en revanche son Ministre des Affaires Étrangères, Stéphane Séjourné a de très fortes opinions et de très fortes convictions sur le fait qu’il faut rapidement faire la fête à Poutine, on ne l’a pas encore vu en uniforme sur les plateaux télé, mais ça ne saurait tarder.
Ce matin l’Asie est 100% rouge, le Japon recule de 0.8%, la Chine baisse de 0.25% et Hong Kong abandonne un demi-pourcent. Au Japon, les vendeurs sont de sortie parce que l’on craint que la BOJ quitte le mode « taux négatifs » prochainement et pour le reste, on semble fatigué de voir que rien n’avance vraiment au sujet des taux. Il faut dire que dans le sillage des commentaires de Powell, il y a Kashkari de la FED de Minneapolis qui a déclaré, dans une interview, qu’il ne voyait pas baisser les taux plus d’une ou deux fois cette année. Et ça, on n’est pas fan. D’ailleurs les futures américains sont passés dans le rouge dès ces déclarations.
Nouvelles du jour
Dans les nouvelles qu’il faut retenir, il y a Palantir qui a décroché un gros contrat avec l’armée US. Ce contrat place l’armée dans le top 5 des clients de Palantir. Le titre a explosé de 10% sur la rumeur et de 7% de plus after close sur la confirmation de la rumeur. Il y a aussi New York Community Bancorp qui a levé un milliard de capitaux frais via une augmentation de capital. C’est la société de Mnuchin ex-patron du trésor US qui a fourni cet argent frais. C’est courageux, parce que personnellement, je me suis juré de ne plus jamais investir dans une banque qui fait du crédit ou une banque tellement grosse que même le management de sait pas exactement ce qui se passe dans certaines divisions. New York Community Bancorp a rebondi de 7.5% sur la nouvelle – sachant qu’elle valait 10$ en janvier, je ne sais pas si l’on doit se réjouir de la voir à 3.5$.
Pour le reste le monde entier se réjouit de voir le discours de l’état de l’Union qui aura lieu ce soir à Washington. Les observateurs s’attendent surtout à voir un discours sur l’état du Président plutôt que sur celui du pays. Les experts pensent que si Biden ne dit pas trop de conneries et s’il ne confond pas Kennedy et Kermitt la grenouille et Macron avec le Ronald McDonald, ça devrait rassurer les gens qui pensent qu’il peut rester encore 5 ans au pouvoir. En revanche, s’il donne l’impression qu’il ne sait plus comment il s’appelle et qu’il commence à menacer de débarquer en Normandie pour repousser les Allemands, cela pourrait créer un début d’angoisse au sujet de la stabilité politique US. Certaines voix ont commencé à s’élever pour dire que c’est Kamala Harris qui devrait se présenter et c’était même pas pour faire une blague. Il faudra donc se méfier de ce qui va se passer ce soir tout de même.
Et pour conclure
Et puis, il y a Dan Ives de Wedbush qui pense que Apple est un cadeau à ce prix-là, que l’on oublie qu’ils se lancent dans l’IA et qu’ils possèdent une des plus grosses bases de monétisation de la planète, sans compter que l’arrivée de l’iPhone 16 va déclencher une nouvelle vague de renouvellement. Alors oui, la Chine est un problème, mais sur les prochains trimestres, la société de Cupertino devrait avoir le vent dans le dos. Son objectif est toujours de 250$ – soit 47% plus haut. En même temps, si on veut aller à 6’000 sur le S&P500 avant Noël, on ne peut pas non plus compter QUE SUR NIVIDIA.. Tiens, d’ailleurs, Nvidia est au plus haut de tous les temps, comme tous les jours.
On retiendra également que Milton Berg, une des stars de l’analyse technique aux USA, estime que nous sommes dans le Titanic et que l’on se rapproche d’un iceberg pendant que tout le monde est en train de danser dans le grand salon. Selon lui, les indicateurs sont en train de tourner au rouge et il est plus que probable que le marché se plante de 60% ces prochains mois. On peut souhaiter qu’il se trompe. Mais certains de ses arguments tiennent la route. Il y a aussi l’infatigable Roubini qui nous a trouvé un nouveau DANGER LE PLUS IMPORTANT POUR LES MARCHÉS ET L’ÉCONOMIE. Danger qui prendrait la forme d’une élection de Donald Trump au poste de Président. C’est drôle, parce qu’on nous a vendu exactement la même salade il y a 7 ans lors de sa première élection et le marché a explosé derrière. Pour le reste, on attend les factory orders en Allemagne, le Trade Balance aux USA, ainsi que les Jobless Claims et Powell 2.0 qui va RE-témoigner pour ceux qui n’ont pas compris la première fois.
Les futures sont donc en baisse de 0.14% et il me reste à vous souhaiter une très belle journée. Je vous donne rendez-vous demain au même endroit et à peu près à la même heure !
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“The list of qualities (an investor should have) include patience, self-reliance, common sense, a tolerance for pain, open-mindedness, detachment, persistence, humility, flexibility, a willingness to do independent research, an equal willingness to admit mistakes, and the ability to ignore general panic.” Peter Lynch