Il existe peu de sujets plus fréquents dans tous les médias que la « transition énergétique ». On nous rappelle sans cesse que la planète se réchauffe et qu’il faut cesser d’utiliser les « énergies fossiles », qui constituent désormais la grande majorité des sources d’énergie utilisées aujourd’hui. Mais la consommation d’énergie n’est pas une consommation comme les autres, plus ou moins « facultative ». Nous pouvons nous passer du tabac, mais nous ne pouvons pas nous passer de l’énergie et poursuivre notre civilisation.
Par Prof. Carlos Jarillo, Cofondateur de SIA Funds
La figure 1 montre la richesse de l’humanité au cours des deux mille dernières années. Nous voyons clairement que la croissance économique que nous considérons comme naturelle aujourd’hui n’est apparue qu’au XVIIIe siècle. Avant, nous faisions à peu près les mêmes choses, année après année, siècle après siècle.
La raison de ce décollage est relativement simple: on a appris à utiliser le charbon comme source d’énergie, en le transformant en travail grâce à la machine à vapeur. Du coup, on pourrait travailler plus de terre avec moins de personnes pour produire de la nourriture, on pourrait tisser le coton de manière «industrielle», on pourrait transporter les produits de cette industrie partout, gagnant ainsi en taille, des économies d’échelle et un surplus économique qui pourrait être réinvesti dans les nouvelles usines, les technologies et, finalement, dans tous les produits culturels auxquels nous sommes habitués. Le fait qu’aujourd’hui plusieurs milliards de personnes mènent des vies inimaginables (espérance de vie, santé, nutrition, éducation, etc.) il y a seulement trois siècles témoigne de la capacité de transformation de l’utilisation de l’énergie. Et ce n’est pas simplement une histoire du passé: on voit aujourd’hui la richesse d’un four augmenter à mesure qu’il consomme de l’énergie, comme le montre la figure 2.
Mais, nous le rappelle-t-on sans cesse, le climat se dégrade et nous devons modifier notre consommation énergétique. Le problème est que cette consommation est loin d’être uniforme à travers le monde. L’une des statistiques les plus frappantes à cet égard est que le réfrigérateur que nous avons chez nous en Suisse consomme à lui seul plus d’électricité que la consommation annuelle totale par personne des habitants de pays comme le Ghana, le Nigeria ou le Kenya. Ces populations ne vont pas simplement accepter de rester pauvres pendant qu’en Europe nous fermons des centrales nucléaires… et recommençons à brûler du charbon.
Le monde a besoin de bien plus d’énergie qu’aujourd’hui pour permettre à la majorité de la population d’accéder au niveau de vie dont nous jouissons. Et cette population continuera simplement sur cette voie. Les besoins d’investissement dans tous les types d’énergie, en particulier ceux liés aux transports (pétrole) et à une électricité fiable (nucléaire, gaz), sont énormes et ne feront qu’augmenter, créant une excellente opportunité d’investissement à long terme.